« Nous avons fait d’immenses progrès concernant le respect des droits de l’homme en général, de la femme et de l’enfant en particulier et la valeur de la vie humaine, sauf tragiques exceptions, n’est plus « négociable ». Cependant, la façon dont nous continuons à traiter les animaux, en ne leur accordant aucune valeur intrinsèque, autre que marchande ou utilitaire, pose un défi majeur à la cohérence éthique de la civilisation contemporaine. Il est essentiel d’étendre l’altruisme à tous les êtres sensibles. En aimant aussi les animaux, on n’aime pas moins les hommes, on les aime mieux, car la bienveillance croît en magnitude et en qualité.
Dans la situation actuelle, tout le monde y perd : les animaux sont tués en masse, l’élevage industriel est la 2e cause d’émission de gaz à effet de serre, les inégalités dans le monde sont accentuées par l’export de ressources alimentaires pour la production de viande dans les pays riches, et la santé humaine pâtit d’une consommation excessive de viandes.
Les chasseurs-cueilleurs considéraient les animaux comme « différents », les éleveurs et fermiers sédentaires les ont ensuite considérés comme « inférieurs ». Il est temps de les considérer comme nos « concitoyens »en ce monde.
Le sophisme de l’indécence qui consiste à décréter qu’il est immoral de s’intéresser au sort des animaux alors que des millions d’êtres humains meurent de faim n’est le plus souvent qu’une dérobade de la part de ceux qui, bien souvent, ne font pas grand-chose ni pour les uns ni pour les autres. dit La souffrance inutile doit être pourchassée où qu’elle soit, quelle qu’elle soit. Le combat doit être mené sur tous les fronts, et il peut l’être. »
Matthieu Ricard