Le 21/06/2019
L’élevage en cage, bientôt la fin ?
Coup de tonnerre dans la filière œuf ! Le groupe Avril, numéro 1 de l’œuf en France, produisant à lui seul près de 3,5 milliards d’œufs par an (près d’un quart de la production française), s’est engagé ce vendredi 21 juin à ne plus produire ni commercialiser d’œufs de poules élevées en cage d’ici 2025.
L’engagement du groupe Avril intervient suite à la publication par L214 de deux enquêtes au cours des deux dernières semaines, l’une dans un élevage de poules en batterie fournissant le groupe, et l’autre au sein du centre expérimental de Sourches (72) appartenant au groupe Avril et pratiquant notamment des recherches sur des vaches fistulées. Après près d’un an de campagne demandant au groupe d’abandonner l’élevage des poules en cage, L214 se réjouit de cette avancée majeure qui marque la fin programmée de l’élevage en cage des poules en France.
La semaine passée, la coopérative Terrena, qui produit près de 900 millions d’œufs par an, avait pris l’initiative de publier un engagement à ne plus produire d’œufs de poules élevées en cage d’ici 2025. Le groupe Avril et Terrena rejoignent ainsi d’autres producteurs tels que l’Œuf de nos Villages, le groupe d’aucy, Le Gouessant, Les Œufs Geslin et le groupe Dauphinoise, qui s’étaient déjà engagés à abandonner l’élevage en cage des poules.
Ces engagements de producteurs répondent à une forte demande puisque plus de 150 entreprises de l’agroalimentaire sont aujourd’hui engagées à bannir l’élevage en cage de leur chaîne d’approvisionnement.
→ Liste des entreprises engagées en France
Quatre groupes restent à la traîne
Bien que la majorité des producteurs français d’œufs, et non des moindres, soient aujourd’hui engagés, plusieurs groupes semblent encore penser que l’élevage des poules en cage est une pratique acceptable et n’ont à ce jour publié aucun engagement à abandonner totalement cette pratique.
Il s’agit, entre autres, des groupes LDC, Triskalia, Pampr’œuf, et Sovimo (groupe Interovo). Faudra-t-il de nouvelles images d’enquête pour convaincre ces acteurs de la nécessité de mettre un terme à ce mode d’élevage cruel ?
L214 appelle ces producteurs à rejoindre le groupe Avril et Terrena et à répondre à la demande sociétale en s’engageant publiquement à abandonner l’élevage en cage pour l’ensemble de leurs activités.
Pour Johanne Mielcarek, porte-parole de L214,
« Les engagements du groupe Avril et de Terrena témoignent du changement souhaité par 9 Français sur 10 et confirment que l’élevage en cage des poules n’a plus d’avenir en France. Les autres producteurs n’ayant pas publié d’engagement similaire accusent un retard incompréhensible. Nous les appelons à tourner la page de l’élevage des poules en cage au plus vite pour que cette pratique ne soit plus qu’un mauvais souvenir en France. »
L’élevage en cage perd du terrain en France
Bien qu’il soit encore majoritaire, l’élevage en cage des poules pondeuses recule année après année : il représentait en 2018 57,8 % de la production française contre 81 % en 2008. Une chute qui semble s’accélérer puisque ce chiffre s’élevait encore à 63 % en 2017.
La pression de l’opinion publique, les engagements de nombreuses entreprises et les révélations faites par les associations poussent la filière à faire évoluer ses pratiques et à se détourner progressivement de l’élevage en cage. Malheureusement, ce mode d’élevage peut encore compter sur quelques groupes à l’image de LDC, Triskalia, Pampr’œuf, et Sovimo (groupe Interovo) qui tardent à publier un engagement à tourner le dos à cette pratique pour l’ensemble de leurs activités.
Ovoproduits : des œufs de batterie « cachés »
En France et dans l’Union européenne, une réglementation exige de préciser le mode d’élevage sur chaque emballage d’œuf, et d’apposer un code sur chaque œuf : il indique les conditions de vie de la poule qui l’a pondu. Devant les lettres du pays d’origine (FR par exemple), un chiffre allant de 0 à 3 permet de savoir si cette poule vit en cage, au sol en bâtiment fermé, ou si elle a un accès au plein air.
Les consommateurs ne disposent pas de cette transparence pour les produits transformés contenant des œufs comme les quiches, les gâteaux ou encore les plats cuisinés. Il en est de même pour les œufs utilisés dans la restauration ou servis dans les cantines ou les maisons de retraite ; or, le plus souvent, ces œufs proviennent d’élevages en cage.
C’est pourquoi il est nécessaire que les producteurs et transformateurs d’œufs s’engagent sur l’ensemble de leurs activités, assurant ainsi aux consommateurs des produits dépourvus d’œufs issus d’élevages en cage.