Le 16/12/2021
L214 rend publiques ce jeudi 16 décembre de nouvelles images d’un élevage en cage de poules pondeuses* situé dans les Deux-Sèvres et appartenant au groupe Pampr'œuf. Ce groupe produit 1 milliard d'œufs par an, soit près de 20 % de la production nationale d’œufs vendus avec leur coquille.
Présentées par le magicien-humoriste Éric Antoine, ces images témoignent de la cruauté inhérente à l'élevage en cage des poules pondeuses, et révèlent la violence inouïe du ramassage des animaux pour l’abattoir à la fin du cycle de production. On y voit par exemple des employés shooter dans des poules comme s’il s'agissait de ballons de foot.
Vous pouvez consulter ici une vidéo qui atteste du lieu (élevage Pampr'œuf, site de Vallée Barbier) et de la date de tournage des images.
Dans cet élevage, près de 200 000 poules vivent les unes sur les autres dans des cages exiguës, sans jamais voir la lumière du jour. Leurs pattes reposent sur un sol grillagé. Certaines d’entre elles n’ont plus aucune plume sur le corps, d’autres sont à l’agonie et privées de soins ; d’autres encore sont mortes et laissées au milieu des déchets, ou dans les cages au milieu de leurs congénères, parfois jusqu’à un niveau de décomposition avancée. Une clôture électrique est installée dans les cages pour empêcher les poules de manger les œufs qui ont roulé à l’avant sur le convoyeur.
Durant la période d'élevage, 23 560 poules au total n'auront pas supporté ces conditions infernales et auront succombé avant l'envoi à l'abattoir (carnet de suivi de l'élevage). Cela représente un taux de mortalité considérable de 11,86 %. Preuve, s'il en fallait, des conditions extrêmement hostiles de l'élevage en cage pour ces animaux.
Les images montrent aussi les sévices que subissent les poules en fin de cycle, au moment de leur chargement pour l'abattoir. Dans le vacarme, les cris, mais aussi les rires, des coups violents sont portés aux animaux : coups de bâton et de pied, percussions contre les cages. Les oiseaux paniqués sont ramassés brutalement et tassés comme des marchandises dans des caisses de transport inadaptées. C’est la première fois que le chargement des poules pondeuses en cage est montré en France.
Éric Antoine et L214 réclament la fermeture de cet élevage et l’interdiction de l’élevage en cage des poules pondeuses, comme s’y était engagé Emmanuel Macron. De plus, ils demandent à Pampr’œuf de s’engager publiquement à cesser ce mode d’élevage, comme l’ont déjà fait la quasi-totalité des acteurs du secteur. Une pétition est en ligne sur le site de L214 pour soutenir ces demandes.
En plus des violences extrêmes dans la manipulation des animaux, les infractions à la réglementation sont multiples : non-conformité des installations (absence de litière, de mangeoires conformes et parfois de grattoirs), absence de soins, poules mortes (en état de décomposition avancée) laissées dans les cages, conditions de chargement et de transport non conformes aux réglementations européennes en vigueur.
Face à ces infractions, l’association porte plainte pour mauvais traitements et pour actes de cruauté contre le groupe Pampr'œuf, auprès du procureur de Niort, et dépose une plainte auprès de la Commission européenne pour l’usage de cages non conformes.
Pampr’œuf se démarque des autres grands producteurs d’œufs en étant le seul à ne pas avoir publié d’engagement officiel excluant l’élevage en cage de l’ensemble de ses activités d’ici 2025. Quatre ans après les engagements de l’ensemble de la grande distribution et plus de deux ans après l’engagement du groupe Avril (numéro 1 de l’œuf en France), L214 demande à Pampr’œuf de rattraper son retard en tournant officiellement le dos à ce mode d’élevage. Aujourd’hui, 81 % des Français sont favorables à l’interdiction de l’élevage des poules pondeuses en cage (dont ruraux : 79 % ; Paris : 81 % ; gauche : 86 % ; majorité présidentielle : 86 % ; droite : 78 % ; RN : 79 %), selon un sondage IFOP de 2021 (source : Woopets).
→ Liste des entreprises engagées en France
Lors de la campagne présidentielle de 2017, Emmanuel Macron avait annoncé que les œufs de poules en batterie seraient interdits à la vente au consommateur d’ici 2022. Alors que cette promesse avait été réaffirmée quelques mois après l’élection, aucune action n’a encore été entamée par l'exécutif pour tenir cette promesse de campagne alors que la fin du quinquennat approche.
