Des corps de lapins morts au coeur de Paris
Le 27 mars, place du Trocadéro, à l’appel de L214, une centaine de personnes se sont mobilisées pour montrer ce qui est habituellement tenu à l’écart des regards.
Des corps de lapins morts dans les bras, elles sont venues témoigner de la violence inhérente à l’élevage.
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Voici le texte lu pendant l’action.
Voyez ces animaux dans nos mains.
Tous sont morts dans des élevages.
L’indifférence et le mensonge ont ruiné leur vie.
Nous sommes venus témoigner de ce que fut leur existence.
Pour eux, bien sûr, il est trop tard.
Pourtant, nous nous adressons à vous avec espoir.
Si vous n’avalez plus les mensonges, si vous secouez l’indifférence, il n’y aura plus de corps et de vies brisés comme les leurs.
Il y a quelques semaines, débutait le scandale des lasagnes au cheval.
Peu à peu, l’affaire poussait les médias à s’intéresser, de façon plus générale, à l’industrie de la viande.
Et les gens commençaient à sentir combien cette industrie est glauque.
Très vite, les pompiers habituels se sont efforcés d’éteindre l’incendie.
Professionnels de l’élevage, ministres, transformateurs, distributeurs, ont brandi un mot magique : le mot « traçabilité ».
Ils ont déversé dans les micros des odes à la transparence. « Le consommateur a le droit de savoir ! », clamaient-ils.
Le droit de savoir quoi au juste ?
Toute la vérité sur les conditions de production ?
Ah, non ! Ca, pour rien au monde !
Les ministres sont montés en première ligne pour glorifier la
transparence, tout en veillant à l’étriquer au maximum.
La traçabilité qu’ils allaient exiger haut et fort auprès de l’Europe, c’est celle qui permettra de connaître la provenance géographique de la viande.
La provenance géographique, rien d’autre.
Puis, des transformateurs et distributeurs ont fait les vertueux. Ils se sont engagés à n’utiliser que de la viande française dans leurs préparations.
Les éleveurs nationaux ont été fort satisfaits de cette décision.
Ces ajustements mineurs suffiront-il pour que les consommateurs retombent dans l’indifférence ?
Si oui, rien ne viendra déranger la banalité du mal.
Nous sommes ici pour que cela n’arrive pas.
Voyez ces lapins dans nos mains. Ils sont 100% traçables et 100% d’origine France.
La quasi-totalité des élevages professionnels français ressemblent à ceux dont ils proviennent.
Tous ces animaux y sont morts sans avoir vraiment vécu.
Ils n’ont jamais vu le soleil,
jamais senti le vent,
jamais goûté un brin d’herbe,
jamais couru ou bondi,
jamais pu se blottir dans un abri rassurant.
Chaque année, 40 millions de lapins comme eux sont tués dans des abattoirs garantis français et traçables.
Ils naissent de lapines inséminées artificiellement, encore et encore, 10 jours après chaque mise bas, jusqu’à épuisement total.
Ces mères, sélectionnées pour être prolifiques, donnent naissance à plus de lapereaux qu’elles ne peuvent en nourrir.
On élimine les petits en surnombre en leur fracassant la tête.
Certains meurent sur le coup. Les autres agonisent dans la caisse où on les a jetés.
Une fois sevrés, les lapins quittent les cages des mères, pour être entassés dans d’autres cages.
Ils sont plusieurs milliers dans un bâtiment.
Autour d’eux, il n’y a que du grillage. Sous leur pattes, encore du grillage.
Au menu, des granulés et, souvent, des antibiotiques.
Ils n’ont rien à faire de leurs journées, à part se blesser sur les grilles, devenir fous, et s’agresser les uns les autres.
Leur unique sortie a lieu à l’âge de 73 jours. On les fourre alors dans des caisses, et on les conduit à l’abattoir où ils seront égorgés.
Pendant la période d’élevage, les plus solides résistent tant bien que mal.
D’autres survivent dans une douleur permanente, à cause des blessures, des plaies nécrosées, des yeux infectés, des problèmes respiratoires ou digestifs.
Beaucoup meurent avant le terme fixé, comme ceux qui sont ici.
Un atelier d’élevage de lapins, c’est des rangées de cages métalliques et un ou plusieurs bacs remplis de cadavres.
Car, sur 100 lapereaux nés vivants, 20 meurent avant l’âge d’abattage.
Le sort de la plupart des animaux d’élevage est aussi cruel que celui des lapins. Ce sont d’innombrables vies qui sont dévastées comme les leurs.
En France, chaque année, on envoie un milliard de poulets, dindes, cochons, bovins, moutons, et autres animaux, se faire exécuter à la chaîne dans les abattoirs.
Des milliards de poissons sont tirés de l’eau et asphyxiés pour la consommation.
Tous ces animaux sont réduits à l’état de marchandises à rentabiliser le mieux possible.
Tous ceux qu’on fait naître dans les élevages, c’est avec l’intention de les tuer.
Dans ces conditions, quel poids croyez-vous qu’on accorde à leurs aspirations, sentiments, ou besoins ?
Et quel cas fait-on de leur volonté de vivre, quand ils sont, par destination, la matière première d’une immense boucherie ?
Soyez certains que l’industrie de la viande en France n’est pas meilleure qu’à l’étranger. Ici, comme partout, elle emprisonne, fait souffrir, mutile, et tue.
Ne vous laissez plus bercer par les musiques composées pour que les consommateurs consomment sans se poser de questions.
Restez en éveil.
Demandez-vous ce qu’il advient des chevreaux, veaux et agneaux qu’on fait naître pour prendre le lait de leurs mères.
Apprenez comment vivent les cochons, les dindes ou les saumons d’aquaculture.
Sachez comment agonisent les poissons capturés par les bateaux de pêche.
Quand on cesse d’avaler les mensonges, quand on se dépouille de sa carapace d’indifférence, on sent le vrai goût de la viande.
Qu’elle soit de bœuf, de cheval, de poisson ou de poulet… la viande a le goût de la détresse, de la douleur, de la peur, et de la mort.
Regardez ces animaux dans nos mains. Ils ressemblent à ces lapins sauvages que nous sommes heureux d’apercevoir parfois, au détour d’un bois ou d’un champ.
Quand nous avons la chance de croiser des lapereaux, nous les admirons comme les merveilles qu’ils sont. Et nous faisons bien attention de ne pas les effrayer.
Pourquoi personne n’a fait attention à ceux-ci ? Ni vu combien ils étaient beaux ?
Regardez-les. Ils sont semblables à d’autres animaux qui, eux, sont choyés dans des familles.
Ils auraient pu être des compagnons doux, espiègles et curieux.
On leur aurait donné des noms : Pomme, Bunny, Flocon, Noisette…
On leur aurait tendu des friandises.
On leur aurait construit un nid douillet et des parcours amusants.
On les aurait pris en photo avec les enfants.
Et au jour de leur mort, on les aurait pleurés.
Pourquoi personne n’a caressé, protégé, aimé, ceux qui sont ici ? Comment a-t-on pu leur faire tant de mal ?
La seule différence – mais elle change tout – c’est que ceux-ci, on les avait fait naître pour les conduire à l’abattoir.
Envers la viande sur pattes, il n’y a ni justice, ni pitié.
S’il vous plaît, n’oubliez pas ces morts que vous voyez aujourd’hui.
Ne permettez pas que d’autres connaissent le même enfer.
Les animaux sont des êtres sensibles. Leur sort est entre vos mains.
Ouvrons les yeux sur les élevages, la pêche et les abattoirs.