Nous avons l’immense joie de vous annoncer que Novotel a accédé à notre demande en renonçant aux œufs de poules issus d’élevage en batterie.
78 tonnes d’œufs brouillés sont consommés chaque année aux petits déjeuners servis dans les 125 Novotel de France. À compter de cette semaine, les œufs « plein air » viennent remplacer les œufs de batterie dans tous les hôtels de la chaîne.
C’est une première et un signal fort en cette période de transition où les éleveurs doivent investir pour mettre aux normes leurs cages avant 2012.
16 mars 2010
L’élevage des poules en batteries de cages, qui occupe 80 % de la production française2, constitue un sommet des dérives de l’élevage intensif, et il est largement perçu comme tel dans les sondages d’opinion3.
Cette décision fait suite à une demande de l’association L214 et intervient dans le cadre d’une refonte globale de la formule des petits déjeuners programmée par la chaîne.
Un dialogue constructif
En février 2009, L214 avait contacté la direction de la chaîne Novotel pour l’inciter à bannir les œufs de poules élevées en cage des menus de ses petits déjeuners. La chaîne réfléchissait justement à une refonte globale de son offre.
En septembre et octobre 2009, des cartes postales en forme d’œuf signées par des consommateurs étaient remises aux directions de 18 Novotel dans le cadre d’un tour de France de l’assocation. En mars, Novotel annonçait sa décision positive à L214.
C’est l’entreprise Inovo, spécialisée dans la fabrication d’ovoproduits, qui assure l’approvisionnement des œufs brouillés « plein air ».
L’élevage en batterie de cages
En France, 80 % des poules pondeuses (38 millions d’oiseaux) vivent en permanence dans des cages en batterie (code 3 inscrit sur les œufs et sur les boîtes). La surface allouée par poule est de 550 cm2, soit l’équivalent d’une feuille A4.
Dans chaque cage, 15 à 60 poules doivent vivre ensemble dans un espace si restreint qu’il leur est difficile d’étendre les ailes et de se déplacer sans déranger les autres. Le sol est grillagé et occasionne des lésions aux pattes. Elles resteront dans ces cages pendant un an avant d’être envoyées à l’abattoir.
Si l’élevage avec accès au plein air (code 0 ou 1 sur les œufs) n’offre pas des conditions de vie idéales aux poules, il leur apporte une plus grande liberté de mouvement et leur permet d’exprimer davantage de comportements naturels.
Améliorer les conditions de vie des animaux dans les élevages
La réglementation n’est pas une voie très efficace pour améliorer le bien-être des animaux d’élevage : les avancées sont souvent dérisoires. En 1999, une directive européenne a été adoptée pour accroître, de l’équivalent d’une carte postale, la superficie minimale par poule à l’intérieur des cages. L’application de cette directive a été fixée au 1er janvier 2012. La décision de Novotel montre que des progrès rapides et concrets peuvent être obtenus par d’autres voies.
Le passage aux œufs alternatifs s’est déjà largement opéré dans d’autres pays de l’Union européenne, notamment dans la grande distribution (4). Une tendance qui franchit enfin les frontières hexagonales.
Les aviculteurs français qui exploitent un élevage en batterie doivent revoir leurs installations d’ici 2012 pour se conformer à la nouvelle réglementation. Légalement, ils pourraient se contenter de remplacer les vieilles cages par des cages aux nouvelles normes. Puisse cette décision du premier groupe hôtelier français les inciter à abandonner les cages, quelles qu’elles soient.
Quelle sera la première chaîne de supermarchés en France à suivre cet exemple et à se distinguer en matière de protection animale ?
- Bien-être animal et opinion publique.
- ITAVI, Œufs de consommation, Production, France.
- En France, un sondage* a été effectué en janvier 2000 pour cerner la perception de l’élevage des poules pondeuses en batterie. Parmi les personnes interrogées, 83 % considèrent que l’affirmation « C’est un système incompatible avec les conditions de vie décentes pour les poules » s’applique « tout à fait » ou « plutôt » à cette méthode d’élevage. À la question « À l’avenir, seriez-vous tout à fait favorable […] à interdire l’élevage des poules pondeuses en cage et n’autoriser que l’élevage en plein air, sachant que cette mesure entraînerait une augmentation du prix des oeufs ? », 86 % des sondés ont répondu « oui ».
* Sondage sur un échantillon représentatif de 959 personnes réalisé à l’initiative de l’Institut technique de l’aviculture (ITAVI). Les résultats sont présentés et commentés dans Luc Mirabito et Pascale Magdelaine, « Impact de la perception des systèmes d’élevage des poules pondeuses sur la demande des consommateurs finaux et approche de l’élasticité de la demande », Sciences et techniques avicoles, numéro 34, janvier 2001, p. 5-16. - Des exemples en Europe.