Lettre ouverte au ministre autrichien de la Justice

On trouvera ci-après la traduction française de la lettre ouverte proposée à la signature des associations animalistes extérieures à l’Autriche.

Nous, représentants des organisations internationales animalistes citées ci-dessous, avons été informés des rapports définitifs de l’enquête effectuée par la police sur le mouvement animaliste en Autriche. Il semble qu’après deux ans et demi d’investigations, la police, avec tous les moyens technologiques à sa disposition (incluant mise sur écoute, surveillance du courrier électronique, dispositif de localisation de véhicules, agents infiltrés, quatre vastes opérations d’écoute électronique, ainsi que les perquisitions de 26 domiciles de militants et de 7 bureaux d’associations de protection animale), n’ait découvert aucune preuve directe d’une quelconque activité criminelle. Les seuls éléments de preuve fournis par les rapports définitifs se composent d’opinions exprimées lors de conversations privées, de données sur des enquêtes clandestines menées par des ONG et d’actions de désobéissance civile qui ne peuvent être qualifiées de criminelles.

Le mouvement international pour les animaux craint que ces opérations de police en Autriche conduisent à la criminalisation de campagnes légitimes. Il serait réellement très alarmant que l’Autriche donne suite à ces rapports définitifs en inculpant pour appartenance à une organisation criminelle, selon l’article 278a du Code pénal, toute une partie du mouvement.

Depuis des années, les ONG animalistes de notre pays participent à des actions de désobéissance civile et réalisent des enquêtes clandestines pour recueillir des informations sur la cruauté envers les animaux et elles n’ont cependant jamais fait l’objet d’enquêtes du type de celle effectuée par la police autrichienne ni, à plus forte raison, d’inculpations pour ces activités. Si l’Autriche tentait de criminaliser ce qui, dans d’autres pays, est considéré comme une activité sociale légitime, on la jugerait alors très éloignée des critères de tolérance que l’on attend aujourd’hui des démocraties libérales.

Par conséquent, nous vous demandons, en tant que responsable du ministère de la Justice, de reconsidérer le projet d’aller dans ce sens. Toute démocratie libre doit accorder un espace pour la contestation et la libre expression des opinions dissidentes. Un mouvement de protestation concernant des questions aussi importantes que le bien-être et les droits des animaux constitue un élément essentiel de toute société moderne. Le droit de protester doit être respecté et personne ne devrait être poursuivi pour activité criminelle sans preuve. Nous sommes très inquiets de constater l’érosion, en Autriche, des principes fondamentaux de liberté, de justice et de démocratie.

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