Procès de deux élevages de cochons du Finistère

Des « non-conformités majeures » relevées par la préfecture suite à la plainte de L214

Vendredi 2 février, à 8 h 30, au tribunal judiciaire de Brest, se tiendra le procès de deux élevages de cochons XXL du Finistère, exploités par le même gérant, dont L214 avait diffusé des images en novembre 2019. L’audience, initialement fixée au 25 février 2022, en est à son troisième renvoi.

Les images, commentées par Yann Arthus-Bertrand, montrent les conditions d’élevage d’animaux détenus sur deux sites situés dans les communes de Dirinon et Irvillac (35). On y voit des truies parquées dans de minuscules cages, des porcelets écrasés sous le poids de leur mère, des animaux gravement blessés et laissés sans soins, un sol en caillebotis recouvert d’excréments…

enquête dans un élevage de cochons du Finistère

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Le 20 novembre 2019, L214 a porté plainte contre ces deux élevages. Dès le lendemain, la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) de Quimper a procédé à une inspection inopinée.
Dans son procès-verbal, elle a noté « de fortes similitudes entre la vidéo remise par l’association lors de la plainte et ce que nous constatons ce jour sur les lieux de l’exploitation ».
Par ailleurs, la DDPP a relevé un total de 8 934 infractions, dont des « non-conformités majeures dans le domaine de la protection animale », et a attribué la note D (plus mauvaise note possible).

En mars 2020, juillet 2020 et avril 2021, malgré les mises en demeure de l’administration, de nouveaux contrôles de la DDPP ont révélé la persistance de nombreuses infractions.

Dans ce contexte, le procureur de la République du tribunal judiciaire de Brest a décidé de poursuivre ces deux élevages (représentés par le même gérant) pour :

  • mauvais traitements envers les animaux par un professionnel,
  • inexécution de plusieurs mises en demeure de respecter les mesures propres à assurer la protection des animaux,
  • utilisation d’un mode de détention inadapté ou pouvant être cause de souffrances ou de blessures,
  • détention d’animaux appartenant à des espèces dont la chair ou les produits sont destinés à la consommation, sans tenue conforme du registre d’élevage.

Pour Brigitte Gothière, cofondatrice et directrice de L214 : « L’État est-il vraiment capable de faire appliquer la réglementation dans les élevages ? En a-t-il même la volonté ?
On peut légitimement se poser la question face à des situations comme celle-là.

8 934, c’est le nombre d’infractions relevées par les inspecteurs de la DDPP au lendemain de la plainte de L214.

Combien d’années ces violations graves et répétées à la réglementation ont-elles pu avoir lieu sans que l’administration s’en rende compte ? Combien d’années encore auraient-elles pu passer inaperçues sans la plainte de L214 ? Pire encore, lorsque la DDPP est enfin intervenue, elle n’a même pas été capable de contraindre les élevages à régulariser leur situation, et plusieurs de ses mises en demeure sont restées lettre morte. En avril 2021, soit plus d’un an et demi après son premier contrôle inopiné, des cochons n’avaient toujours pas d’accès permanent à des éléments aussi basiques que de l’eau fraîche ou des matériaux manipulables.

Un tel mépris de la réglementation est inacceptable ! D’autant plus que les élevages intensifs de cochons sont soumis à une réglementation minimale (pour ne pas dire minimaliste), permettant des conditions d’élevage qui, du point de vue scientifique, causent déjà par elles-mêmes de grandes souffrances aux animaux. Il ne devrait pas être permis d’ajouter de la souffrance à la souffrance.

Nous espérons une condamnation efficace et dissuasive, qui saura envoyer un signal fort à toute la profession : non, le respect de la réglementation n’est pas facultatif !

Par ailleurs, pour sortir d’un système qui institutionnalise la souffrance des animaux, nous devons continuer à montrer et à dénoncer ce qui se déroule à l’abri des regards. Faire retentir l’alerte aussi souvent que possible pour qu’enfin la situation soit prise au sérieux et que les politiques publiques imposent un changement de modèle agricole et alimentaire. L214 s’y engage »



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