« Animaux de compagnie : 62 millions d’amis », Marianne, 20 octobre 2017.
Corrélés à la place acquise par les animaux dans notre société, les débats récurrents liés à la consommation de chair animale poussent plus loin cette logique. Brigitte Gothière, présidente de l’association L214, y voit le signe d’une profonde évolution : «On arrive au bon endroit et au bon moment. Les Français se posent des questions sur ce qu’ils mangent, et plus précisément sur « qui » ils mangent. Nous livrons des réponses sur la face obscure de l’agriculture. Bien sûr, les gens savent que, pour manger de la viande, il faut tuer des animaux. Mais il y a une différence entre savoir et voir.» Ce discours rencontre un certain écho, et ceux qui le tiennent disposent désormais d’une force de frappe : avec 29 000 adhérents et un budget de 3 millions d’euros, L214 est présent dans plus de 40 villes de France, avec des groupes oscillant entre une dizaine de militants et 1 500 adhérents dans la capitale. «Les médias en parlent beaucoup, mais ce n’est pas grand-chose, s’emporte le philosophe Francis Wolff (4). Quatre-vingt-dix-huit pour cent de la population continue à manger de la viande, il faut le rappeler !» Même si cette consommation subit une baisse régulière, la proportion de Français enclins à y renoncer demeure faible, et surtout difficilement quantifiable. «Une récente étude donne des chiffres beaucoup plus élevés, nuance Brigitte Gothière, mais leur échantillon n’est pas très représentatif, et nous sommes plutôt réticents à l’utiliser.» Il n’empêche, les conversions se multiplient. «Quand j’ai vu les vidéos de L214, j’ai compris que je ne pouvais plus continuer», assure Alexandre, qui a adopté le régime alimentaire de sa compagne, végétarienne depuis ses 8 ans et aujourd’hui sur la voie du végétalisme.