Le 29/01/2021
La majorité des députés n’ont pas pris la mesure de l’urgence sanitaire et des conditions de vie effroyables des animaux
La proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale a été adoptée aujourd’hui en première lecture par l’Assemblée nationale. Le texte, peu ambitieux, se limitait essentiellement aux annonces faites en septembre par la ministre Barbara Pompili. Les sujets concernant le plus grand nombre d’animaux, comme la chasse et l’élevage intensif, ont été écartés. Si cette proposition de loi relève davantage de l’affichage, certaines avancées restent notables concernant les animaux de compagnie et les animaux sauvages détenus en captivité.
L214 regrette néanmoins le délai de deux ans pour mettre fin à l’élevage des visons et déplore que le gouvernement ait tenté de repousser cette interdiction à 2025 : face aux risques sanitaires, cette interdiction doit être immédiate.
→ Voir notre enquête dans un élevage de visons
Alors que l’accumulation d’indices sur les liens entre élevages de visons et pandémie exige des actes forts, les députés ont manqué de courage sur ce sujet pourtant consensuel : pendant que nos voisins européens ferment et interdisent les uns après les autres les élevages de visons en raison des risques sanitaires, avec pour dernier exemple la Suède cette semaine, la proposition de loi ne prévoit leur interdiction que dans 2 ans.
Si l’on peut souligner un progrès et féliciter les députés d’être allés à l’encontre du gouvernement, qui souhaitait repousser cette interdiction à 2025, ce délai demeure une aberration éthique, sanitaire et écologique. Alors que 91 % des Français s’opposent au commerce de la fourrure (sondage IFOP, 2020) et qu’il ne reste plus que trois élevages de visons sur notre territoire, leur interdiction doit être effective le plus rapidement possible : nous pourrons ainsi éviter de nous retrouver dans la même situation d’urgence que nos voisins, avec pour conséquence une crise sanitaire aggravée. La proposition d’une interdiction immédiate de ces élevages, formulée par le rapporteur de la proposition de loi Loïc Dombreval et soutenue par nombre de ses collègues, aurait dû être adoptée.
Un point fort néanmoins : les députés ont étendu cette interdiction aux animaux non domestiques exclusivement élevés pour leur fourrure. Les visons ne pourront donc pas être « remplacés » dans les cages par des chiens viverrins ou des renards.
L214 demande aux sénateurs de se montrer plus ambitieux que les députés, en votant notamment l’interdiction immédiate des élevages de visons.
Au-delà de l’examen de cette loi, L214 demande au gouvernement de répondre à l’urgence éthique, sanitaire, sociale et écologique en engageant la sortie de l’élevage intensif.
Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 : « Ce texte porte des avancées mais il ne couvre qu’une part infime de la maltraitance animale. Chaque année, 1 milliard d’animaux sont tués pour l’alimentation. Pourtant, aucune mesure ne porte sur l’élevage ou l’abattage des animaux. Cette loi divise les animaux en deux catégories : ceux qu’on peut continuer à maltraiter, et ceux qui suscitent suffisamment de compassion pour être protégés. Selon les députés, il est inacceptable de garder enfermés des dauphins, mais il n’y a pas de problème pour les vaches ou les cochons. Nous devons agir sur l’élevage intensif.
S’ajoute à l’éthique, les risques sanitaires (notamment de zoonoses), l’impact sur le climat, la détresse sociale des travailleurs de ce secteur. Il faut une loi qui traite en profondeur la question de l’élevage intensif et pas seulement d’une loi d’affichage qui ne fait qu’effleurer le sujet de la maltraitance en faisant le tri entre les animaux.
Par ailleurs, nous savons que les visons ont un rôle dans la pandémie actuelle, prévoir un délai de 2 ans pour leur interdiction est irresponsable. Nous demandons aux sénateurs de voter une interdiction immédiate. »