44 cadavres illustrant 44 jours de croissance effrénée (et mortelle) pour ces poulets
En ce moment même, sur l’esplanade du Trocadéro à Paris, une cinquantaine d’activistes de L214 et l’animateur et producteur Nagui exposent de façon solennelle les corps de 44 poulets issus d’un élevage de la marque Le Gaulois. Victimes de malformations cardiaques ou respiratoires, d’hypertrophie musculaire, tous y sont morts prématurément.
Pour toujours plus de rentabilité, ces poulets sont issus d’une sélection génétique poussée qui a pour objectif de les faire atteindre au plus vite leur poids d’abattage1. Résultat : ils grossissent 4 fois plus vite qu’en 1950. Leur souche génétique porte un nom de code digne d’une créature de Frankenstein : Ross 3082.
Nagui se joint à L214 pour demander à la marque Le Gaulois d’arrêter d’utiliser ces souches à croissance rapide et de s’engager à bannir les pires pratiques d’élevage.
Ressources libres de droits
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Croissance ultrarapide : un poids multiplié par 60 en 40 jours
Du poussin à peine né au « poulet » prêt à être abattu pour la marque Le Gaulois, il ne s’écoule que 44 jours : ces oiseaux passent de 50 g à 3 kg, soit un poids multiplié par 60, en un mois et demi. Ils sont représentés dans l’action organisée par L214 par 44 cadavres âgés de 1 à 44 jours. Pour mieux rendre visible leur rythme de croissance, les animaux sont exposés du plus jeune au plus âgé dans les bras des activistes.
Photo de l’action en cours au Trocadéro à Paris
(album photo libre de droits – crédit : Association L214)
L214 et Nagui demandent à Le Gaulois d’abandonner les pires pratiques d’élevage
Face à l’utilisation de ces souches à croissance ultrarapide et aux souffrances induites pour les animaux, L214 et Nagui demandent à Le Gaulois (n° 1 des marques de viande de poulets en France) de s’engager à respecter les critères minimums du European Chicken Commitment (ECC), comme l’ont déjà fait près de 120 entreprises agroalimentaires en France.
Pour Nagui, présent sur l’action : « Ce ne sont pas les consommateurs qui demandent du poulet Ross 308 sélectionné génétiquement pour atteindre près de 3 kg en seulement 40 jours. Ce sont les industriels comme Le Gaulois, qui choisissent la rentabilité au détriment des animaux. Ce choix coûte cher aux poulets : ils souffrent de malformations et un nombre conséquent meurt avant même le ramassage violent pour l’abattoir.
Le Gaulois et sa maison-mère, le groupe LDC, doivent s’engager contre cette cruauté ! »
Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 : « Cette action a pour but d’illlustrer la croissance ultrarapide des poulets. 44 cadavres ramassés sur le même lot jour après jour. Il faut absolument en finir avec les pires pratiques de l’élevage intensif. La marque Le Gaulois, n° 1 du poulet en France, porte une lourde responsabilité dans la poursuite de ces pratiques cruelles pour les animaux. Pour mettre fin à ces horreurs, il est urgent de repenser notre modèle agricole et alimentaire. »
Informations pratiques :
Action en cours ce jeudi 15 février de 10 h à 11 h.
Nagui sur place de 10 h à 10 h 30.
Esplanade du Trocadéro, Paris.
Les poulets Frankenstein de Le Gaulois
La sélection génétique des poulets induit :
- des malformations cardiaques ou pulmonaires,
- des maladies,
- une hypertrophie de certaines parties du corps au détriment d’autres.
La croissance accélérée induite par la sélection génétique poussée est responsable d’une plus grande fragilité cardiaque et respiratoire chez les poulets de chair. Cette fragilité est causée par le relatif sous-développement du cœur et des poumons, au profit notamment d’une hypercroissance des muscles de la poitrine.
Elle peut mener au syndrome de la mort subite, principale cause de mortalité en élevages, qui touche surtout les mâles à croissance rapide. L’ascite (accumulation de liquide dans l’abdomen générée par une insuffisance cardiaque) est également une cause de décès importante3.
