Nouvelle enquête de L214 : sordide élevage de cochons dans le Finistère

Le 16/03/2017

L214 demande sa fermeture immédiate

Après de nombreuses vidéos dans des abattoirs, L214 rend publiques ce jeudi les images choquantes d’un élevage intensif de cochons situé dans le Finistère près de Quimper.

Forcés à vivre au milieu des cadavres de leurs congénères en putréfaction ou leurs ossements, les cochons de cet élevage intensif survivent dans un environnement répugnant. L’élevage est de toute évidence hors de contrôle des services vétérinaires du Finistère.

Des toiles d’araignées barrent l’accès à certaines salles de l’élevage où vivent pourtant de nombreux animaux. Visiblement, l’éleveur ne se rend que rarement dans cette partie de l’élevage où les animaux sont livrés à eux-mêmes, nourris automatiquement.
Dans les salles de maternité, des truies voient leurs petits mourir sous leurs yeux, impuissantes dans leurs cages. D’autres sont maigres ou présentent des signes de stéréotypies.

Emballages d’antibiotiques périmés, seringues usagées, épaisses couches de poussière et toiles d’araignées… ces conditions sanitaires extrêmes constituent un environnement favorable à l’émergence de maladies pour les animaux.

Enquête L214 : vidéo sordide élevage de cochons dans le Finistère

Images commentées par le youtubeur et comédien Greg Guillotin

Face à ces conditions de vie intolérables pour les animaux, l’association L214 demande aux autorités la fermeture immédiate de cet élevage insalubre. Elle porte plainte auprès du procureur de la République du tribunal de grande instance de Quimper.

Hélène Gateau, docteur vétérinaire et chroniqueuse animalière sur France Télévision a pu voir les images. Elle s’alarme de cette situation : « […] que font les autorités et les services vétérinaires ? Comment de telles conditions peuvent même se produire ? Vu l’état des bâtiments et des animaux, la situation n’est pas récente. Comment peut-on laisser des animaux, des êtres vivants, à la charge d’un éleveur visiblement dépassé ? »
Par ailleurs, Hélène Gateau souligne que « le risque de transmission de dangers ayant un impact sur la santé animale, mais aussi sur la santé humaine, est maximal. »

→ Rapport de Hélène Gateau

« Si la situation de cet élevage en particulier est très préoccupante, ne nous leurrons pas sur celle des autres élevages intensifs où les cochons passent une vie tout aussi misérable. En France, 95% des cochons sont enfermés dans des cages exigües ou des cases bétonnées sans accès à l’extérieur. Il est grand temps de nous questionner sur ce que subissent les animaux et de tourner le dos à la viande », déclare Brigitte Gothière, porte-parole de l’association.

Cet élevage fait partie du groupe Triskalia, un des plus gros groupements de producteurs de cochons en Bretagne. Michel Bloc’h, son président, souligne la montée d’une demande sociétale forte pour le bien-être des animaux et vient de déclarer dans un journal professionnel qu’il « faut raconter une histoire au consommateur ». (sic)

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Cet élevage du Finistère

Près de Quimper, c’est un élevage industriel de taille moyenne comme il en existe plusieurs milliers en Bretagne, qui fait naître et engraisse chaque année des milliers de cochons pour les envoyer à l’abattoir à l’âge de six mois. Dans la “maternité”, les mères sont contraintes de mettre au monde, dans des cages où elles ne peuvent se retourner, près de 30 porcelets par an. Porcelets qu’elles voient parfois mourir sous leurs yeux comme le montrent les images.

L’état sanitaire déplorable de cet élevage a des conséquences sur la santé des animaux mais aussi sur leur bien-être. Plusieurs emballages d’antibiotiques ont été trouvés sur les lieux, dont certains périmés de plusieurs années. Ces antibiotiques ont notamment pour but de lutter contre E.Coli et contre des maladies pulmonaires, inévitables à la vue de l’épaisse couche de poussière et de mouches mortes qui recouvrent les lieux.

Cet élevage est membre du groupe Triskalia, un des plus gros groupements de producteurs de cochons en Bretagne, avec ses 700 éleveurs et ses 1 700 000 porcs commercialisés par an. Triskalia est l’apporteur de référence de Bigard-Socopa, avec lequel le groupe se targue d’avoir développé de nombreuses filières qualité (Label Rouge Opale, Bleu Blanc Coeur, Filière non OGM, Filière Herta…). Son président Michel Bloc’h vient de déclarer que la filière « doit désormais concentrer ses efforts sur la promotion de la viande. Se faire accompagner pour contrer les anti-viandes qui sont très efficaces sur les réseaux sociaux » et « Il faut raconter une histoire au consommateur. Mais il faut que ce soit concret, sinon cela ne dure pas ».

L’élevage de cochons en France

Chaque année, près de 25 millions de cochons élevés en France finissent à l’abattoir. 95% d’entre eux naissent et grandissent dans des élevages intensifs, sans accès à l’extérieur, sur du béton, nés de mères enfermées dans des cages dans lesquelles elles ne peuvent se retourner. De nombreuses mutilations sont pratiquées à vif sur les porcelets notamment pour les contraindre à ces conditions de vie extrêmes : coupage de la queue dès la naissance, meulage des dents et castration. Les porcelets les plus faibles, considérés comme peu rentables, sont “claqués” sur une surface dure afin de les éliminer.

Qui sont les cochons?

Animaux sensibles, intelligents et sociaux, les cochons ont besoin de vivre en groupe dans un environnement stimulant. Des études éthologiques montrent qu’ils réussissent des tâches complexes que des chiens n’arrivent pas à accomplir.
Dans les élevages, la loi impose que les cases dans lesquelles ils sont enfermés soient “enrichies” de matériaux permettant de limiter l’ennui. Souvent cet enrichissement se limite à une simple chaîne métallique.
Quand on le leur permet, les cochons passent une grande partie de leur temps à explorer, à fouir, à chercher de la nourriture. Ils parcourent ainsi plusieurs kilomètres par jour. Les truies se construisent des nids avant leur mise bas. Dans le nid ainsi créé, elles peuvent se tourner. Le sevrage n’intervient qu’au bout de 3 à 4 mois (moins de 1 mois dans les élevages).

Greg Guillotin

Comédien et youtubeur, connu pour sa chaîne Nou et ses personnages du Pranque et de Bengui, il collabore aussi au sein du studio Bagel. Vegan et engagé, il a été très enthousiaste à l’idée d’aider L214 en présentant cette nouvelle enquête dans laquelle il témoigne aussi de son parcours personnel.