Enquête #1 dans un élevage de poulets Le Gaulois (Sarthe)

Le 22/02/2022

« Le poulet Le Gaulois ? Quand je vais au supermarché, je regarde, mais je passe mon chemin. Sachant comment il est élevé… »


L214 dévoile des images filmées dans un élevage intensif de poulets situé à Moncé-en-Saosnois, dans la Sarthe*. L’élevage approvisionne Le Gaulois, marque phare du groupe LDC. Francis Guilloteau, éleveur de volailles depuis 36 ans, témoigne devant la caméra de L214 pour dénoncer l’élevage intensif des poulets.


La vidéo montre l’enfer vécu par ces animaux à Moncé-en-Saosnois : densités extrêmes (jusqu’à 22 poulets par mètre carré), aucun accès à l’extérieur, sélection génétique pour pousser leur croissance… Les poulets souffrent de maladies et de problèmes musculo-squelettiques, entraînant des boiteries, des fractures, des arrêts cardiaques. Certains agonisent, d’autres sont déjà morts depuis plusieurs jours : leurs cadavres se décomposent. Par ailleurs, la benne d’équarrissage est remplie de poulets en état de décomposition avancée.


Élevage intensif de poulets Le Gaulois

Derrière l’origine France, l’omniprésence de l’élevage intensif

Cet élevage Le Gaulois a l’autorisation d’entasser 45 000 animaux en simultané dans deux bâtiments. Une demande est en cours pour un agrandissement qui permettrait de monter à 75 000 animaux en simultané dans trois bâtiments, pour un total de plus de 550 000 poulets produits par an.

L’éleveur Francis Guilloteau dénonce l’illusion de qualité vendue par « l’origine France » :

« Les gens sont attachés au « made in France » parce qu’ils croient que c’est une bonne réputation, que c’est du sérieux. Mais moi, je suis éleveur, j’ai 36 ans d’élevage… Quand on voit la publicité à la TV, c’est que de la publicité mensongère ! Le Gaulois… Douce France… les gens sont complètement aveuglés… »

« Le consommateur qui achète Le Gaulois est complètement dans l’ignorance. Il ne sait pas du tout ce qui est dans la barquette. »

Les éleveurs sous pression des coopératives agricoles

Francis Guilloteau évoque même une injonction de la part des groupes leaders sur le marché de la viande de poulets en France, comme le groupe LDC**, à pratiquer de l’élevage intensif plutôt que des pratiques qu’il considère comme raisonnées :

« L’éleveur aujourd’hui est un esclave. Il ne décide rien du tout. Il ne décide pas la souche, il ne décide pas l’aliment. Il ne décide rien du tout. Il ne décide même pas son prix. Il est condamné à travailler et produire au maximum. »

Il ajoute :
« Les élevages intensifs, il faut que ça s’arrête ! Il faudrait immédiatement arrêter les constructions, la rénovation des élevages [intensifs]. »

Pour Sébastien Arsac, porte-parole de l’association L214 : « Les éleveurs, pour la plupart dépendants des grands groupes agroalimentaires, subissent de terribles pressions économiques. Les marques comme Le Gaulois jouent du “made in France” pour occulter la réalité de l’élevage intensif des poulets tel qu’il est pratiqué dans notre pays. Pour maintenir une production forte et entretenir le fonctionnement de cette filière, les poulets sont entassés à l’extrême. Ils sont sélectionnés génétiquement pour grossir le plus rapidement possible. Pendant 35 jours, ils sont élevés sur une litière qui n’est pas changée et se gorge de déjections. Ceux qui ne supportent pas ces conditions sont laissés sans soins.
Le rejet de ce mode d’élevage est unanime : 85 % des Français sont favorables à la fin de l’élevage intensif. La majorité des candidats sont actuellement sourds à cette forte attente. Cette semaine d’enquêtes va mettre en lumière le sort effroyable des animaux, la grande précarité des éleveurs, les atteintes à l’environnement et à notre santé.
Les candidats se saisiront-ils de cette question majeure ?
 »


Ce samedi 26 février s’ouvre le Salon international de l’agriculture où sera dressée une image idyllique et fantasmée de l’agriculture française.

En contrepoint, et pour montrer la réalité concrète de ce que vivent les animaux, L214 diffuse du 22 au 26 février 2022 une série d’enquêtes représentatives de l’élevage en France, où 80 % des animaux abattus proviennent de systèmes intensifs.

Ce triste constat est très éloigné des attentes des Français qui sont 85 % à être favorables à l’interdiction de l’élevage intensif (dont ruraux, 86 % ; Paris, 81 % ; gauche, 88 % ; majorité présidentielle, 85 % ; droite, 82 % ; droite radicale et RN, 89 %) sondage Ifop pour la Fondation 30 Millions d’Amis de 2022.

→ Site d’interpellation des candidats à l’élection présidentielle


* Images tournées en janvier 2022.
** Numéro 1 français de la « volaille » et un des leaders européens, le groupe LDC travaille sous contrat avec des éleveurs en leur fournissant l’expertise, la logistique, l’alimentation pour mener leur élevage. LDC est également propriétaire des abattoirs et des usines de transformation qui fournissent en viande de poulet leurs marques ainsi que celles de nombreux autres acteurs de l’agroalimentaire. Les marques du groupe LDC détiennent à elles seules 40 % du marché français de la « volaille ».

Le Gaulois et LDC font obstacle à la fin des pires pratiques d’élevage intensif des poulets

En mai 2021, L214 a lancé une campagne d’information publique pour demander au groupe LDC (connu pour les marques Le Gaulois, Maître CoQ, Marie) de s’engager à respecter les critères du European Chicken Commitment, soutenus par une trentaine d’associations européennes.

→ Lire le communiqué de presse de la campagne lancée en mai 2021 à destination du groupe LDC

En juillet 2021, l’actrice Julie Depardieu présentait les images d’une enquête de L214 dans un élevage Maître CoQ (une autre marque du groupe LDC) utilisant la souche de poulet à croissance rapide Ross 308.

→ Voir l’enquête Maître CoQ de 2021

En novembre 2021, L214 a dévoilé les nombreux manquements à la réglementation d’un élevage vitrine de la marque Le Gaulois situé à Saint-Saturnin-du-Limet, en Mayenne.

→ Voir l’enquête Le Gaulois de 2021

Races de poulets à croissance moins rapide, lumière naturelle et intensité lumineuse minimale, baisse des densités dans les élevages, enrichissement du milieu de vie, abandon de l’accrochage des poulets encore conscients à l’abattoir : les mesures du European Chicken Commitment (ECC) sont un strict minimum. L214 dénonce le refus du plus grand producteur français de prendre un engagement sur ces critères.

→ Voir les critères du European Chicken Commitment (ECC)

→ Voir la liste des entreprises engagées sur l’ECC

L’élection présidentielle, une occasion pour les candidats de s’engager contre l’élevage intensif

La cause animale et l’environnement constituent des enjeux électoraux majeurs. Si des responsables politiques prennent peu à peu la mesure des attentes des citoyens, leurs actes ne sont toujours pas à la hauteur.

Dans le cadre de l’élection présidentielle, L214 encourage les candidats à prendre des engagements significatifs et les recense sur son observatoire Politique & Animaux. Parmi les mesures portées par l’association figure la sortie de l’élevage intensif d’ici 10 ans et la démocratisation de l’alimentation végétale pour arriver à une réduction de moitié de la consommation de produits d’origine animale en 5 ans.

→ Découvrir la pétition de L214

→ Découvrir le site Politique & Animaux