Pour Sébastien Arsac, cofondateur de l’association L214 : « Ce n’est malheureusement pas par un tour de magie que nous parviendrons à bannir l’élevage en cage des poules pondeuses. Les responsables politiques mais aussi les entreprises doivent agir et s’engager contre ces pratiques d’un autre âge. Pampr’œuf est le dernier grand producteur d’œufs à ne pas avoir publié d’engagement officiel à cesser l’élevage en cage pour la totalité de ses activités, contrairement à l’ensemble de ses concurrents directs. Pour mettre fin aux atrocités de l’élevage en cage, il est essentiel que Pampr’œuf s’engage publiquement pour la fin des cages. Le président de la République et les candidats à l'élection présidentielle de 2022 doivent quant à eux répondre à cette demande sociétale et organiser la sortie de ce mode d’élevage en fixant au plus vite son interdiction pour 2025. »
Contacts presse
Sébastien Arsac (sur place) : 06 17 42 96 84
Brian Mordasini : 06 21 79 46 31
* Images tournées en août et septembre 2021.
Lorsqu'elles ne sont plus assez productives, ici après environ 13 mois, les poules pondeuses sont envoyées à l'abattoir puis vendues pour leur viande pour environ 0,07 €/kg soit à peine 15 centimes une poule (cotations 2018-2019 indiquées par Les Marchés dans la « Synthèse valorisation de la viande de poules 2021 » de FranceAgriMer).
Sur 54 millions de poules pondeuses élevées en France, 24 millions seront transportées vivantes et abattues en Europe, parfois jusqu'en Pologne. La viande de ces poules dites « de réforme », plus foncée et plus ferme que celle des poulets dits « de chair », est 10 fois moins chère (0,85-0,90 €/kg vif pour un poulet standard) et trouve son principal débouché à l'export, notamment en Afrique subsaharienne (70 % des poules pondeuses élevées en France y sont consommées).
S'il existe d'autres débouchés pour la filière française, notamment dans le commerce de détail, la restauration hors domicile et collective, l'industrie agroalimentaire ou l'alimentation des animaux domestiques, l’accès à certains marchés est freiné par la « qualité sanitaire » de cette viande, dont la peau par exemple n'est jamais utilisée car « bactériologiquement trop chargée ».
Avec plus de 2 000 000 de poules pondeuses et poulettes (630 000 en nom propre et 1 500 000 en contrat), le groupe Pampr'œuf, créé en 1984, produit et commercialise aujourd’hui 1 milliard d'œufs par an soit 20 % du marché français des œufs coquille.
Alors qu’en France, de plus en plus d’entreprises, et notamment l’ensemble de la grande distribution, s’engagent à exclure les œufs de poules élevées en cage de leurs rayons ou de leurs préparations, Pampr’œuf n’a pas publié d’engagement pour la fin de la production et de la commercialisation des œufs de batterie d’ici 2025.
Même si une communication de la région Nouvelle-Aquitaine laisse entendre que Pampr’œuf se serait fixé cet objectif, seul un communiqué ferme et officiel provenant du groupe ou de son PDG Stéphane Nerault permettrait de s’en assurer.
→ Liste des entreprises engagées en France
En Europe, plusieurs pays ont déjà interdit l’élevage en cage des poules ou ont prévu de le faire. Ce mode d'élevage est déjà interdit en Suisse, au Luxembourg et en Autriche, tandis que l’Allemagne et la République tchèque ont respectivement voté une interdiction pour 2025 et 2027.
La France n'a malheureusement pas saisi l'opportunité de la loi EGAlim en 2018 pour voter l'un des nombreux amendements réclamant cette interdiction, le gouvernement s'y étant opposé systématiquement. Les députés ont adopté une loi interdisant la mise en place de nouveaux bâtiments, mais permettant la rénovation et la transmission des élevages en cage actuels.
→ Lire notre communiqué de presse au sujet de la loi EGAlim
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L214 est une association de défense des animaux. Depuis ses débuts en 2008, elle a rendu publiques plus de 100 enquêtes révélant les conditions d'élevage, de transport et d'abattage des animaux. Ces vidéos ont permis de révéler les pratiques routinières et les dysfonctionnements d'une industrie qui considère et traite les animaux comme des marchandises.
Forte de plus de 50 000 membres, suivie par plus de 750 000 personnes sur Facebook, L214 a notamment obtenu l'engagement de plus de 180 entreprises à renoncer aux œufs de poules élevées en cage et aux pires pratiques d'élevage et d'abattage des poulets élevés pour leur chair et la création d’une commission d'enquête parlementaire sur les conditions d'abattage des animaux. Participant activement au débat démocratique, L214 est régulièrement sollicitée par les médias pour son expertise, et revendique l’arrêt de la consommation des animaux et des autres pratiques qui leur nuisent.