Mise à jour du 21 mars 2023 :
Bonne nouvelle et soulagement ce mardi 21 mars : la bénévole de L214 a été relaxée par le tribunal correctionnel de Strasbourg.
Pour Hélène Thouy, avocate de la prévenue : « La procureure de la République et le juge ont considéré que l’infraction n’était pas constituée, comme L214 le soutien depuis le début dans la mesure où ces inscriptions, qui n’ont de toute façon pas été réalisées par la prévenue, n’ont en outre causé strictement aucun préjudice puisque la craie est totalement effaçable et ce, très facilement. L’Eurométropole elle-même a reconnu cela.
Même si cette histoire se termine bien, le fait d’être poursuivie devant une juridiction correctionnelle pour des faits aussi anodins induit inévitablement des pressions sur les militants. Cette affaire constitue un élément de plus à la dissuasion à exercer leur liberté d’expression et de manifestation pour une action pacifiste et régulière. »
Procès le 21 mars à 8 h 30 au tribunal correctionnel de Strasbourg
Une bénévole de l’association L214 comparaîtra le mardi 21 mars à 8 h 30 devant le tribunal correctionnel de Strasbourg pour avoir organisé une action de sensibilisation durant laquelle un slogan sur les conditions d’élevage des animaux a été tracé à la craie sur le trottoir. Alors que la municipalité avait retiré sa plainte, le procureur de la République a décidé de poursuivre la militante. L214 dénonce l’acharnement démesuré du parquet sur cette action totalement inoffensive et non-violente qui n’a causé strictement aucun préjudice à la collectivité publique.
Retour sur les faits : le 19 mars 2022, des bénévoles de l’association mènent une action de sensibilisation devant le Monoprix de la place Kléber à Strasbourg. Munis de tracts, de banderoles et de panneaux, les bénévoles y dénoncent les conditions d’élevage des poulets commercialisés par le groupe LDC sous sa marque Le Gaulois. Lors de cette action, des inscriptions « le Gaulois vous ment » sont tracées au sol à l’aide d’une bombe à craie qui s’efface facilement à l’eau.
Le slogan tracé à la craie le 19 mars 2022
(photos libres de droits)
Lorsque la police arrive sur place, la bénévole indique partir chez elle (à 1 minute à pied du lieu de l’action) pour récupérer un seau et une brosse pour enlever les inscriptions, comme cela était prévu à l’issue de l’action.
Pourtant, elle apprend ensuite que la municipalité a porté plainte à son encontre. Plainte que l’Eurométropole de Strasbourg a retirée, comme elle l’explique dans un courrier adressé à la prévenue : l’Eurométropole « s’excuse de la gêne occasionnée » et fait part d’une procédure « instruite de manière automatique. »
Le procureur de la République a malgré tout engagé des poursuites contre la militante. L214 dénonce l’acharnement du parquet alors que les faits commis n’ont entraîné strictement aucun préjudice à la collectivité publique, laquelle a d’ailleurs retiré sa plainte.
Des actions de sensibilisation similaires ont eu lieu dans une trentaine de territoires en France faisant suite à une enquête filmée de L214 parue quelques semaines plus tôt. Aucune municipalité n’a souhaité poursuivre de bénévoles pour avoir réalisé cette action.
Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 : « Non, vous ne rêvez pas, ce sont bien des inscriptions à la craie sur le trottoir qui ont amené l’une de nos bénévoles devant le tribunal ! On pourrait en rire tellement ça semble exagéré mais c’est une nouvelle démonstration de la répression qui peut toucher des associations comme la nôtre, même pour les actions de sensibilisation les plus inoffensives et consensuelles. On se retrouve dans une situation aberrante où la justice passe plus de temps à empêcher les activistes de dénoncer les violences faites aux animaux dans les élevages qu’elle n’en passe à identifier et à punir ces mêmes violences ! »
Maître Hélène Thouy, avocate de la prévenue, revient sur cette affaire : « La liberté d’expression est un droit fondamental que les bénévoles de L214 exercent pacifiquement à chaque événement pour informer le grand public sur les pratiques d’élevage, de transport et d’abattage des animaux. Au regard de l’absence de préjudice résultant d’un simple tracé à la craie par nature effaçable, les poursuites engagées contre cette militante portent une atteinte grave et totalement disproportionnée aux libertés d’expression, de réunion et de manifestation. »