Dix associations animalistes européennes mobilisées ce matin à Strasbourg
Une action est en cours à Strasbourg ce mardi 11 février : des militants de L214 et de 9 autres organisations européennes de défense des animaux se sont rassemblés devant le Parlement Européen pour demander une révision majeure de la législation sur le « bien-être animal », après l’abandon par l’Europe de ses promesses. Sous le slogan « Don’t Chicken Out » (« Ne vous dégonflez pas »), les associations pointent du doigt la capitulation des institutions européennes face aux lobbies de l’élevage intensif, et appellent les eurodéputés à afficher leur soutien pour une réforme ambitieuse.
→ Photos de l’action en cours (libres de droits)
Une action symbolique au cœur de l’Europe
Les militants et associations sont actuellement rassemblés devant le Parlement européen à Strasbourg, où se déroule un happening symbolique. Des activistes déguisés en poulets participent à un vote fictif en faveur d’une meilleure protection des animaux élevés pour la consommation, derrière la bannière « Don’t Chicken Out ». Ce slogan est accompagné d’un appel à agir, « Uncage the Animal Welfare Law » (« Délivrez la loi sur le bien-être animal »), en référence aux cages dans lesquelles sont maintenus des millions d’animaux en France et en Europe : poules, lapins, truies…
L’action regroupe plusieurs associations animalistes européennes, unies pour interpeller les eurodéputés qui se rendent ce matin en séance plénière au Parlement de Strasbourg. Parmi elles : Animal Society (Allemagne), Green Rev (Pologne), Ethical Farming Ireland, CAAI (Bulgarie), Obraz (République tchèque), FREE (Roumanie), Project 1882 (Suède), Frente Animal (Portugal) et Essere Animali (Italie).
→ Voir le tract distribué aux eurodéputés
Un engagement trahi
En 2020, la stratégie Farm to Fork prévoyait une révision ambitieuse de la législation européenne sur le bien-être animal. Des promesses fortes avaient été faites : 4 règlements et la fin des cages pour des millions d’animaux d’ici 2027. L’étude d’impact de la Commission, qui avait fuité, évoquait aussi la fin de certaines mutilations, et la réduction des densités. Pourtant, sous la pression des lobbies de l’élevage qui exercent une influence considérable à Bruxelles, seule une proposition sur le transport des animaux a vu le jour en 2024, reléguant aux oubliettes les réformes attendues sur l’élevage, l’abattage et l’étiquetage. Aujourd’hui, le Commissaire européen dédié au « bien-être animal », Olivér Várhelyi, esquisse dans ses prises de parole une révision incomplète, ne donnant aucune garantie sur l’adoption de mesures concrètes à la hauteur des attentes citoyennes.
Une législation obsolète quand elle n’est pas inexistante
La législation européenne sur le « bien-être animal » est à la fois obsolète et lacunaire. Certaines pratiques persistent malgré l’évolution des connaissances scientifiques, notamment :
- L’élevage en bâtiment fermé, privant la majorité des animaux d’un accès à l’extérieur,
- Une sélection génétique axée sur la productivité, entraînant des souffrances considérables,
- Le broyage systématique des poussins mâles dans la filière ponte,
- Des mutilations douloureuses comme la coupe de la queue et la castration à vif des porcelets, ou encore l’épointage du bec des oiseaux,
- L’enfermement des truies dans des cages de gestation et de mise-bas pendant la moitié de leur vie,
- Des densités extrêmes dans l’élevage des poulets de chair, atteignant plus de 20 oiseaux par m² en France.
De nombreuses espèces ne sont même pas couvertes par une réglementation minimale : les vaches, les dindes, les lapins ou encore les poissons.
Des animaux oubliés, des citoyens ignorés
Pour Olivier Morice, chargé d’affaires publiques de L214, « L’Europe a renié ses engagements envers les animaux et les citoyens européens. Plus de 1,4 million de personnes avaient soutenu l’initiative citoyenne européenne » End the Cage Age « en 2021. Aujourd’hui, ces voix sont balayées par les intérêts économiques de l’élevage intensif. Il est temps que le Parlement européen et la Commission prennent leurs responsabilités. »
Les chiffres sont sans appel : 89 % des Européens sont opposés à l’élevage en cage individuelle, 84 % estiment que le « bien-être animal » doit être mieux protégé dans leur pays, et 90 % considèrent que les pratiques d’élevage devraient répondre à des exigences éthiques minimales.
→ Consulter le sondage Eurobaromètre de la Commission européenne (2023)