Ces images filmées, entre mai et septembre, dans un élevage intensif de cochons de la Marne (Grand Est) dévoilent de terribles pratiques notamment des manipulations violentes et illégales sur des porcelets : claquage à mort contre le sol bétonné, castration chirurgicale sans anesthésie ni analgésiques, coupe routinière des queues. Certains porcelets claqués sont dévorés par des chats qui errent dans l’élevage.
Des animaux ne sont ni soignés ni secourus comme cette truie et ce porcelet qui présentent une descente d’organes, ces nouveau-nés en détresse, ce porcelet étouffé sous le corps de sa mère… Des truies en maternité sont frappées à coups de truelle afin de les faire se lever pour ramasser des porcelets morts dans leur cage.
L’élevage compte environ 4 000 animaux enfermés dans une atmosphère insalubre (poussière, mouches, excréments dans l’eau d’abreuvage, morts parmi les vivants), souvent en cage individuelle ou en box collectif entassés les uns sur les autres.
Des milliers d’asticots grouillent dans les poubelles d’équarrissage où les corps d’animaux morts sont en état de putréfaction très avancée.
9 antibiotiques différents ont été relevés, dont de la colistine, substance classée par l’OMS en importance critique et priorité majeure pour la santé humaine dans le cadre de la surveillance de l’antibiorésistance.
Cet établissement dépend de la coopérative Cirhyo, l’un des leaders sur le marché du porc. La viande produite par ce groupement est principalement vendue en grandes et moyennes surfaces, majoritairement sous la marque Herta, et chez des artisans bouchers.
L214 porte plainte pour sévices graves et mauvais traitements, et appelle le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau à mettre fin à toute forme de castration et au claquage des porcelets.
Malgré l’interdiction depuis janvier 2022 de la castration à vif, les porcelets sont castrés sans anesthésie ni analgésiques. Cette pratique est source de stress et de souffrances.
Les porcelets trop faibles pour être rentables sont tués par percussion de la boîte crânienne contre le sol bétonné. Ils mettent de longues minutes à mourir. Le claquage n’est pas une méthode de mise à mort autorisée.
La coupe des queues systématique est interdite depuis 2003. Avant d’y avoir recours ponctuellement, les densités doivent être réduites, la lumière naturelle augmentée, la qualité de l’air améliorée…
Les employés utilisent une truelle pour faire se lever les truies, enfermées en cages, pour ramasser les cadavres de porcelets.
Des animaux sont malades, ils nécessiteraient des soins en urgence. Ici, cette truie a un prolapsus (descente d’organes).
Des milliers de vers grouillent dans les bacs d’équarrissage où sont stockés les cadavres en état de putréfaction avancée.
Mardi 24 octobre
La procureure du parquet de Châlons-en-Champagne ouvre une enquête préliminaire
Mercredi 18 octobre
Suite à sa visite de contrôle le jour de la sortie de l’enquête, la préfecture a diffusé les conclusions de son rapport.
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Jeudi 5 octobre
L214 publie une enquête sur un élevage de cochons de la Marne (51).
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Mercredi 4 octobre
L214 porte plainte auprès du procureur du tribunal judiciaire de Châlons-en-Champagne pour sévices graves et mauvais traitements.
L214 signale les infractions aux services vétérinaires de la préfecture de la Marne.
L214 souhaite que notre société reconnaisse que les animaux ne sont pas des biens à notre disposition et que leurs intérêts méritent notre considération.
Avec cette nouvelle enquête, L214 dénonce entre autres des pratiques cruelles et source de grandes souffrances pour les porcelets : claquage à mort contre le sol bétonné, castration chirurgicale sans anesthésie ni analgésiques, coupe routinière des queues.
En 2019, le ministre de l’Agriculture de l’époque, Didier Guillaume, annonçait la fin du claquage des porcelets : « Dans les mois qui viennent, ça va être terminé, tout cela ». Quatre ans plus tard, des porcelets sont encore tués par percussion de la boîte crânienne. Pratiquée sur des millions de porcelets chaque année en France, cette méthode concerne les animaux jugés trop faibles pour permettre une rentabilité économique. Elle peut être une méthode d’étourdissement à l’abattoir en cas d’urgence vitale pour un animal blessé, mais en aucun cas un moyen pour mettre à mort un animal.
La filière porcine tente de justifier cette pratique par l’abattage d’urgence prévu dans l’article 1099 du règlement européen du 24 septembre 2009, qui autorise à prendre « toutes les mesures nécessaires » en cas de mise à mort urgente. L’article 2.d de ce règlement définit la mise à mort d’urgence comme « la mise à mort d’animaux blessés ou atteints d’une maladie entraînant des douleurs ou souffrances intenses lorsqu’il n’existe pas d’autre possibilité pratique d’atténuer ces douleurs ou souffrances ».
Or, ces porcelets chétifs sont malgré tout en bonne santé, par conséquent, ils ne sont pas concernés par les dispositions de mise à mort d’urgence, et même s’ils l’étaient, ils ne pourraient pas être mis à mort par claquage.
Depuis janvier 2022, la castration sans anesthésie est interdite. Dorénavant, les éleveurs peuvent castrer les porcelets sous anesthésie, ou choisir de ne plus les castrer. En élevage, l’usage d’anesthésiant est incontrôlable, et dans les faits incontrôlé.
Destinataire : Monsieur Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture