Le 24/06/2020
Mêmes infractions 4 ans après : une démonstration flagrante du laxisme de l’État
Suite à la publication d’une enquête filmée de l’association L214 montrant de graves infractions dans l’abattoir Arcadie Sud-Ouest près de Rodez, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a demandé ce matin à la préfète de l’Aveyron la suspension temporaire de la chaîne d’abattage des ovins.
Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de l’association L214 : « Étant donné la gravité des infractions mises en évidence sur nos images, déjà signalées 4 ans auparavant, la décision du ministre de suspendre une chaîne d’abattage n’est qu’un strict minimum qui reste largement insuffisant. Le gouvernement ne cherche-t-il pas simplement à éteindre le feu médiatique ?
Les enquêtes en abattoir se suivent et se ressemblent : il faut voir la situation plus largement, étendue aux autres dysfonctionnements structurels et à la question des modes d’abattage générant davantage de souffrance (abattage sans étourdissement, asphyxie des cochons au CO2, suspension des oiseaux conscients). Quand le ministère s’attaquera-t-il enfin aux problèmes de fond maintes fois soulevés par l’ensemble des ONG ?
Quelles ont été les actions de l’État en 4 ans alors que des contrôles vétérinaires de 2016 montraient que 80 % des chaînes d’abattage en France, dont l’abattoir Arcadie Sud-Ouest, présentaient des non-conformités ? Nos enquêtes dans les abattoirs d’Alès, Le Vigan et Mauléon-Licharre avaient déclenché un audit généralisé, une commission d’enquête parlementaire et des procès. Pourtant, les enquêtes de L214 qui ont suivi dans les abattoirs de Houdan, du Boischaut, de Sobeval et aujourd’hui d’Arcadie Sud-Ouest démontrent que la situation est toujours aussi préoccupante qu’en 2016.
Cette situation perdurera tant que les conditions d’élevage et d’abattage resteront dans le périmètre du ministère de l’Agriculture. Le remaniement ministériel annoncé est une occasion à saisir pour retirer la compétence “bien-être animal” du ministère de l’Agriculture et la confier à un ministère moins exposé aux lobbies de l’élevage intensif.
Spécifiquement sur l’abattoir d’Arcadie Sud-Ouest, les services vétérinaires se rendent aujourd’hui sur place : nous attirons leur attention sur la chaîne d’abattage des bovins qui présentait aussi de graves dysfonctionnements, longuement énumérés dans le rapport issu d’une inspection officielle datant de 2016 (défaut d’immobilisation, animaux suspendus encore conscients…). »
En plus de sa plainte contre l’abattoir Arcadie Sud-Ouest, L214 a introduit un recours en responsabilité contre l’État pour manquement à sa mission de contrôle de l’application de la réglementation. L’association appelle également les citoyens à agir directement par leur vote ce dimanche lors du deuxième tour des élections municipales.