Devant la gravité des infractions, L214 interpelle la ministre de l’Agriculture
L214 publie ce jeudi 14 novembre des images provenant de l’abattoir de Maurienne à Saint-Étienne-de-Cuines (Savoie), dirigé notamment par le président d’Interbev Auvergne-Rhône-Alpes.
L214 porte plainte pour actes de cruauté et mauvais traitements sur 10 manquements graves identifiés au cours des 10 jours d’abattage filmés entre le 29 août et le 1er octobre 2024.
L214 demande à Annie Genevard, nouvelle ministre de l’Agriculture, de fermer l’établissement et de réaliser un audit généralisé des abattoirs en France.
À l’abattoir de Maurienne, des moutons (béliers, brebis et agneaux) et des bovins (bœufs, vaches et veaux) sont abattus encore sensibles et conscients, et certains sont découpés alors qu’ils sont encore vivants.
À l’affalage (sortie de la contention après l’étourdissement) ou après la saignée, les animaux présentent des signes de conscience caractéristiques dont des mouvements de redressement une fois suspendus. La plupart se débattent violemment.
S’ensuit une découpe primaire au couteau sur des animaux encore vivants (mouvements de la patte arrière), alors qu’à ce stade ils devraient être morts.
D’autres graves infractions ont été relevées dans cette enquête :
- il n’est procédé à aucun contrôle de l’état d’inconscience après l’étourdissement ;
- il n’y a jamais recours à l’étourdissement d’urgence ;
- les moutons voient leurs congénères se faire tuer ;
- des moutons sont manipulés avec brutalité (torsion de la queue, moutons retournés sur le dos dans le restrainer…) ;
- le box de contention pour les veaux et le restrainer pour les moutons ne permettent pas une contention suffisante.
Ressources libres de droits
- Vidéo de l’enquête présentée par Suzane (téléchargeable)
- Séquences brutes (téléchargeables)
- Site internet de l’enquête
- Galerie photos moutons
- Galerie photos vaches
- Pétition adressée à Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, et à François Ravier, préfet de la Savoie
Cet abattoir fournit des magasins Super U, Intermarché et E.Leclerc du département, et des boucheries locales. La viande est aussi vendue en direct dans les élevages où ont été élevés les animaux tués dans cet abattoir.
L’établissement appartient au Syndicat du pays de Maurienne regroupant 5 communautés de communes. Il est géré par la profession agricole (coopératives et éleveurs) et des bouchers. On compte parmi ses dirigeants Lionel Rittaud, président d’Interbev Auvergne-Rhône-Alpes (interprofession de la viande) et artisan-boucher propriétaire de la boucherie Rittaud.
Pour Bérénice Riaux, chargée des enquêtes de L214 : « « Ces agneaux là-bas, ils sont trop mignons, […] vaut mieux pas trop les regarder ». Ces mots entendus à l’abattoir de Maurienne ont été prononcés par la vétérinaire en charge de la protection animale, et rattachée à la préfecture de Savoie. Ils révèlent à quel point nos pratiques sont en opposition avec nos valeurs. Cet abattoir est le quatrième que nous épinglons en l’espace d’un an. À chaque fois, nous constatons des animaux en grande souffrance, et à chaque fois, nous relevons des infractions ayant de graves conséquences sur eux. Des images qui indignent la plupart des citoyens et des consommateurs. La souffrance des animaux dans les abattoirs ne devrait plus être sujet à débat. Il est grand temps que le gouvernement établisse un plan d’action visant une réduction du nombre d’animaux tués. »
L214 interpelle la nouvelle ministre de l’Agriculture
L214 demande à Annie Genevard de conduire un audit interne dans les établissements français d’abattage d’animaux pour faire un état des lieux des conditions d’abattage. L’association demande à ce que les rapports d’inspection issus de cet audit soient rendus publics.
Par ailleurs, L214 demande à la ministre et à François Ravier, préfet de la Savoie, la fermeture immédiate de l’abattoir de Maurienne.
L214 appelle les éleveurs à se porter partie civile
L214 porte plainte pour actes de cruauté et mauvais traitements commis par un professionnel auprès de la procureure de la République du tribunal judiciaire d’Albertville. Ce mercredi 13 novembre, l’association lui a remis 3 h 30 d’images de preuves.
Les éleveurs clients de l’abattoir, qui ne pourront qu’être choqués par ces méthodes d’abattage, peuvent se porter partie civile. Pour toute question sur cette affaire ou sur la procédure en justice entamée par L214, ils peuvent contacter l’association à l’adresse [email protected].
Que dit la réglementation ?
Un animal doit être inconscient au moment de la saignée.
Article 4 du règlement 1099/2009
« L’animal est maintenu dans un état d’inconscience et d’insensibilité jusqu’à sa mort. »
Article R 214-71 du Code rural et de la pêche maritime
« La saignée doit commencer le plus tôt possible après l’étourdissement et en tout état de cause avant que l’animal ne reprenne conscience. »
Un animal doit être mort au moment de la découpe.
Annexe III du règlement 1099/2009
« 3.2 L’habillage ou l’échaudage ne sont pratiqués qu’après vérification de l’absence de signe de vie de l’animal. »