Foie gras médaille d’or 2019 : enquête en Périgord

Le 11/12/2019

Des milliers de canetons jetés vivants à la poubelle

L214 rend publiques des images filmées par un lanceur d’alerte au sein du Domaine de la Peyrouse en Dordogne. Le Domaine de la Peyrouse, rattaché au lycée agricole de Périgueux, produit du foie gras et sert également de centre de formation et d’expérimentation pour la filière. Cette exploitation comprend un couvoir, des salles de gavage et un abattoir.

Les images montrent notamment des milliers de canetons jetés vivants dans les poubelles du couvoir. Dans la salle de gavage industriel qui contient environ 1 000 canards, des apprentis du lycée de Périgueux s’entraînent au gavage à la pompe pneumatique. À l’abattoir, des canards reprennent conscience après la saignée…

Foie gras : nouvelle enquête dans un élevage du Périgord

→ Voir les images du Domaine de la Peyrouse

→ Télécharger des images brutes (pour montage)

→ Voir et télécharger des captures photos

→ Lire la pétition

Le foie gras du Domaine de la Peyrouse, « Origine Certifiée Périgord », a été récompensé par une médaille d’or au Concours général agricole de 2019 encadré par le ministère de l’Agriculture.

L214 porte plainte pour délit d’abandon et délit de mauvais traitement envers les animaux auprès du Procureur de la République, au tribunal de grande instance de Périgueux. Par ailleurs, L214 réclame des sanctions exemplaires et demande au ministère de l’Agriculture l’interdiction à l’exploitation de servir de centre de formation ainsi que le retrait de la médaille d’or.

L214 a signalé la situation aux services vétérinaires de la Dordogne, qui ont mené une inspection et ont pu constater par eux-mêmes que les canetons n’étaient pas tués avant d’être jetés à la poubelle. À ce jour, les services vétérinaires n’ont pas indiqué si une procédure pénale avait été engagée, ni si la situation avait évolué.

Quoi qu’il en soit, sans lanceur d’alerte, cette situation aurait pu perdurer encore des années !

L’enquête a été menée en octobre et novembre 2019. En France, seuls les canards mâles sont gavés. Au couvoir du Domaine de la Peyrouse, les canetons sont donc triés : les canetons jugés inaptes et les canetons femelles sont écartés.

Les canetons mâles sont mutilés : ils sont bloqués sur un carrousel où la pointe de leur bec est brûlée. Les canetons femelles sont jetés vivants dans le bac d’équarrissage du couvoir. Ils vont y mourir de faim ou d’asphyxie. Les œufs non-éclos à temps sont jetés dans une autre benne où naissent et meurent des canetons sortis tardivement de l’œuf.

Après une période d’élevage durant laquelle ils ont accès à l’extérieur, les canards sont enfermés pendant 10 jours dans des cages collectives sur un sol grillagé. Deux fois par jour, ils sont immobilisés par une grille mobile et gavés à la pompe pneumatique par des élèves-apprentis. Les images montrent une apprentie qui peine à attraper les canards au moment du gavage.

À l’abattoir du site, les canards, conscients, sont suspendus à la chaîne d’abattage, puis sont plongés dans un bac d’eau électrifiée afin d’être étourdis. Ils sont ensuite saignés. Certains canards sont mal étourdis et reprennent conscience en se vidant de leur sang.

Pour Sébastien Arsac, porte-parole de L214 : « La médaille d’or du Concours général agricole récompense les “meilleures production agricoles”. Cette enquête montre donc les meilleures pratiques en France pour la production de foie gras. C’est édifiant ! Depuis le couvoir, et l’agonie des canetons femelles, jusqu’à l’abattoir, en passant par le gavage à la pompe pneumatique, ce n’est que pure cruauté de la naissance à la mort des canards. Pas étonnant que le gavage soit interdit dans la plupart des pays européens ! Les réactions du ministère doivent être fermes et fortes. »

Le gavage est interdit dans l’ensemble de l’Union européenne à l’exception de 5 pays (France, Espagne, Hongrie, Bulgarie et une partie de la Belgique). La France produit 75 % du foie gras mondial. La production de foie gras est reconnue par la communauté scientifique internationale comme étant issue d’une pratique préjudiciable aux animaux. Le foie gras est le résultat d’une pathologie du foie appelée stéatose hépatique.

Contacts presse

Domaine de la Peyrouse : producteur de foie gras et centre de formation

Le Domaine de la Peyrouse est rattaché au lycée agricole de Périgueux qui est un établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricole (EPLEA). Il dépend directement du ministère de l’Agriculture.

L’exploitation du lycée sert aussi de centre de formation pour adultes. Cette exploitation comprend un couvoir, deux sites d’élevage, deux salles de gavage et une unité d’abattage et de transformation.

Chaque année, environ 300 0000 canetons sont vendus par le couvoir. La principale salle de gavage a une capacité d’un millier de canards : 24 000 canards y sont gavés chaque année et 8 000 canards sont tués dans l’abattoir.

La filière foie gras en France

La France est le premier producteur mondial de foie gras. L’Union européenne représente 95 % de la production mondiale.

Chaque année en France, 45 millions de canetons naissent pour le foie gras et 30 millions de canards sont tués en bout de chaîne. Les canards sont élevés en semi-liberté de leur 40e à leur 80e jour de vie. Puis, environ 90 % d’entre eux sont enfermés en cage de batterie, où pendant 10 à 15 jours, ils sont gavés au moyen d’un tube de métal de 25 cm.

Le fonctionnement du foie est perturbé, les canards ont du mal à réguler la température de leur corps et développent une maladie appelée stéatose hépatique. Leur foie hypertrophié atteindra jusqu’à 10 fois son volume normal, rendant leur respiration difficile et leurs déplacements pénibles. Les sacs pulmonaires sont compressés, le centre de gravité des oiseaux est déplacé.

Outre la longue liste des maladies et des troubles dont souffrent les animaux gavés, les statistiques de mortalité trahissent l’état de santé déplorable des canards suralimentés. Le rapport de 1998 du comité scientifique vétérinaire mandaté par la Commission européenne mentionne en effet des taux de mortalité 10 à 20 fois plus élevés en phase de gavage qu’en élevage.

Contacts presse