Le 20/04/2018
67% des Français considèrent que les animaux sont mal défendus par les politiques, selon un sondage IFOP de 2018 (source : 30 Millions d’Amis) : ils ont raison.
Hier soir jeudi jusque tard dans la nuit et ce matin, les députés de la Commission des affaires économiques débattent et votent des amendements relatifs à l’article 13 du projet de loi issu des Etats généraux de l’alimentation.
Après avoir renommé le titre de cet article “Respect du bien-être animal”, la majorité des députés présents, menés par M. Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture, ont rejeté méticuleusement un à un les amendements concrets qui auraient pu changer les conditions d’élevage, de transport et d’abattage des animaux. Démarches volontaires des filières et arguments économiques fallacieux ont été systématiquement avancés pour stopper net les avancées possibles. La FNSEA, syndicat majoritaire agricole, et le CNPO, interprofession des producteurs d’œufs, peuvent se vanter de leur pouvoir bien réel sur le gouvernement.
Transport des animaux, interdiction des cages pour les poules pondeuses et les lapins, de la castration à vif, contrôle vidéo ou conditions d’abattage : chaque amendement un peu concret a été retoqué.
Le contrôle vidéo, promesse de campagne de M. Emmanuel Macron, approuvé par 85% des Français et déjà votée par l’Assemblée nationale en janvier 2017 sous l’impulsion de M. Olivier Falorni, a été rejeté : les abattoirs feront éventuellement cette démarche volontairement. Comme l’a très justement rappelé M. François Ruffin en séance : “Dans ce texte de loi, il n’y a rien sur cette question, il n’y a rien sur les abattoirs, il n’y a rien pour aider les salariés à souffrir moins à l’intérieur de ces entreprises.”
L’interdiction des cages pour les poules pondeuses a également été balayée alors qu’elle mettrait un point final aux privations comportementales sévères de 33 millions de poules chaque année, qu’elle répond à une attente de 90% des Français, qu’elle serait génératrice de 3 à 6 fois plus d’emplois qu’actuellement (source : ITAVI, p.10), que plus de 100 entreprises se sont déjà engagées à ne plus utiliser les œufs issus de tels élevages. Là aussi, engagement de M. Emmanuel Macron, renié sous la pression de l’interprofession des producteurs d’œufs.
Les transports d’animaux vivants resteront sans limite malgré les arguments percutants de Mme Anne-Laurence Petel, rappelant l’enquête récente d’une ONG démontrant les conditions de transport ignobles des animaux sur un bateau australien et les changements déjà impulsés par d’autres pays.
Les débats se poursuivent sur le même ton aujourd’hui en commission des affaires économiques et la loi sera discutée à partir du 22 mai en séance plénière à l’Assemblée nationale. Les résultats semblent joués d’avance, puisque les dés sont pipés.
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L’opportunité d’amorcer un changement de système ayant un coût effroyable pour les animaux ainsi que pour les humains en termes de santé publique, de partage des ressources et de conditions de travail et bien sûr d’environnement n’est pas saisie par les pouvoirs publics. À la botte des interprofessions avant tout soucieuses de défendre leurs intérêts privés, enfumant les consommateurs en parlant de bien-être animal, le gouvernement ne bouge pas le petit doigt pour changer la donne.
Des positions qui nous poussent à continuer de montrer la réalité vécue par des centaines de millions d’animaux chaque année.