L214 s’oppose à l’extension de la Ferme du Pré dans l’Oise


L214 a déposé sa contribution en ligne et invite les riverains à en faire autant d’ici le 16 septembre


L214 rend publique sa contribution à la participation du public par voie électronique (PPVE) concernant le projet de construction de 2 bâtiments d’élevage à Éragny-sur-Epte dans l’Oise, limitrophe de l’Eure. L’association invite les riverains à se mobiliser avec force pour manifester leur opposition : ils ont jusqu’au 16 septembre (inclus) pour donner leur avis en ligne.
Ce projet prévoit 320 000 poules pondeuses supplémentaires à la Ferme du Pré, qui en compte déjà 900 000. Ce projet est à contresens des enjeux éthiques, environnementaux et de santé publique. Il comporte aussi une violation flagrante de la réglementation. Par ailleurs, il ignore les 84 % de Français qui se prononcent contre les élevages intensifs, c’est-à-dire les élevages comme celui-ci, qui ne laissent pas d’accès au plein air aux animaux.

→ Contribution de L214


Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 :
« Entasser 160 000 poules dans un bâtiment, c’est non seulement cruel, mais c’est aussi irresponsable au regard des enjeux écologiques et de santé publique. Au total, plus de 1 million de poules pondeuses seront enfermées dans les bâtiments de la Ferme du Pré, nom bucolique à mille lieues de la réalité.

À l’heure où nous devrions avoir des politiques publiques qui accompagnent une baisse de la production et de la consommation des produits d’origine animale, on observe une recrudescence des projets d’élevages intensifs gigantesques au motif de concurrencer les importations : une illusion qui pousse le monde paysan à sa perte, emportant avec lui les animaux, notre santé et l’environnement.

Nous demandons instamment aux autorités de refuser ce projet et appelons les citoyennes et citoyens à exprimer leur opposition au travers de la procédure de participation du public par voie électronique (PPVE).
 »



La Ferme du Pré et son projet d’extension soulèvent de nombreux problèmes. En voici quelques-uns brièvement présentés ci-dessous. D’autres sont exposés et développés dans la contribution adressée au maire d’Éragny-sur-Epte via la procédure de participation du public par voie électronique.


1. Conditions d’élevage des poules au sol


Ces bâtiments seront prévus pour de l’élevage « au sol », code 2 sur les œufs. Les poules seront réparties sur 3 niveaux dans chaque bâtiment, avec plus de 50 000 animaux par niveau. Chaque niveau sera divisé en zones par 4 grillages, soit plus de 13 000 poules par zone.
Pour des animaux dont les groupes sociaux, lorsqu’ils sont en liberté, sont composés d’une dizaine d’individus, ces conditions de vie sont éprouvantes : les études scientifiques alertent sur le fait qu’elles génèrent stress et comportements agressifs. La coupe des becs effectuée dès le couvoir ne permet pas d’empêcher les blessures graves.

Il faut souligner que ce type d’élevage est en totale contradiction avec l’article L214-1 du Code rural, qui précise que « tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce ». Il fait également l’objet de vives critiques de la part de scientifiques, notamment d’experts de l’INRAe et du CNRS.


2. Santé et surveillance des animaux


Seules 2 personnes seraient chargées de la surveillance des 320 000 poules, ce qui ne laisse en moyenne que 0,18 seconde pour vérifier l’état de santé de chaque poule. Une telle situation rend impossible une surveillance adéquate et soulève des inquiétudes majeures sur les soins apportés aux animaux malades.
Par ailleurs, de telles structures ne laissent aucune chance de survie à la totalité des animaux du bâtiment en cas d’incendie.


3. Impact environnemental


La mission régionale de l’autorité environnementale (MRAE) relève que le dossier qui lui a été fourni est lacunaire sur de nombreux plans, et parfois incohérent : l’étude d’impact est incomplète, beaucoup d’informations sont manquantes sur la pollution de l’eau, sur la dégradation possible de zones boisées et protégées alentour, sur les émissions de particules polluantes, d’ammoniac et d’autres polluants atmosphériques.
En outre, l’alimentation des poules pondeuses sera composée en partie de tourteau de soja (OGM). Ces tourteaux ne sont pas produits en France : ils participent directement à la déforestation en Amérique du Sud. C’est un impact environnemental considérable à l’heure où l’Amazonie devient émettrice nette de gaz à effet de serre à force de déforestation (article scientifique publié en 2021 dans la revue Nature).


4. Non-conformité avérée


Dans le dossier, il est noté que pour éviter une grosse quantité de poussières et de particules fines, il n’y aura pas de litière. C’est une non-conformité flagrante à l’arrêté du 1er février 2002 établissant les normes minimales relatives à la protection des poules pondeuses, qui impose que 1/3 de la surface soit recouverte de litière.
Il est possible que les bâtiments déjà en activité soient également non conformes sur ce point.


5. Risques accrus de zoonoses


Les élevages intensifs, tels que celui-ci, augmentent les risques de propagation de zoonoses, notamment la grippe aviaire, posant ainsi des questions de santé publique qui ne peuvent être ignorées.



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