Aujourd’hui, deux modes d’agriculture sont principalement pratiqués : l’agriculture dite conventionnelle, et l’agriculture biologique.
La première consiste à cultiver en ayant largement recours aux produits phytosanitaires comme les pesticides (qui regroupent herbicides, fongicides et insecticides) et aux sous-produits provenant des abattoirs, tout en pratiquant entre autres l’épandage de déjections animales et les labours profonds de la terre.
Ces pratiques ont pour conséquence directe de tuer un très grand nombre de petits mammifères et d’insectes. En outre, les agriculteurs dits conventionnels collaborent étroitement avec les sociétés de chasse locales pour que des battues aux sangliers soient organisées lorsque des populations sont repérées aux abords des cultures.
Quant aux haies, arbres et talus, ils sont largement supprimés pour agrandir les parcelles et faciliter les accès. On estime à au moins 200 000 km la longueur de haies détruites lors du remembrement agricole des années 70 en France.
La deuxième préserve et tente de développer le bocage. Le cahier des charges de l’agriculture biologique interdit entre autres l’utilisation de produits phytosanitaires de synthèse mais n’est pas exempt de traitements pour autant. De plus, ce mode d’agriculture dépend directement de l’agro-industrie, c’est-à-dire des élevages intensifs et des abattoirs, puisqu’il est autorisé d’épandre des fertilisants comme le fumier, ainsi que des sous-produits provenant des animaux exploités pour leur chair.
Les déchets d’élevage
Le fumier est un mélange d’excréments d’animaux et de paille, le lisier est un mélange d’excréments et d’urine d’animaux. Ils sont utilisés comme engrais sur les grandes cultures céréalières, mais aussi sur les cultures maraîchères et viticoles.
Générateur d’effluves sources de nuisances, le lisier est souvent au cœur des débats entre éleveurs et riverains. Ces odeurs émanent des fosses attenantes aux élevages où les animaux sont enfermés et par l’épandage de leurs excréments dans les champs avoisinants.
Avec la prolifération d’élevages de porcs hors-sol dénombrant un immense nombre d’animaux, la quantité d’excréments augmente, il faut donc déverser plus. Le lisier chargé en nitrates est donc épandu en grande quantité, trop grande pour que les plantes absorbent cette molécule. Les premières conséquences apparaissent : la prolifération des algues vertes sur les côtes bretonnes dégageant un gaz toxique en phase de décomposition, c’est l’hydrogène sulfuré3.
De nouveaux gènes de bactéries résistantes à certains antibiotiques ont été relevés dans du fumier provenant de bovins1. Certaines de ces bactéries peuvent être transmises à l’homme2, les antibiotiques ne seront peu ou pas capables de les détruire pour cause d’antibiorésistance. Cette situation sanitaire critique est directement liée aux traitements antibiotiques administrés en curatif et/ou en préventif aux animaux dans les élevages.
Les déchets d’abattoirs
Sang desséché, poudre d’os, corne de bœuf, plumes de volailles, sabots de mammifères ongulés sont utilisés comme amendement sur les sols des cultures destinées à la consommation humaine et à nourrir les animaux d’élevage. Un moyen efficace de valoriser les restes d’animaux tués dans les abattoirs…
L’agriculture biovégétalienne ou agro vegan écologique
Cette nouvelle forme d’agriculture refuse l’utilisation de produits phytosanitaires, l’amendement d’origine animale (fumier, lisier) et le cinquième quartier d’abattoir (cornes, plumes, os…).
Les principales raisons de choisir ce mode cultural sont éthiques, économiques et/ou pratiques.
Cette pratique agricole sort tout doucement de terre et est encore marginale. En l’absence de mention ou de label, difficile aujourd’hui de mesurer le nombre d’agriculteurs qui cultivent en mode agro vegan écologique en France.
Les secrets de la réussite de cette agriculture sont essentiellement :
- le couvert végétal riche et varié ne laissant jamais la terre à nu,
- le non-labour ou le labour en surface du sol pour préserver sa vie bactérienne et autres micro-organismes
- la rotation régulière des cultures,
- la non-intervention sur l’environnement (aux abords des champs sont préservés les haies, talus et arbres pour favoriser la présence des mammifères et des insectes),
- la diversité culturale.
L’agriculteur qui opte pour cette forme d’agriculture doit s’intégrer dans l’écosystème existant sans le bouleverser, mais en cherchant à le valoriser pour développer un milieu propice à une cohabitation entre l’homme et l’animal, tout en préservant les intérêts personnels de chacun.
Lire les interviews sur les Cahiers antispécistes
Écouter la conférence sur l’agriculture végétalienne
présentée à la Veggie Pride 2014
Site en anglais sur l’agriculture biovégétalienne
de l’association Vegan Organic Network
(1) Plein Champ, 21 avril 2014 http://www.pleinchamp.com/grandes-cultures/actualites/le-fumier-comme-engrais-source-potentielle-d-agents-de-resistance-microbienne
(2) Viande.info https://www.viande.info/elevage-viande-sante-maladies
(3) Sauvegarde du Trégor : les algues vertes tuent ! Voir la vidéo.