L214 demande sa fermeture d’urgence
L’association L214 rend publiques ce jeudi 29 octobre les images d’un élevage intensif de 200 000 poules pondeuses situé dans l’Oise. Il s’agit du Domaine du Mesnil Saint Martin sur la commune de Chambly. Les œufs de cet élevage sont labellisés « Terroirs de Picardie ». État sanitaire déplorable, violations massives de la réglementation : L214 demande la fermeture d’urgence de cet élevage.
Tournées fin septembre et mi-octobre, les images exposent les conditions de vie déplorables des poules, entassées dans des cages empilées et alignées dans d’immenses bâtiments fermés et crasseux. Dans un des bâtiments, des milliers de poules ne bénéficient même pas des rudimentaires « nids* » exigés par la réglementation depuis 2012. Dans certaines cages, on trouve des poules mortes qui n’ont pas été ramassées et qui se décomposent au milieu des vivantes. On peut également observer la présence de poux sur les œufs, malgré l’usage massif de produits antiparasitaires. On trouve des souris mortes un peu partout dans l’élevage.
→ La vidéo d’enquête sur YouTube (libre de droits)
→ Voir et télécharger des images brutes (14′ – libres de droits)
→ Voir et télécharger des photos (libres de droits)
→ Lire notre pétition demandant la fermeture de l’élevage
Cette enquête s’ajoute à une multitude d’autres révélations qui montrent une fois de plus l’incapacité des services vétérinaires de l’État à détecter et corriger les violations flagrantes de la réglementation dans les élevages. Sur leur site Internet, les dirigeants de l’élevage se veulent pourtant rassurants : « L’élevage répond à toutes les normes sanitaires exigées par la réglementation française et européenne. Nous sommes régulièrement contrôlés par la DDPP (Direction départementale de la protection des populations), ce qui vous assure une qualité sanitaire reconnue sur nos produits. »
Les éleveurs revendiquent le bon traitement des animaux : « Nous avons à cœur de produire à la ferme […] des œufs […] dans le respect de la nature et des animaux. »
Ils précisent : « Les œufs sont labellisés “Terroir de Picardie” et répondent aux exigences qualitatives imposées par la charte. […] Notre production est engagée dans une démarche HACCP qui garantit la sécurité sanitaire des œufs. »
Les œufs sont destinés aux « petites, moyennes et grandes surfaces, épiceries, boulangeries, boucheries, volaillers, restaurateurs et particuliers. »
L214 porte plainte pour mauvais traitement envers les animaux auprès du procureur de la République de Senlis.
La mobilisation des ONG et des citoyens contre l’élevage en cage
Ces images révèlent une fois de plus les sérieux problèmes inhérents à l’élevage en batterie, comme en témoignent les nombreuses enquêtes déjà réalisées par L214 depuis plusieurs années.
En France, grâce au travail des ONG, de plus en plus d’entreprises, tous secteurs confondus, et l’ensemble de la grande distribution se sont engagés à exclure les œufs de poules élevées en cage de leurs rayons ou de leurs préparations à date butoir (2020 ou 2025 pour une grande partie). En conséquence, la filière est poussée à faire évoluer ses pratiques et à se détourner progressivement de l’élevage en cage. L’élevage en cage des poules pondeuses recule année après année : il représente aujourd’hui 47 % de la production française, contre 81 % en 2008.
Mais quelques producteurs, tels que Pampr’œuf, CDPO, Agrial, Liot ainsi que des élevages indépendants comme celui-ci continuent à élever des poules en cages.
→ Liste des entreprises engagées en France
Dans la continuité de ces engagements, et pour garantir la disparition de ce mode d’élevage, comme le souhaitent 90 % des Français (sondage YouGov, 2018), L214 demande au gouvernement d’inscrire dans la loi la sortie définitive de l’élevage en cage d’ici 2025, comme le propose une des mesures du Référendum pour les animaux.
Pour Sébastien Arsac, cofondateur et porte-parole de L214 : « Les images de cet élevage de l’Oise sont révoltantes. Elles sont, hélas, représentatives de l’élevage des poules en cage. Une grande partie de l’industrie agroalimentaire a pris sa part de responsabilité en s’engageant à ne plus utiliser les œufs en batterie. C’est maintenant au législateur d’envoyer ce mode de production au musée des horreurs. Nous appelons le gouvernement français à planifier la fin de l’élevage en cage, comme s’y était engagé Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle en 2017. »
*« Nid » défini dans la directive 1999/74/CE : « un espace séparé, dont les composants au sol excluent toute utilisation de treillis métalliques pouvant entrer en contact avec les volailles, prévu pour la ponte d’une poule ou d’un groupe de poules (nid collectif) », généralement constitué par des lanières de plastique accrochées au plafond des cages.
Le débouché caché des œufs de batterie
En France et dans l’Union européenne, une réglementation exige de préciser le mode d’élevage sur chaque emballage d’œuf, et d’apposer un code sur chaque œuf : il indique les conditions de vie de la poule qui l’a pondu. Devant les lettres du pays d’origine (FR par exemple), un chiffre allant de 0 à 3 permet de savoir si cette poule vit en cage, au sol en bâtiment fermé, ou si elle a un accès au plein air.
Les consommateurs ne disposent pas de cette transparence pour les produits transformés contenant des œufs comme les quiches, les gâteaux ou encore les plats cuisinés. Il en est de même pour les œufs utilisés dans la restauration ou servis dans les cantines ou les maisons de retraite.