Le 19/11/2020
L214 révèle aujourd’hui le témoignage d’un lanceur d’alerte sur les conditions dans lesquelles sont élevés et ramassés les poulets dans une exploitation de la marque Duc, située dans l’Yonne (89). L’employé dénonce également, images à l’appui, les conditions de travail pénibles et précaires des « ramasseurs de volailles », chargés d'attraper les animaux et de les entasser dans des caisses pour les transporter vers l'abattoir. Les poulets ne sont pas les seules victimes de l’élevage intensif : L214 demande aux producteurs de poulets français de tourner le dos aux pires pratiques intensives.
→ Voir et télécharger des images brutes (libres de droits)
→ Voir et télécharger des photos de l’élevage (libres de droits)
→ Voir la pétition adressée aux producteurs
→ Lire notre dossier sur l’élevage de masse des poulets de chair
La condition des salariés rejoint celle des animaux : plus de 20 000 poulets à ramasser en moins de 4 heures, attrapés 5 par 5 par les pattes. Parfois, les opérateurs entendent les pattes de ces poulets se briser lorsqu’ils les soulèvent.
Dans l’élevage, certains animaux sont boiteux, couverts de fientes, tandis que d’autres sont déjà morts (ceux-là ne seront pas ramassés). Lorsqu’ils sont attrapés, les poulets crient et se débattent avant d’être entassés dans des tiroirs en plastique : « On a pas le temps de les déposer, on doit les claquer dans les caisses ». « Le métier de ramasseur de volailles est violent en lui-même [...] J’ai des collègues qui frappent des poulets de temps en temps », détaille l’employé.
« J’ai travaillé plus d’un mois et je n’ai toujours pas reçu mon contrat de travail, j’ai des collègues qui ont reçu un contrat qui n’a jamais été signé par l’entreprise » indique l’employé. Il évoque aussi des heures de présence non rémunérées et affirme avoir perçu une rémunération de 25 euros net pour une nuit de 5 heures.
Il précise enfin qu’aucun équipement (masque, gants, combinaison…) n’est fourni par l'employeur alors que les salariés sont exposés à une forte odeur de fiente, à la poussière et aux griffures, jets d’urine et d'excrément des poulets qui se débattent. « Tout le monde tousse » explique-t-il.
Tournée fin septembre 2020, la vidéo d’enquête montre un bâtiment d'élevage dans lequel sont entassés plus de 25 000 poulets. Ils passeront leur courte vie enfermés, sans accès à l’extérieur, avant d'être abattus. Sélectionnés génétiquement, ils grossissent si vite que certains ne peuvent plus se déplacer. La violence du ramassage est confirmée par une expertise scientifique collective de l'INRA : le ramassage manuel provoque des luxations des pattes et des ailes, des fractures, des heĢmorragies ou d’autres blessures pour plus de 30% des poulets ramassés.
Il s’agit de la deuxième enquête de L214 dans des élevages standard de la marque DUC. Ces conditions d’élevage sont similaires dans tous les élevages intensifs français, quel que soit le producteur. Depuis 2017, L214 a révélé des images tournées dans cinq élevages de poulets en France, dont un élevage fournissant la marque Maître Coq, l’une des marques du groupe LDC, le plus grand producteur de poulets en France.
→ Voir les précédentes enquêtes de L214 réalisées en élevage de poulets
Il est inacceptable que la marque DUC, qui appartient au groupe Plukon Food, tolère de telles pratiques. Mais au-delà du groupe Plukon, plus de 80 % des poulets sont élevés dans ces conditions en France. L’ensemble des producteurs de poulets portent donc leur part de responsabilité dans la souffrance infligée à plusieurs centaines de millions de poulets chaque année en France. L214 appelle aujourd’hui les citoyens à signer une pétition à destination des producteurs français pour leur demander de bannir les pires pratiques d'élevage et d'abattage des poulets.
Pour Brigitte Gothière, porte-parole de l’association L214 : « Ce témoignage poignant nous rappelle que les misères humaine et animale vont de pair dans les élevages intensifs. Le temps est venu pour DUC, LDC, Terrena, Maïsadour et les autres producteurs et coopératives français de mettre un terme à ces pratiques inacceptables. Un engagement à respecter les critères du European Chicken Commitment, exigeant des pratiques moins intensives, permettrait de limiter les préjudices infligés aux poulets et aux employés par la même occasion. L’ensemble des acteurs de la grande distribution ainsi que de nombreuses entreprises dont Fleury Michon, Accor Hotels, Pierre Martinet, ou encore les boulangeries Paul ont déjà avancé en ce sens en publiant un tel engagement. Nous demandons aux producteurs de publier des politiques similaires. »
→ Voir la liste des entreprises engagées
91 % des Français sont défavorables à l’élevage intensif de poulets (sondage IFOP réalisé en juin 2018 à la demande de L214).
Les producteurs ont l’occasion de montrer qu’ils sont à l’écoute de la demande sociétale en s’engageant à bannir les pires pratiques d’élevage et d’abattage des poulets, comme l’ont déjà fait plus de cinquante entreprises de l’agroalimentaire en France.
Sourds aux revendications de l’opinion publique, des associations et de certains syndicats agricoles remettant en cause l’élevage intensif, plusieurs députés ont pratiqué l’obstruction parlementaire pour enterrer la proposition de loi pour les animaux portée le 8 octobre dernier par le groupe Écologie Démocratie Solidarité, comme l’explique le député Cédric Villani, à l'origine de ce texte qui envisageait notamment la sortie des élevages intensifs comme celui montré dans notre nouvelle enquête. Un immobilisme politique qui justifie une fois de plus que les citoyens et associations s'adressent directement aux entreprises pour obtenir des avancées concrètes pour les animaux.
→ Lire notre communiqué sur le torpillage de la proposition de loi sur les animaux
Contacts presse :
Brigitte Gothière : 06 20 03 32 66
Brian Mordasini : 06 21 79 46 31
L214 est une association de défense des animaux. Depuis ses débuts en 2008, elle a rendu publiques plus de 100 enquêtes révélant les conditions d'élevage, de transport et d'abattage des animaux. Ces vidéos ont permis de révéler les pratiques routinières et les dysfonctionnements d'une industrie qui considère et traite les animaux comme des marchandises.
Forte de plus de 50 000 membres, suivie par plus de 750 000 personnes sur Facebook, L214 a notamment obtenu l'engagement de plus de 180 entreprises à renoncer aux œufs de poules élevées en cage et aux pires pratiques d'élevage et d'abattage des poulets élevés pour leur chair et la création d’une commission d'enquête parlementaire sur les conditions d'abattage des animaux. Participant activement au débat démocratique, L214 est régulièrement sollicitée par les médias pour son expertise, et revendique l’arrêt de la consommation des animaux et des autres pratiques qui leur nuisent.