« « Les éleveurs d’orylag à l’offensive contre leurs détracteurs » », Charente Libre, 30 janvier 2018.
Un dossier distribué aux journalistes épaissi de récents rapports d’inspection des services vétérinaires «démontrant que les accusations portées contre nous sont infondées» . Jean Boutteaud passe à l’offensive. En tant que président de la coopérative des éleveurs d’orylag et parce qu’il est personnellement visé par une plainte déposée par l’association animaliste L214.
Peu avant Noël, cette association avait posté une vidéo sur les conditions d’élevage de l’orylag, cette souche de lapin sélectionnée il y a vingt-cinq ans sur le site Inra du Magneraud et qui est exploitée par une poignée d’éleveurs de Charente-Maritime, à la fois pour sa viande premier choix et sa fourrure soyeuse, utilisée par les grands couturiers. Estimant avoir décelé des preuves de mauvais traitement animal, l’association a déposé plainte auprès les parquets de La Rochelle et de Niort.
«À notre tour de nous faire entendre. Ce sont des images volées alors que nous n’avons rien à cacher, des images tournées en pleine nuit, ce qui a provoqué le stress des lapins» , riposte Jean Boutteaud qui se dit au contraire «très soucieux de bien-être animal, seule condition de réussite dans ce type d’élevage de qualité, artisanal et non industriel, avec un cahier des charges contraignant ».
Où l’on apprend que ces lapins sont élevés deux fois plus longtemps que ceux d’élevage industriel, raison pour laquelle ils meurent en plus grand nombre (25 à 30 % de mortalité au lieu de 15 %). «Mais dans la nature, c’est 80 % des lapins qui meurent avant cinq mois.» On aura aussi appris que les éleveurs d’orylag ne les piquent pas aux antibiotiques – «Mais nous les vaccinons, les gens de L214 ont mal interprété leurs images.» – et même qu’au besoin, ils ont recours aux huiles essentielles et à la phytothérapie pour soigner leurs lapins. «C’est de l’artisanat, pas de l’intensif et de l’industriel. D’un même lapin, nous tirons la viande et la fourrure. Quand on sait qu’aujourd’hui la laine des moutons n’est même plus tondue et les peaux jetées, est-ce mieux? Les fourrures synthétiques issues du pétrole, est-ce mieux?», questionne Jean Boutteaud.
La coopérative des éleveurs d’orylag peaufine les arguments d’un futur dépôt de plainte. Elle veut défendre son image ternie, «pas auprès de nos clients qui connaissent bien nos méthodes, mais auprès de nouveaux prospects» . À leur tour, les éleveurs dénoncent l’intransigeance de végans, «qui ont le droit de se nourrir comme ils l’entendent, mais voudraient l’imposer à tout le monde».