Le 28/02/2020
Le 5ème abattoir fermé suite aux enquêtes de L214
Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a annoncé sur RTL la suspension administrative de l’abattoir de Sobeval en Dordogne.
Suite aux images et aux graves manquements révélés par L214,
il aura fallu des fuites au sein des services du ministère de l’Agriculture ainsi qu’une forte pression médiatique et citoyenne pour que le ministre se décide
enfin — après plus d’une semaine de contrevérités — à réagir.
Didier Guillaume a fait la démonstration de son incapacité à exercer sa fonction de façon responsable, sans être inféodé à des intérêts privés.
Il doit démissionner et la « condition animale » doit sortir des attributions du ministère de l’Agriculture.
Cette fermeture temporaire s’accompagne de nouveaux « éléments de langage béton » de Didier Guillaume :
« non pas la fermeture, mais la suspension de cet abattoir », « la qualification de non-conformité ne se fait pas sur des vidéos, mais sur du concret »
et « les dysfonctionnements n’étaient pas liés globalement à l’abattoir » mais « à un problème de chaîne de formation des agents de cet abattoir »
(RTL, 28/02/2020).
Une sémantique soigneusement distillée par les communicants du ministre afin de tenter de justifier l’inaction et le déni de Didier Guillaume
pendant plus d’une semaine et de minimiser la responsabilité des services de l’État.
Il ne fait aucun doute que le ministre était informé de la situation de l’abattoir :
des services du ministère de l’Agriculture ont reconnu dans des échanges de mails datant du 19 février l’existence de « non-conformités »
(Communiqué de presse de L214, 25/02/2020).
Confronté à ses contradictions, le ministre a d’ailleurs perdu son sang-froid face aux questions d’un journaliste de C à vous
(France 5, 26/02/2020).
Dans un reportage de L’œil du 20 h, le ministère a commencé à rétropédaler en prétextant une « communication incomplète » de la Préfecture :
« On parle de non-conformités quand elles sont majeures. Il n’y a pas de non-conformité majeure visible sur la vidéo, voilà ce que ça veut dire…
C’est sûr, le communiqué de la Préfecture manquait de précision »
(France 2, 27/02/2020).
Le ministère reconnaît désormais qu’il existe « un manque de maîtrise des conditions d’abattage des animaux par les salariés de l’abattoir »
(Communiqué de presse du ministère de l’Agriculture, 28/02/2020).
Après cette séquence politique désastreuse, Didier Guillaume doit donc prendre ses responsabilités et quitter ses fonctions.
Au-delà de la gestion calamiteuse du dossier par le ministre Didier Guillaume, ce feuilleton illustre une fois de plus la défaillance chronique des services de l’État.
Surtout, il démontre l’incompatibilité entre la défense d’intérêts économiques et la prise en compte de la souffrance animale.
L’attribution « condition animale » doit être retirée au ministère de l’Agriculture et être confiée à un ministère moins exposé à l’influence des lobbies de l’agroalimentaire.
Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de l’association L214 :
« Pour obtenir la fermeture temporaire de cet abattoir, il aura fallu des images, une fuite de mails internes aux services du ministère
et un geste déplacé du ministre au Salon de l’agriculture.
Il existe environ 1 000 abattoirs en France, nous réussissons à en montrer si peu…
Loin des regards, dans le silence complaisant du ministère de l’Agriculture, des millions d’animaux subissent chaque jour la violence d’un système défaillant.
Plus que jamais, nous devons amorcer une transition agricole et alimentaire pour sortir d’un modèle effroyable pour les animaux et les humains, désastreux pour l’environnement et la santé publique.
Impossible avec un gouvernement qui laisse le sort des animaux d’élevage (et le nôtre) au bon vouloir des lobbies.
Il est impératif de sortir la « condition animale » du ministère de l’Agriculture. »