Par ailleurs, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a indiqué en 2010 qu’environ 30 % des poulets de chair élevés de manière standard présentaient des anomalies aux pattes, trop fragiles par rapport au poids des oiseaux4. Selon une étude plus ancienne réalisée en 2004, ce sont 75 à 90 % des poulets issus de souches à croissance rapide qui souffriraient de troubles de locomotion5.
Certains meurent donc parce qu’ils ne peuvent même plus se déplacer jusqu’aux abreuvoirs.
Bénéfices : LDC 1 – 0 éleveurs
Quant aux éleveurs de volailles, leur situation est peu enviable. En France, ils sont tenus à la gorge par 259 270 € de dettes en moyenne. Non seulement les éleveurs en contrat d’intégration avec LDC devront s’endetter pour construire, agrandir ou rénover leurs poulaillers, mais ils devront, en sus, obéir au doigt et à l’œil. Ils ne décident ni de la souche des animaux ni de leurs conditions d’élevage. Pourtant, bien souvent, ce sont eux qui assument les risques financiers : si les poulets tombent malades, l’éleveur peut être amené à payer les conséquences du manque à gagner, malgré son endettement.
Une injustice flagrante, quand on connaît le montant des bénéfices du groupe LDC. Les éleveurs ne s’y sont pas trompés et leur colère s’est exprimée devant le siège de LDC lors des manifestations de ces dernières semaines.
→ Pour en savoir plus sur les contrats d’intégration, voir le témoignage de Francis Guilloteau
Une demande contre le pire de l’élevage intensif : le European Chicken Commitment
L214 et une trentaine d’associations de défense des animaux en Europe demandent depuis deux ans au groupe LDC (qui possède la marque Le Gaulois, mais aussi Maître CoQ, Marie…) de s’engager à respecter les critères du European Chicken Commitment (ECC) contre le pire de l’élevage intensif des poulets. Parmi les critères de cette demande, on retrouve notamment :
- l’interdiction des souches de poulets à croissance ultrarapide engendrant de sévères problèmes de santé pour les animaux ;
- la diminution de la densité d’animaux dans les élevages (avec un maximum de 15 à 17 poulets par mètre carré au lieu de 22).
Aujourd’hui, plus de 120 entreprises majeures de l’agroalimentaire et toutes les enseignes de supermarchés (Fleury Michon, Bonduelle, Carrefour, E. Leclerc…) se sont engagées à bannir d’ici 2026 le pire de l’élevage intensif de leurs approvisionnements en viande de poulets en France en appliquant les mesures du European Chicken Commitment.
À échéance et en l’état, les poulets utilisés pour la viande premier prix de marque Carrefour, Intermarché, Lidl ou encore Aldi seront élevés suivant ces critères minimums, contrairement aux poulets de la marque Le Gaulois (LDC), hors label plein air.
→ Voir la liste des entreprises engagées sur l’ECC
→ Voir les critères du European Chicken Commitment
La pétition de L214 adressée au groupe LDC pour le respect de l’ECC a recueilli plus de 170 000 signatures à ce jour.
→ Voir la pétition adressée à LDC
Informations pratiques :
Action en cours ce jeudi 15 février de 10 h à 11 h.
Nagui sur place de 10 h à 10 h 30.
Esplanade du Trocadéro, Paris.
1. Ces poulets sont sélectionnés pour grossir 4 fois plus vite qu’en 1950.
2. La souche (ou race) de poulet Ross 308 est la plus commune des près de 700 millions de poulets élevés et abattus chaque année en France pour leur chair. Elle a été sélectionnée par l’entreprise Aviagen pour un rendement optimal entre consommation d’aliment et croissance des parties du corps les plus rentables.
3. Commission européenne, 2016 Rapport sur l’incidence de la sélection génétique sur le bien-être des poulets destinés à la production de viande, p. 8.
4. EFSA, 2010. « Scientific Opinion on the Influence of Genetic Parameters on the Welfare and the Resistance to Stress of Commercial Broilers », EFSA Journal.
5. Bizeray, Faure, Leterrier, 2004. « Faire marcher le poulet : pourquoi et comment », INRA Productions animales.