L214 filme les larmes d’un taureau à la corrida de Brocas (Landes)

Le 16/11/2022

L214 a filmé la mise à mort de 6 taureaux à la corrida de Brocas dans les Landes

L214 diffuse ce mercredi 16 novembre les images filmées de la corrida qui s’est tenue à Brocas (Landes) le 24 septembre dernier, en soutien à la proposition de loi visant à abolir la corrida discutée aujourd’hui en commission des lois à l’Assemblée nationale. Porté par Aymeric Caron (La France Insoumise), ce texte devrait être soumis au vote des députés le 24 novembre prochain. Il s’agit d’une occasion historique pour le Parlement d’interdire cette pratique, comme le souhaitent 8 Français sur 10.

Larmes et mises à mort laborieuses des taureaux

Sur les images, on voit 6 jeunes taureaux mourir après avoir été blessés par plusieurs types d’armes blanches (lance, harpons, épées et couteau). Les images montrent notamment les ratés, comme ce taureau transpercé de part en part par une épée ou bien les multiples coups de couteaux nécessaires pour achever cet autre taureau à terre. Les images montrent également les cris déchirants d’un très jeune taureau qui vient d’être harponné et les larmes d’un taureau après avoir été lardé par les harpons.

La corrida, un divertissement sanglant

Sébastien Arsac décrypte les images : « La corrida est un jeu de type « mimicry » »

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Dans la vidéo diffusée ce jour, Sébastien Arsac, directeur des enquêtes de L214, démontre que la corrida est un jeu de type « mimicry » (ou « mimétisme ») selon la classification de Roger Caillois, sociologue et membre de l’Académie française. Un jeu mimicry se définit comme le fait de « devenir soi-même un personnage illusoire et se conduire en conséquence », c’est-à-dire jouer un rôle. Ici, les joueurs font comme s’ils combattaient un taureau alors qu’il s’agit d’un combat simulé où toute blessure grave d’un torero arrêterait la corrida, et dans lequel la mise à mort des taureaux est la règle.
La question posée par L214 est la suivante : un jeu, aussi traditionnel soit-il, peut-il justifier la mise à mort laborieuse de 6 taureaux par partie ?

La corrida, dans la droite lignée des jeux traditionnels cruels abandonnés au fil de l’histoire

Dans l’histoire humaine, les jeux sportifs évoluent avec la société dans laquelle ils vivent.

Ainsi au XVIIe et le XVIIIe siècle, « le lancer de renard », un jeu populaire en Europe, consistait à capturer des renards puis à les relâcher dans une arène où les attendaient des joueurs.

lancer de renard

Ces derniers tenaient une corde, chacun à une extrémité, et attendaient qu’un des renards passe pour tirer sur la corde et ainsi projeter le renard en hauteur. La plupart des lancers étaient mortels pour les animaux. Ce jeu se jouait aussi avec des lièvres, des marcassins, des chats, entre autres.

Jeu du coup de l'oie

Issu de l’Espagne, un autre jeu qui s’est diffusé dans de nombreux pays en Europe entre le XIIe et le XIXe siècle, appelé « jeu du cou de l’oie » consistait à arracher la tête d’une oie tout en étant juché sur le dos d’un cheval.

D’autres jeux populaires basés sur la torture d’animaux (chats, chiens, anguilles…) ont été abandonnés.

Petit à petit, la corrida, incompatible avec la considération éthique actuelle pour les animaux, est abolie dans de nombreux pays ou régions où elle était pratiquée : le Chili, l’Argentine, Cuba, l’Uruguay, la Catalogne ont fait le choix d’interdire les corridas, et Mexico (plus grande arène au monde) vient de les suspendre à son tour.

Le 24 novembre : un vote test

Le vote en séance plénière du 24 novembre sera un test :

  • concernant la sincérité de l’engagement des élus pour les animaux : les députés sont en grande majorité prompts à exprimer leur attachement au bien-être des animaux et leur opposition à la maltraitance animale. S’abstenir de voter ou voter contre l’abolition de la corrida, explicitement qualifiée par la loi de pratique cruelle (mais qui bénéficie aujourd’hui d’une dérogation géographique), révèlera la sincérité de leur engagement. Le vote au scrutin public permettra aux citoyens de connaître la teneur du vote de leur député.
  • concernant l’état de santé de notre démocratie : la grande majorité des Français sont opposés à la corrida, toutes tendances politiques confondues. C’est ce qui ressort des différents sondages sur la question. Celui de l’Ifop pour 30 Millions d’Amis (janvier 2022) révèle que 77 % des Français sont favorables à l’interdiction des corridas (dont ruraux : 73 %; Paris : 74 %; Gauche : 80 %; Maj. prés. : 78 %; Droite : 69 %; RN : 78 %; sans sympathie partisane : 76 %).
    L’issue du vote montrera l’adéquation ou non entre les Français et leurs représentants, ainsi que le poids des intérêts privés du lobby tauromachique sur les parlementaires.

Pour Sébastien Arsac, cofondateur de L214 et directeur des enquêtes : « Pour les toreros, la corrida est un jeu sportif traditionnel qu’il faut faire perdurer. Tout au long de notre Histoire, nous avons toujours exercé un droit d’inventaire sur nos traditions. Il est sain de se pencher sur une pratique et d’être capable de l’abandonner quand elle n’est plus en accord avec les valeurs contemporaines. Par le passé, des jeux populaires qui consistaient à arracher la tête des oies ou à projeter des renards ont été interdits. La corrida, qui induit une mise à mort lente et laborieuse de taureaux blessés par différentes armes tranchantes, ce qui est interdit dans un abattoir, est un anachronisme dans une société consciente de la sensibilité et de l’intelligence des autres animaux. Cette proposition de loi est une opportunité historique pour la condition animale. »

Collectif d’associations et mobilisations à venir

L214 fait partie du collectif « Ensemble pour l’abolition » qui rassemble les principales associations de défense des animaux en France mobilisées pour l’abolition de la corrida.

→ Voir le site Ensemble pour l’abolition

Le week-end du 19 et 20 novembre, des rassemblements de soutien à la proposition de loi visant à abolir la corrida se tiendront partout en France.
Le 24 novembre, un rassemblement se tiendra devant l’Assemblée nationale.

→ Consulter le calendrier des actions

L’abolition de la corrida, une évidence

Pour l’Ordre national des vétérinaires : « Les spectacles taurins sanglants, entraînant, par des plaies profondes sciemment provoquées, des souffrances animales foncièrement évitables et conduisant à la mise à mort d’animaux tenus dans un espace clos et sans possibilité de fuite, dans le seul but d’un divertissement, ne sont aucunement compatibles avec le respect du bien-être animal. »