L214 publie un classement des grandes chaînes de restauration

Le 06/10/2022

Mauvaises notes pour Burger King et McDonald’s

L214 publie ce jeudi 6 octobre un classement des grandes chaînes de restauration sur la base de leurs politiques et pratiques d’approvisionnement en viande de poulets. Parmi les 12 enseignes françaises passées au crible, les géants Burger King et McDonald’s se retrouvent dans les derniers du classement, loin derrière certains de leurs concurrents comme KFC ou Subway qui ont pris des engagements concrets sur les conditions d’élevage et d’abattage des poulets.

Les chaînes de restauration ont été notées et classées selon les critères du Pecking Order, initiative lancée en 2019 par l’association internationale World Animal Protection, qui évalue les entreprises selon leur respect des critères d’élevage et d’abattage du European Chicken Commitment, à savoir :

  • une diminution du nombre d’animaux par mètre carré,
  • l’interdiction des souches de poulets à croissance ultrarapide engendrant de sévères problèmes de santé pour les animaux,
  • l’accès à de la lumière naturelle,
  • un enrichissement de l’environnement des poulets, de façon à répondre de façon minimale à leurs besoins comportementaux,
  • une méthode d’abattage n’impliquant pas un accrochage des oiseaux par les pattes, la tête en bas, alors qu’ils sont encore conscients.

Le classement met en lumière deux principales tendances :

  • un certain nombre d’entreprises se sont publiquement engagées sur des critères minimaux mais n’ont par la suite fait état d’aucun progrès ou presque : ainsi, Domino’s Pizza, KFC, Pizza Hut et Subway se sont engagées publiquement à respecter les exigences du European Chicken Commitment. Le groupe Holder, détenteur des boulangeries Paul, a en plus fait le choix de garantir un accès à l’extérieur aux animaux pour 20 % au moins de ses volumes de viande de poulets achetés en France. Malheureusement, toutes ces enseignes pèchent dès lors qu’il s’agit de rendre compte des progrès concrètement réalisés à ce jour.
  • d’autres n’ont tout simplement pas pris d’engagement à respecter la politique minimale que constitue le European Chicken Commitment : les géants du fast-food McDonald’s et Burger King, mais aussi Quick, Buffalo Grill, O’Tacos, Autogrill et Starbucks, se disputent ainsi la fin du classement. Aucun de ces restaurants n’a publié d’engagement suffisamment ambitieux en ce qui concerne le recul des pires conditions d’élevage et d’abattage des poulets.

→ Voir le classement complet des chaînes de restauration

Burger King et McDonald’s refusent de s’engager malgré la demande sociétale

Burger King ayant ignoré pendant plusieurs mois les demandes et tentatives de dialogue de l’association, L214 a lancé en octobre 2021 une campagne d’information du public pour dénoncer l’approvisionnement du « roi du burger » auprès des pires élevages intensifs. D’abord présenté auprès de sa clientèle comme le « roi de la cruauté », Burger King a ensuite vu son opération marketing « Burger Mystère » détournée par les bénévoles de L214, qui ont distribué devant ses restaurants des « Burgers Vérité ».

Une pétition signée par plus de 80 000 personnes demande à l’enseigne de s’engager à bannir le pire de l’élevage intensif des poulets en appliquant les mesures du European Chicken Commitment, mais Burger King refuse toujours de faire évoluer ses pratiques.

→ Voir le communiqué du lancement de la campagne à destination de Burger King (octobre 2021)

De la même façon, McDonald’s reste sourd aux demandes réalistes des associations concernant l’élevage et l’abattage des poulets et n’a toujours pas publié d’engagement sérieux à ce sujet.

Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 : « Le classement du Pecking Order met en évidence que plusieurs chaînes de restauration ont encore du chemin à parcourir pour faire reculer les pires pratiques d’élevage et d’abattage des poulets. Malgré la prise de conscience de certaines d’entre elles, McDonald’s et Burger King refusent toujours de prendre des engagements suffisants, usant même de communications trompeuses dans le cas de Burger King. Nous continuerons donc d’informer le public de leurs pratiques en décalage total avec la demande sociétale : 9 personnes sur 10 sont opposées aux pratiques d’élevage intensif des poulets comme les fortes densités ou la sélection génétique. »


La méthodologie du Pecking Order

La méthodologie du Pecking Order est basée sur le European Chicken Commitment (ECC), dont les critères ont été établis conformément aux dernières connaissances scientifiques en matière de « bien-être animal » et sont soutenus par plusieurs organisations de protection animale à travers le monde.
Le Pecking Order est composé de deux sous-ensembles de critères : le premier porte sur les engagements des entreprises, le second évalue les progrès qu’elles ont réalisés dans le recul de l’élevage intensif des poulets. Chaque critère se focalise sur un point spécifique de l’ECC. Après une évaluation réalisée par l’agence Chronos de mars à mai, les entreprises ont bénéficié d’un mois pour mettre à jour ou publier leurs engagements.

→ Voir le détail de la méthodologie du Pecking Order

Un mouvement pour la fin des pires pratiques d’élevage des poulets

En élevage standard, les poulets sont enfermés toute leur vie par dizaines de milliers, sans accès à l’extérieur, à l’air pur ni même à la lumière du jour. Ils vivent entassés jusqu’à 22 par mètre carré. Leur litière n’est jamais changée et est gorgée de déjections. L’ammoniac qui s’en dégage brûle la peau et les poumons des animaux qui, par ailleurs, sont sélectionnés génétiquement pour grossir très vite. En conséquence, nombre d’entre eux souffrent de problèmes cardiaques et respiratoires et sont à peine capables de supporter leur propre poids. Certains ne peuvent plus se déplacer jusqu’aux lignes d’alimentation et finissent par mourir de faim ou de soif.
À l’abattoir, les poulets sont suspendus par les pattes, conscients, avant d’être étourdis. Une telle méthode provoque chez eux un stress important ainsi que de nombreuses blessures.

→ Voir nos enquêtes sur l’élevage et l’abattage des poulets

Le European Chicken Commitment a pour objectif de répondre à ces problématiques. Il constitue une demande minimale, portée à la connaissance des entreprises par une trentaine d’associations européennes dans le but de réduire les souffrances des poulets utilisés dans la production alimentaire.

À ce jour, plus de 100 entreprises ont déjà pris cet engagement en France.

En France, L214 demande également qu’au moins 20 % des approvisionnements en viande de poulets des entreprises qui s’engagent à respecter les critères de l’ECC soient issus d’élevages donnant aux animaux un accès au plein air ou à un jardin d’hiver.

→ Voir les critères du European Chicken Commitment

→ Voir la liste des entreprises engagées