Mise à jour 04/10/2023 :
Audience renvoyée
à une date ultérieure
(inconnue pour le moment)
Grégory, ex-salarié et lanceur d’alerte, témoignera des mauvais traitements à l’audience
Jeudi 5 octobre, à 13 h 30, au tribunal judiciaire d’Auxerre, se tiendra le procès de la SCEA Les Tremblats II, élevage de cochons de 1 800 truies situé dans l’Yonne. Alertée par Grégory, ex-salarié de l’exploitation, L214 avait publié des images de cet élevage en août 2021.
L’élevage et 3 salariés sont poursuivis pour délits de mauvais traitements envers les animaux. Grégory, le lanceur d’alerte, sera présent à l’audience en tant que témoin.
La vidéo de L214 s’appuyait sur des images filmées au sein de l’exploitation et sur le témoignage de Grégory, ex-salarié de l’élevage, lanceur d’alerte auprès des autorités judiciaires et sanitaires et de L214. On y voyait :
- des truies recevoir de multiples coups de tournevis pour les faire avancer plus vite ;
- des truies agonisant sur le sol en béton de l’élevage, le corps entièrement tuméfié
- la coupe des dents de cochettes (jeunes truies reproductrices) à la tenaille ;
- la coupe des queues à vif et le claquage des porcelets.
Grégory témoignait également des conditions d’abattage d’une truie à la masse, de sa longue agonie et de sa mise à mort finale à l’aide d’un fusil de chasse.
Ressources libres de droits
Délits de mauvais traitements
La SCEA et son responsable technique truies sont poursuivis pour avoir exercé ou laissé s’exercer dans l’élevage des mauvais traitements envers les animaux placés sous leur garde. Les images remises à la justice par L214 et par le lanceur d’alerte ainsi que les rapports et mises en demeure des services vétérinaires étayeront les faits reprochés, à savoir :
- la pratique systématique de la coupe des queues des cochons par un personnel non formé, et l’absence de fiches monitoring et de procédure de gestion des facteurs de risques pour prévenir les morsures dans l’élevage ;
- l’absence de matériaux manipulables ou leur présence insuffisante en quantité et qualité ;
- la pratique de la castration des porcelets par déchirement des tissus par un personnel non formé
- la méthode de mise à mort des animaux non formalisée entraînant de longues agonies ;
- la pratique du claquage des porcelets sans entraîner la mort desdits animaux et en les laissant agoniser.
- le défaut de soins aux animaux blessés par les coups de tournevis, de barre de ferraille ;
- l’absence d’intervention lors de comportements violents et d’utilisation excessive et irrégulière de la pile électrique.
Le responsable technique truies gestantes et le porcher maternité sont quant à eux poursuivis pour mauvais traitements envers les animaux placés sous leur garde.
Pour le responsable technique truies gestantes, les faits reprochés sont :
- d’avoir porté des coups de tournevis, des coups de pile électrique et des coups de barre de ferraille aux cochons entraînant des blessures ;
- d’avoir porté des coups de masse à une truie et l’avoir laissée blessée et ensanglantée toute une soirée et une nuit ;
- d’avoir pratiqué la castration des porcelets par déchirement des tissus.
Pour le porcher maternité, les faits reprochés sont :
- d’avoir pratiqué la coupe systématique de la queue des cochons ;
- d’avoir pratiqué la castration des porcelets par déchirement des tissus ;
- d’avoir abattu une truie au moyen d’un fusil de chasse.
Une politique économique au détriment des animaux
Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 : « Les pratiques routinières en élevage sont le fruit d’une politique économique menée au détriment des animaux.
Les conditions d’élevage permises par la réglementation sont, du point de vue des études scientifiques, déjà largement préjudiciables aux animaux : sol en béton ajouré, truies en cage lors de la maternité, densités très élevées, absence d’accès au plein air, absence d’activités adaptées à ces animaux d’une grande intelligence.
Dans cet élevage intensif de 1 800 truies (7 fois la moyenne nationale), les règles les plus élémentaires ne sont même pas respectées : coups de tournevis, abattage à la masse et au fusil, castration par déchirement des tissus, etc. Les conditions d’élevage intensif, toujours préjudiciables aux animaux, sont ici aggravées par de nombreuses infractions, multipliant les souffrances endurées par les cochons.
Il a fallu le courage et l’énergie d’un employé révolté par ces méthodes pour que les pratiques non conformes soient enfin considérées.
Le tribunal a l’occasion de rappeler ses obligations à cet élevage : la réglementation n’est pas une option
Par ailleurs, l’inquiétude monte. La Commission européenne s’était engagée à réviser la réglementation qui encadre les conditions d’élevage, de transport et d’abattage. Une proposition devait être présentée avant la fin 2023. Les rumeurs d’un abandon sont de plus en plus fortes. Nous appelons la Commission européenne à publier sans attendre un texte interdisant les pratiques que la littérature scientifique identifie clairement comme sources de souffrances pour les animaux. Pour les cochons, la Commission peut s’appuyer sur de nombreuses sources scientifiques et sur le Pig Minimum Standards, référentiel soutenu par plusieurs associations de défense des animaux. Les cages et les mutilations doivent disparaître au plus vite.
Il est grand temps que les considérations éthiques, environnementales et sociales prennent le pas sur les considérations économiques. »