Procès en appel de l’éleveur de canards de Lichos


Le 7 février à 13 h 30 à la Cour d’appel de Pau


Mardi 7 février à 13 h 30 se tiendra devant la Cour d’appel de Pau le second procès de l’exploitant de l’élevage de canards (reproducteurs pour la production de foie gras) de Lichos, dont L214 avait révélé les images en août 2020. Les images de ces animaux dans des cages délabrées au-dessus d’une épaisse couche d’excréments étaient tellement insoutenables que les préfectures des Pyrénées-Atlantiques et des Landes avaient suspendu l’activité de l’exploitant.
Condamné en première instance à une peine de 10 mois d’emprisonnement avec sursis pour mauvais traitements sur les animaux, à près de 3 000  € d’amendes pour diverses contraventions ainsi qu’à une peine complémentaire d’interdiction d’exercer une activité professionnelle en lien avec les animaux pendant 5 ans, l’exploitant a fait appel de ses condamnations pénales.
Sa société a également été condamnée à une fermeture définitive et à une amende de 40 000 € avec sursis.
Au vu de la gravité des faits, L214 espère que l’interdiction d’exercer une activité professionnelle en lien avec les animaux sera maintenue en appel.

→ Lire la réaction de L214 suite à la condamnation en 1re instance

Des images particulièrement choquantes

« En 15 ans d’enquêtes de terrain, jamais je n’avais vu une situation pareille ! », déclarait Sébastien Arsac, directeur des enquêtes de L214, au sujet de cet élevage.

Sur les images, particulièrement choquantes, on pouvait voir un bâtiment délabré, sans fenêtres, abritant des dizaines de cages défoncées. Dans ces cages étroites, nues et grillagées, des canards en souffrance extrême, au milieu de leurs congénères morts, en état de putréfaction et parfois même à l’état de squelette. Au sol, des canards échappés des cages défoncées pataugeaient dans une couche de 15 cm d’excréments rendant l’air irrespirable. Ce flot de déjections s’écoulait à l’extérieur du bâtiment, à proximité d’un cours d’eau classé Natura 2000. Des rats, des asticots et des mouches étaient présents en grand nombre dans le bâtiment.

→ Revoir les images d’enquête

→ Télécharger des images vidéo brutes (libres de droits)

→ Télécharger des photos de l’enquête (libres de droits)

→ Lire le communiqué de presse de l’enquête


Des faits similaires sur d’autres sites d’élevage de l’exploitant

Les éléments fournis par L214 dans le cadre de sa plainte ont déclenché une enquête approfondie des services de l’État dans l’ensemble des exploitations de l’éleveur. De nombreux dysfonctionnements ont été mis en évidence sur cinq sites d’élevage à Lichos (64), Cassen (40), Momuy (40), Larrivière-Saint-Savin (40) et Bugard (65) et ont entraîné la condamnation de l’exploitant pour :

  • mauvais traitements envers les animaux commis par un professionnel,
  • atteintes à l’environnement,
  • défaillances sanitaires,
  • lacunes administratives.

Les conditions de détention effroyables des animaux et les problèmes sanitaires identifiés à Lichos avaient été relevés de façon similaire sur un autre site de l’exploitant, à Cassen.

L’enquête a par ailleurs révélé que l’exploitant avait mis à mort lui-même 400 canes par dislocation du cou avec une pince et laissé les cadavres de ces animaux se décomposer sur place dans un bâtiment du site de Lichos. D’autres cadavres ont été retrouvés sur les sites de Momuy, Bugard et Larrivière-Saint-Savin, dont les bâtiments étaient par ailleurs insalubres.

D’autre part, dans l’industrie du foie gras, seuls les mâles sont utilisés. Depuis 2015, dans le couvoir de Lichos, les canetons femelles étaient directement jetés dans une benne puis recouverts d’une bâche en plastique avec du poids par-dessus : ils mouraient étouffés ou écrasés.

Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 : « La situation découverte dans cette exploitation était effarante : les canards et les ouvriers pataugeaient quotidiennement dans une couche épaisse de déjections et respiraient un air toxique. Dans cet élevage il y avait non seulement de la souffrance animale, mais aussi des conditions de travail épouvantables et de la pollution environnementale. L’enquête judiciaire faisant suite à notre enquête a révélé davantage d’infractions, notamment des charniers et une série de 400 mises à mort à la pince.
Bien que nous comprenions les difficultés auxquelles peuvent faire face les éleveurs, il est impératif de faire respecter la loi, qui est déjà insuffisante pour protéger les animaux de souffrances extrêmes.
Nous pensons qu’il est essentiel de maintenir l’interdiction d’exercer auprès d’animaux pour une période de 5 ans, compte tenu de l’étendue et de la gravité des faits. C’est dans cet esprit que nous agirons en tant que partie civile.
 »