L214 dévoile l’envers du décor d’un élevage de cochons Herta

Le 03/12/2020

L214 dépose plainte pour mauvais traitements des animaux et tromperie du consommateur

L214 a enquêté dans l’élevage de cochons mis en avant par Herta pour illustrer sa « filière Préférence »*. Il s’agit d’un élevage intensif qui se trouve sur la commune de Limoise dans l’Allier. Contrairement aux engagements pris par la marque, les images montrent des conditions d’élevage déplorables pour les cochons et non conformes aux exigences réglementaires. L214 dépose plainte pour mauvais traitements des animaux et contre Herta, la marque la plus achetée par les Français, pour tromperie du consommateur.

Dans les salles de maternité, les truies mettent au monde des porcelets à la chaîne. Elles sont enfermées dans des cages à peine plus grandes que leur corps. Comme on peut le voir sur les images, l’espace est tellement exigu qu’elles peinent à se lever. Dans ces conditions, on voit qu’il leur arrive d’écraser l’un de leurs petits en se couchant.

Les porcelets naissent dans un environnement de métal, de plastique et de béton. Dès leurs premiers pas, ils se coincent les pattes dans les fentes du sol ajouré. Sans soins et sans attention de leur mère, totalement bloquée, de nombreux porcelets meurent à la naissance. On voit sur les images l’éleveur ramasser des porcelets morts par dizaines, et tuer des porcelets jugés trop chétifs en leur fracassant le crâne.


Enfer dans un élevage de cochons Herta

→ Le site dédié à l’enquête

→ La vidéo d’enquête sur YouTube

→ Voir et télécharger des images brutes (35′ –  libres de droits)

→ Vidéo des produits pharmaceutiques (1’20)

→ Voir et télécharger des photos (libres de droits)

→ Lire notre pétition demandant à Herta de changer ses pratiques

Les cochons à l’engraissement sont entassés les uns sur les autres. Sales, griffés, certains présentent des hernies de la taille d’un ballon de foot.

Depuis 2013, la réglementation impose que tous les cochons disposent en permanence de matériaux leur permettant des activités de recherche et de manipulation, tels que la paille, le foin, la sciure, etc. Ici, ils ne disposent que d’une simple chaîne accrochée au plafond.

Dans ces conditions de promiscuité extrême, les agressions entre animaux sont fréquentes. Au lieu de donner plus de place et de la litière aux cochons, on leur coupe systématiquement la queue pour éviter qu’ils se mordent et se blessent. Cette pratique d’élevage est interdite par la réglementation.

Action L214

Avant leur départ à l’abattoir, les cochons sont « stockés » sur un quai pendant plus de 19 heures sans nourriture et sans avoir la place de se coucher tous en même temps. Le chargement se fait à coups d’aiguillon électrique.

Les images montrent également tout un arsenal de produits médicamenteux, dont des antibiotiques périmés depuis 10 ans. Parmi eux, de la colistine, un antibiotique classé dans la catégorie des antibiotiques d’importance critique à priorité élevée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

L214 dépose plainte

Pourtant, dans sa communication, Herta détaille ses engagements : « Depuis 2013, nous avons créé notre propre filière porcine : “HERTA® s’engage filière Préférence”. Avec cette filière, HERTA® signe les prémices de l’élevage moderne et plus responsable. […] La “filière Préférence” initie une démarche plus respectueuse de l’environnement et du bien-être animal. »

À mille lieues du discours rassurant de Herta, cette enquête menée dans un élevage modèle de la marque, censé être dûment contrôlé, montre que les animaux passent leur vie entière dans un élevage intensif, entassés dans des bâtiments sordides.

L214 dépose plainte pour maltraitance envers les animaux auprès de la procureure de Moulins et également contre Herta pour tromperie du consommateur.

Par ailleurs, L214 lance ce jour une pétition adressée à Herta pour demander à Nestlé et Casa Tarradellas, propriétaires de la marque, de s’engager à bannir les pires pratiques, comme s’y est engagé Hénaff en 2019  : il est demandé de stopper l’enfermement à vie des cochons, l’élevage sur béton, les mutilations douloureuses aux porcelets et les cages individuelles pour les truies.

Pour Sébastien Arsac, cofondateur de L214 : « Herta nous ment. Les élevages “Préférence” Herta ne sont pas respectueux des animaux et ne fonctionnent pas de façon plus “moderne et responsable” que la plupart des élevages intensifs standards. Ce sont des élevages sordides où les animaux passent une vie de souffrance. Nous portons plainte contre Herta pour maltraitance et pour tromperie du consommateur. Nous espérons que ces images inciteront la marque à faire évoluer radicalement et concrètement les pratiques d’élevages. »

* Les images ont été tournées en juin et septembre 2020.


Herta détenu par Casa Tarradellas et Nestlé

La marque Herta appartient à une coentreprise constituée par les groupes Nestlé à hauteur de 40 % et par Casa Tarradellas à hauteur de 60 %.
Casa Tarradellas est une entreprise familiale créée en 1976, l’un des leaders de l’agroalimentaire espagnol. Nestlé est une multinationale suisse, première entreprise agroalimentaire du monde.

Herta est la marque la plus achetée par les Français.

Un mode d’élevage massivement décrié

89 % des Français sont aujourd’hui défavorables à l’élevage des cochons sur un sol en béton sans paille, et 87 % à l’élevage des cochons dans des bâtiments fermés sans accès à l’extérieur, selon un sondage YouGov de 2017 pour L214.
85 % des Français sont aussi opposés aux mutilations pratiquées sur les cochons (coupe de la queue, meulage des dents, castration pour les mâles), selon le même sondage.

→ Voir le sondage de YouGov pour L214 – mai 2017