Un contraste saisissant entre les publicités de la marque Doux et les conditions d’élevage réelles
L214 dévoile une enquête filmée dans un élevage de poulets situé à Sizun (Finistère), et destinés à l’exportation. Cet élevage sous contrat avec la coopérative Yer Breizh (qui appartient notamment au groupe LDC et à la région Bretagne) fournit l’abattoir France Poultry de Châteaulin en poulets « export ». La viande est congelée et exportée vers les pays de la péninsule arabique, principalement vendue sous la marque Doux. Des publicités y sont diffusées à destination des consommateurs pour vanter « le bien-être des poulets en élevage ». Le groupe LDC (connu pour ses marques Le Gaulois, Maître CoQ, Marie, Loué) a racheté la marque Doux en 2018, dont les produits ont disparu des rayons en France.
Les images montrent des animaux entassés à plus de 26/m2 dans un bâtiment insalubre. Nourris au soja OGM, ils ne sont âgés que d’un mois et montrent déjà des signes de mauvaise santé. On découvre dans cet élevage des seaux et un congélateur remplis d’une centaine de cadavres d’animaux.
Images tournées en janvier 2023 dans un élevage de Sizun (29)
Ressources libres de droits
Pour Léo Le Ster, chargé de campagnes agroalimentaires : « Quand nous avons découvert les publicités de la marque Doux avec des poulets réalisés en animation, nous avons compris pourquoi : si les consommateurs voyaient les vraies images des élevages, ils n’achèteraient pas. C’est scandaleux d’élever des poulets dans des conditions aussi sordides et de cacher cette réalité aux consommateurs. »
L214 interpelle LDC et la région Bretagne
En conséquence, L214 :
- porte plainte contre l’élevage, le responsable de l’élevage, la coopérative Yer Breizh auprès du procureur de Brest.
- renouvelle sa demande au groupe LDC de s’engager à respecter les critères de l’European Chicken Commitment (ECC) pour limiter la densité d’animaux dans les élevages à 30 kg/m² au maximum (contre plus de 35 kg/m² aujourd’hui).1
- demande à la région Bretagne et à son président Loïg Chesnais-Girard de s’engager à faire respecter les critères minimaux de l’ECC.2
- manifeste le mardi 25 avril à partir de 11h15 devant l’abattoir de Châteaulin (29) et demande à rencontrer la direction.
- manifeste le mardi 25 avril à partir de 17h devant le Parlement de Bretagne à Rennes (35) afin d’interpeller les élus.
→ Voir les critères de l’European Chicken Commitment
→ Consulter le site de l’enquête
→ Lire la pétition adressée au groupe LDC
Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 : « Ce groupe leader en France et en Europe se doit d’être exemplaire vis-à-vis des conditions d’élevage, particulièrement lorsqu’il engage de l’argent public avec les investissements de la région Bretagne. LDC n’a aucune excuse pour ne pas s’engager à respecter les critères minimaux de l’ECC pour les poulets. »
Des poulets Doux nourris aux OGM issus de la déforestation
Les papiers de l’élevage montrent des dizaines de tonnes d’aliment livrées chaque semaine. Les tourteaux de soja génétiquement modifié arrivent en seconde position dans la liste des ingrédients.
Le soja OGM est interdit à la culture depuis 2008 en France pourtant, la France continue d’importer massivement du soja3,
et principalement du Brésil où 95 % de la culture de soja est OGM.
Selon l’association Greenpeace, la culture du soja est la principale cause de déforestation en Amérique latine.
… pour satisfaire le marché saoudien
La marque Doux est certifiée halal depuis plus de 50 ans. Depuis 2018, ses activités sont séparées entre l’abattage à l’usine France Poultry de Châteaulin, et la transformation à l’usine Doux Farmor de Quimper. Les produits Doux sont exportés dans une centaine de pays dans le monde. 90 % de la production de l’abattoir France Poultry de Châteaulin est destinée aux pays de la Péninsule Arabique, et 78 % vers l’Arabie Saoudite.
LDC : un groupe français aux ambitions internationales
C’est le groupe agroalimentaire saoudien Almunajem qui assure cette commercialisation dans le Golfe.
Dans ses vidéos publicitaires diffusées dans les pays du Golfe, la marque Doux met en avant le « savoir-faire français ». Dans une vidéo en dessin animé, on voit des poulets Doux en plein air, qui font de l’exercice et du yoga. À l’intérieur de l’élevage, des poulets sont mis en scène comme dans un salon de coiffure, pendant que d’autres sont allongés pour recevoir des massages.
Le poulet qui fait la narration affirme : « Dans les fermes Doux, nous offrons les meilleures conditions d’élevage. »
→ Vidéo publicitaire de la visite de l’élevage Doux
→ Chaîne YouTube publicitaire Doux en Arabie Saoudite
L214 a diffusé un communiqué de presse en langue arabe destiné à des médias du Golfe.
Pour Léo Le Ster, chargé de campagnes agroalimentaires : « Le comportement du groupe LDC est hypocrite : d’un côté, il dénonce les importations de viande de poulets (soit-disant moins bien traités), et de l’autre, il entretient un système d’élevage intensif destiné à exporter hors de France des millions de poulets élevés dans les pires conditions. »
La colistine, un antibiotique dangereux
Les poulets très proches génétiquement sont vulnérables à des bactéries résistantes. À plusieurs reprises, un vétérinaire a prescrit l’usage d’un antibiotique pourtant identifié par l’OMS comme critique à priorité la plus élevée : la colistine.
LDC étend son emprise sur le marché du poulet
Alors que le groupe LDC, n°1 du poulet en France et en Europe, connu pour ses marques Le Gaulois, Maître CoQ ou Marie, pointe du doigt les importations de volailles en France, celui-ci participe depuis 2018 activement à l’exportation de millions de poulets congelés vers l’Arabie Saoudite et d’autres pays du Golfe.
En 2018, l’entreprise Doux est vendue à la suite d’une condamnation et d’une amende record de 80 millions d’euros. La marque Doux intègre alors le groupe LDC, et les activités d’élevage et d’abattage sont partagées entre plusieurs acteurs : LDC, la région Bretagne, les coopératives Triskalia (désormais Eureden) et Triskalia, et le groupe agroalimentaire saoudien Almunajem.
Le montage complexe de l’élevage à la commercialisation en passant par l’abattage : Mise à jour du 25/04/2023 : l’entreprise Terrena informe L214 qu’elle n’est plus actionnaire de Yer Breizh.Pour Léo Le Ster, chargé de campagnes agroalimentaires : « Depuis le rachat de Doux en 2018, le groupe LDC part à la conquête de nouveaux marchés à l’étranger, et notamment vers les pays du Golfe. Un contraste flagrant avec sa communication publique qui vante un poulet français « bien élevé ». »
Manifestation à Châteaulin :
Abattoir France Poultry de Châteaulin
Le 25 avril de 11h15 à 13h
Manifestation à Rennes :
Parlement de Bretagne
Le 25 avril de 17h à 18h30
1. La pétition adressée à LDC est déjà soutenue par plus de 160 000 personnes.
2. La région Bretagne a investi 2 millions d’euros et possède ainsi 5 % du capital de Yer Breizh, la coopérative qui s’approvisionne auprès de cet élevage. L’objectif affiché était d’accompagner la montée en qualité de la filière agri-agro ».
3. FAOSTAT, Tableau statistique Cultures et produits animaux (France | Importations – Quantité | Cultures : Tourteaux de soja | 2021), https://www.fao.org/faostat/fr/#data/TCL (consulté le 18 avril 2023)