Grippe aviaire : images inédites de millions d’oiseaux enterrés

Le 27/04/2022

Des images filmées au drone au-dessus d’un chantier d’autoroute


L214 diffuse aujourd’hui des images inédites filmées au drone : elles montrent l’enfouissement de millions d’oiseaux d’élevage1 dans une fosse réquisitionnée par l’État sur un chantier d’autoroute en Vendée.

On y voit des monceaux de cadavres de poulets étalés à la pelleteuse et recouverts de chaux dispersée par des sortes de canons à neige.

Ces images ont été filmées il y a quelques jours sur un chantier situé près de Petosse, le long de la RD 949 reliant Fontenay-le-Comte à Luçon.


Grippe aviaire, stockage des cadavres de volailles à Petosse

Depuis le début de l’épidémie de peste aviaire (appelée improprement grippe aviaire2), près de 20 millions d’oiseaux d’élevage ont été tués3 par asphyxie. L’ampleur de la catastrophe est telle que l’État est débordé par le volume des cadavres et demande aux éleveurs d’improviser des fosses ou bien réquisitionne des lieux d’enfouissement, comme ici celui de Petosse.

Les élevages intensifs, antennes-relais de la grippe aviaire

Les mesures de claustration n’empêchent pas la diffusion du virus. Les élevages professionnels sont les plus touchés : à la date du 22 avril 2022, 1 330 foyers d’influenza aviaire hautement pathogène étaient identifiés dans des élevages en France (contre 46 cas en faune sauvage et 30 cas en basse-cour).

Les élevages intensifs sont comme des antennes-relais de diffusion du virus : il s’introduit dans les bâtiments d’élevage par les ventilations4 ; la promiscuité et le nombre d’animaux y sont propices à sa démultiplication ; la charge virale augmente donc, et est ventilée à l’extérieur des bâtiments. Dans les zones très denses en élevages comme la Vendée ou les Deux-Sèvres, les foyers peuvent ainsi s’étendre de proche en proche.

En France, l’élevage intensif domine largement la production. 83 % des poulets et 97 % des dindes sont élevés en bâtiment fermé sans accès à l’extérieur. Il faut tirer des leçons de cette crise sans précédent. La sortie du modèle de l’élevage intensif et la diminution du nombre d’animaux d’élevage sont cruciales.

Pour Sébastien Arsac, cofondateur de L214 : « La barbarie des humains envers les animaux a atteint son paroxysme. Le massacre des oiseaux d’élevage est tellement massif qu’on ne sait plus quoi faire des cadavres. 20 millions d’oiseaux sont enfouis et traités comme des déchets. Et pour la santé publique, cette catastrophe représente aussi une véritable épée de Damoclès. Les élevages intensifs sont de véritables antennes-relais du virus. Il faut tirer les enseignements de cette calamité : il est urgent de diminuer le nombre d’animaux d’élevage et d’amorcer une sortie de l’élevage intensif. »


1. La fosse de Petosse a déjà reçu plusieurs milliers de tonnes de cadavres de volailles et pourrait en recevoir 25 000 tonnes au total. Les poulets d’élevage pesant moins de 2 kg, 25 000 tonnes de cadavres correspondent à plus de 12,5 millions d’oiseaux.
2. Selon l’Académie de médecine vétérinaire, le terme est impropre. Nous devrions parler de peste aviaire puisqu’il s’agit d’une septicémie à taux de mortalité important, et non d’une affection uniquement respiratoire.
3. Laurence Girard, « À cause de l’épidémie de grippe aviaire, la production de poulets pourrait baisser de 30 % », Le Monde, 21 avril 2022.
4. AFP, « Grippe aviaire. La maladie va nécessiter des changements de pratiques pour les éleveurs », France 3 Bretagne, 11 avril 2022.