Proposition de loi et viande rituelle : circonscrire l’abattage sans étourdissement

abattage rituelNicolas About, président du Groupe Union centriste au Sénat vient de déposer une proposition de loi pour « limiter la production de viande provenant d’animaux abattus sans étourdissement aux strictes nécessités prévues par la réglementation européenne » (1). L’abattage rituel (halal ou casher) bénéficie d’une dérogation à l’étourdissement des animaux. Cette dérogation tend à se généraliser dans les abattoirs qui peuvent écouler la viande issue d’abattage rituel dans le circuit « standard » sans en informer les consommateurs.
L’exposé des motifs de cette proposition de loi est essentiellement basé sur des considérations de protection animale.
L’association L214 salue cette initiative et rappelle que pour la viande halal, l’absence d’étourdissement n’est en rien un dogme islamique mais une pratique usuelle en France. L’Indonésie comptant la première communauté musulmane au monde, accepte que les bovins soient étourdis par matador pour l’exportation de viande halal depuis la France vers ce pays (2).

Des vidéos sur d’abattage halal (images L214) :

Extraits de l’exposé des motifs :

« L’abattage sans étourdissement de l’animal doit donc demeurer une exception. Plusieurs pays européens l’interdisent d’ailleurs totalement, et parfois depuis longtemps : c’est le cas de la Norvège, de la Suède, de la Suisse, de l’Islande et plus récemment de l’Autriche. Ce n’est pas le cas de la France qui a fait le choix de l’autoriser, à titre dérogatoire, sur son territoire. Toutefois, il convient d’assurer également ses engagements européens et internationaux en matière de protection de l’espèce animale. C’est la raison pour laquelle les autorisations doivent être encadrées strictement. »

« Si la France, pays des droits de l’homme, s’honore d’avoir fait le choix de la tolérance en matière de respect des pratiques religieuses, sur le plan alimentaire, il lui revient également de veiller à ce que, pour des motivations qui sont bien plus d’ordre économique que moral, certains réseaux de distribution ne s’enrichissent pas, à l’insu du consommateur, en faisant fi de nos obligations en matière de protection de l’espèce animale. »

« … l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a émis un avis pour la Commission européenne, selon lequel « en raison des graves problèmes de bien-être animal liés à l’abattage sans étourdissement, un étourdissement doit toujours être réalisé avant l’égorgement ». En effet, comme le souligne l’EFSA dans un rapport qu’elle a publié conjointement, le risque est élevé qu’en l’absence d’étourdissement, les animaux ressentent une douleur extrême au moment de l’égorgement et la probabilité est forte de graves manquements à la protection des animaux au moment où l’animal est toujours conscient alors qu’on lui a tranché la gorge : il peut alors éprouver de l’angoisse, de la douleur, du stress et d’autres souffrances. Selon l’avis de l’EFSA, « des coups destinés à provoquer une saignée rapide engendrent d’importantes destructions de tissus dans des zones fortement innervées. La baisse de tension rapide qui suit l’hémorragie est nettement ressentie par l’animal conscient et entraîne terreur et panique. L’animal, conscient, souffre aussi quand son sang se répand dans sa trachée. En l’absence d’étourdissement, le temps entre la section des principaux vaisseaux sanguins et l’insensibilité, compte tenu du fonctionnement du système nerveux et de la réaction cérébrale, peut atteindre 20 secondes chez le mouton, 25 secondes chez le porc, 2 minutes chez les bovins, 2½ minutes ou davantage chez les poulets et parfois jusqu’à 15 minutes voire davantage chez les poissons ». »

Contact presse :
Sébastien Arsac : 06 17 42 96 84


(1) Proposition de loi
(2) Note de service de la DGAL du 29 avril 2010 :
« INDONESIE – Conditions d’agrément des établissements pour l’exportation de produits carnés et de produits laitiers destinés à l’alimentation humaine vers l’Indonésie.«