400 000 poulets par an : recours contre l’extension d’un élevage intensif de l’Orne

L214, FNE Normandie, Bien vivre dans le Perche et Perche avenir environnement souhaitent déposer un recours au tribunal administratif

L214, FNE Normandie, Bien vivre dans le Perche et Perche avenir environnement souhaitent déposer un recours auprès du tribunal administratif de Caen : les associations contestent la décision de la préfecture de l’Orne qui autorise l’agrandissement de l’élevage intensif de poulets de Belforêt-en-Perche (appartenant au géant du poulet, le groupe LDC, connu pour ses marques Le Gaulois, Maître CoQ, Marie).

En mai dernier, L214 et Stéphane Bern avaient dénoncé l’élevage intensif LDC situé à Belforêt-en-Perche (Orne) dépassant le nombre d’animaux autorisé par la préfecture. Les images montraient de plus des animaux en souffrance, agonisant. Certains étaient morts et se décomposaient parmi les vivants sur une litière souillée de déjections.
L’enquête révélait également que les animaux de cet élevage étaient nourris avec du soja OGM et recevaient un antibiotique (Monensin) intégré directement dans l’alimentation pour augmenter leur taux de survie dans ces conditions extrêmes de promiscuité.

Malgré ces révélations et l’absence au dossier d’un avis émanant de l’Autorité environnementale (MRAe), le préfet de l’Orne vient d’autoriser l’extension réalisée par cet éleveur, qui a donc le feu vert pour exploiter 58 000 poulets en simultané, soit plus de 400 000 à l’année (ou, en alternance, plus de 100 000 pintades et 48 000 dindes par an).

→ Voir la demande d’autorisation environnementale de l’élevage

→ Consulter les documents administratifs sur le site de la préfecture de l’Orne


L’extension de l’élevage de Belforêt-en-Perche : une aberration pour les animaux

Ce projet d’extension présente des problèmes majeurs pour les animaux :

  • 22 poulets par m2 : ces poulets seront entassés dans des bâtiments fermés, sans aucun accès à l’extérieur. Ce nombre élevé d’individus portera la densité entre 33 et 42 kg/m2.
    Un chiffre qui excède les recommandations de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments, agence de l’Union européenne), qui préconise de ne pas dépasser 25 kg/m2, soit environ 12 poulets par m2, afin d’éviter les plus graves problèmes de bien-être des poulets (rapport The Welfare of Chickens Kept for Meat Production (Broilers), p. 67) ;
  • 1 personne pour 58 000 poulets : seul l’exploitant est prévu pour gérer l’élevage et veiller au « niveau de bien-être et de santé » des animaux. L’arrêté du 28 juin 2010 (annexe I point 7) exige pourtant que « tous les poulets élevés dans l’exploitation [soient] inspectés au moins deux fois par jour ».

Ces conditions d’élevage sont propices au développement de parasites et d’inflammations cutanées. Les traitements médicamenteux et des vaccinations deviennent indispensables pour y remédier, comme le montre l’enquête de L214 filmée dans cet élevage au printemps dernier.

Les enquêtes de L214 sur les pratiques de LDC

Depuis des années, L214 dénonce le caractère intrinsèquement maltraitant des élevages intensifs, qui enferment aujourd’hui 80 % des poulets abattus en France. Confinés dans des bâtiments, sans accès à l’extérieur et entassés les uns sur les autres, ils souffrent de maladies et de problèmes musculo-squelettiques, à cause d’une sélection génétique intensive. Les races utilisées ont été créées pour que les oiseaux grossissent 4 fois plus rapidement qu’en 1950.

Qu’un élevage soit affilié à une marque ou un groupe comme LDC n’est en aucun cas un gage de « meilleures » conditions d’élevage. Plusieurs enquêtes de L214 ont d’ailleurs montré les terribles conditions d’élevage des poulets élevés pour l’entreprise :

L214 et une trentaine d’associations de défense des animaux en Europe demandent depuis deux ans, en vain, au groupe LDC de s’engager à respecter les critères du European Chicken Commitment (ECC) contre le pire de l’élevage intensif des poulets. Toutes les enseignes de supermarchés en France s’y sont pourtant engagées.

Des risques clairs pour l’environnement et la santé des riverains

Le dossier présent sur le site Internet de la préfecture ne comporte pas d’avis de l’Autorité environnementale (MRAe), pourtant essentiel dans l’évaluation de ce type de projets.

L’impact environnemental de cet élevage intensif sera forcément conséquent : pollution des sols, de l’eau et des nappes phréatiques, de l’air et contribution aux émissions de gaz à effet de serre (GES).

Quatre habitations sont situées à moins de 400 mètres de l’élevage, abritant 15 à 20 personnes. Au-delà même des nuisances sonores et olfactives, et de la saleté, ces riverains seront exposés à des pollutions (notamment causées par l’ammoniac) pouvant entraîner des problèmes respiratoires (voir à ce sujet les témoignages des riverains de l’élevage intensif de Bressolles dans l’Allier).

Isabelle Fernandez, porte-parole de l’association L214 : « Malgré toutes les réserves existantes, comment peut-on encore aujourd’hui autoriser ce type d’élevage ? Il est aberrant que la justice favorise encore l’élevage intensif. Nous ne baissons pas les bras. Nous irons jusqu’au bout de la procédure pour que cet élevage ne voie pas le jour.
Nous devons rester mobilisés contre ces projets dévastateurs et sortir urgemment de ce modèle d’élevage dont plus personne ne veut. 85 % des Français sont défavorables à l’élevage intensif.
C’est à la suite de projets comme celui de Belforêt-en-Perche que L214 a décidé de lancer un site Internet dédié pour mettre à la disposition des citoyens tous les outils permettant de se mobiliser contre les projets d’élevages intensifs et montrer qu’il est possible d’agir.
 »


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