Le 24/01/2022
REI, Picardie nature et L214 se mobilisent
En dépit d’une forte opposition, la préfecture du Nord a donné un avis favorable à la demande d’agrandissement de la SCL DU MÉNAGE pour l’exploitation d’un élevage intensif de vaches.
L’effectif de l’élevage passerait ainsi de 150 à 399 vaches, soit 249 animaux supplémentaires.
Les associations L214, Refus des élevages industriels (REI) et Picardie nature contestent l’autorisation préfectorale et ont déposé un recours1 auprès du tribunal administratif de Lille.
Une aberration pour les animaux
Dans ce projet d’élevage, les vaches laitières seront enfermées dans des bâtiments, sans aucun accès à l’extérieur.
En élevage intensif, les animaux sont poussés à l’hyper productivité. Les vaches souffrent fréquemment de pathologies douloureuses : mammites (inflammations des mamelles causées par des infections contractées lors de la traite), métrites (infections de l’utérus causées par de mauvaises conditions d’hygiène lors de la mise bas), boiteries et autres blessures au niveau des pattes causées par un couchage non adapté…
Après une production de lait intensive, épuisées, malades, blessées ou stériles, les vaches sont conduites à l’abattoir. Alors que les bovins ont une espérance de vie d’environ 20 ans, les vaches laitières « en production » sont généralement tuées au bout de 8 ans.
Une aberration environnementale
Au-delà des souffrances infligées aux animaux, les conséquences sur les sols et l’air sont elles aussi inquiétantes.
Certaines terres d’épandage du projet se trouvent au sein du parc naturel régional de l’Avesnois, sur plusieurs zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF). Le projet prévoit notamment un épandage de plus de 360 hectares sur ces zones.
L’exploitation et les zones d’épandage sont également situées en vigilance nitrate, à proximité d’une zone à « enjeu eau potable ». Les mesures de protection instaurées pour éviter une pollution de l’eau destinée à la consommation humaine ne sont pas respectées.
Ce type d’élevage implique également l’utilisation de ressources en eau, des rejets dans l’air (ammoniac, poussières), des effluents liquides et solides ainsi que des nuisances sonores et olfactives pour les riverains.
Une concentration de plusieurs élevages
Depuis 2018, 8 autres arrêtés préfectoraux autorisant l’exploitation d’élevages intensifs de vaches ont été délivrés dans un rayon de 20 km autour de Catillon-sur-Sambre.
Alors que la moyenne française est de 66 vaches par ferme, ces élevages ont été autorisés à passer à un cheptel moyen de 150 à 300 vaches laitières.
De plus, aucun de ces dossiers n’a été soumis à une étude d’impact.
Ces élevages et leurs plans d’épandage sont situés sur un environnement naturel dit « milieu sensible ».
Le risque de pollution est augmenté par la concentration, sur un territoire restreint, de près d’une dizaine d’exploitations de ce type, réunissant plusieurs milliers de vaches laitières et de veaux.
Pour Isabelle Fernandez, porte-parole de l’association L214 : « La grande majorité des Français s’oppose à l’élevage intensif ; les conséquences néfastes de ce type de projet sont connues. Nous déposons un recours contre la décision de la préfecture qui a autorisé ce projet d’agrandissement cruel pour les animaux, dommageable pour l’environnement, et contraire à l’intérêt général.
L’urgence est de sortir de l’élevage intensif, certainement pas de le développer et le faire perdurer. »
1. Recours déposé fin septembre 2021.
Élection présidentielle : l’occasion de s’engager pour un moratoire
La cause animale et l’environnement constituent des enjeux électoraux majeurs. Si des responsables politiques prennent peu à peu la mesure des attentes des citoyens, leurs actes ne sont toujours pas à la hauteur.
Les projets d’élevages intensifs ne doivent plus voir le jour.
Dans le cadre de l’élection présidentielle, L214 encourage les candidats à prendre des engagements significatifs et les recense sur son observatoire Politique & Animaux. Parmi les mesures portées par l’association figure la sortie de l’élevage intensif d’ici 10 ans.
→ Découvrir le site Politique & Animaux
Mobilisation contre les projets d’élevages intensifs
Les actions menées par l’association de riverains Novissen, soutenue par de nombreuses organisations dont L214, ont permis d’arrêter un projet d’une grande ampleur dans la Somme. La ferme des 1 000 vaches a cessé son activité début janvier 2021. Cette victoire contre le symbole français de l’élevage intensif montre que la mobilisation peut aboutir et qu’il est possible d’enrayer l’expansion de ce mode d’élevage particulièrement cruel, qui concerne aujourd’hui 80 % des animaux en France.
La demande sociétale est forte : 88 % des Français (sondage YouGov pour L214, juin 2019) sont opposés à ces élevages qui enferment les animaux et ont des conséquences effroyables pour eux, l’environnement, la santé, sans oublier les conditions de travail difficiles des éleveurs et des ouvriers d’abattoirs.
En France, associations et collectifs de citoyens se mobilisent quotidiennement contre des projets d’élevages intensifs et ces oppositions peuvent donner des résultats positifs.
Afin d’optimiser les mobilisations locales contre les projets d’élevages intensifs, L214 a conçu un site internet mettant à disposition de nombreux outils.
→ Découvrir notre site sur les oppositions aux projets d’élevages intensifs