Européennes : quelles listes pour les animaux ?

Le 16/05/2019

Européennes : quelles listes pour les animaux ?

Un classement des listes autour de la condition animale

À dix jours du scrutin, l’observatoire Politique & Animaux, animé par L214, publie la page « Votez pour les animaux ! », un éclairage sur l’engagement pour les animaux des listes de candidats à l’élection européenne.

Le Parti animaliste, Europe Écologie –les Verts et la France Insoumise se distinguent nettement dans le classement pour leur action en faveur des animaux. La République En Marche et Les Républicains apparaissent clairement comme la lanterne rouge du classement. Le Rassemblement national, autre favori des sondages, présente une perspective tout aussi funeste pour les animaux.

Classement élections européennes

Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 : « L’Union européenne dispose de nombreux leviers pour limiter la souffrance des animaux dans de nombreux domaines. Avec ce classement, les citoyens soucieux de la cause animale peuvent désormais se rendre aux urnes en toute connaissance de cause. Chaque bulletin de vote est aussi l’occasion d’exiger plus de progrès pour les animaux au Parlement européen ! ».

Contacts presse

« Pour » ou « contre » les animaux ?

L’observatoire Politique & Animaux recense depuis 2012 les prises de position politiques en lien avec la condition animale, classées en 8 thèmes et notées via un algorithme en fonction de leur impact sur les animaux, à travers plus de 6 000 articles sourcés.

Fondé sur les bilans européens et nationaux des partis, les programmes des listes ainsi que sur les engagements, déclarations et actions des candidats, le classement pour les élections européennes évalue l’action de quinze listes (correspondant à des partis présents au Parlement, reconnus pour leur engagement sur la condition animale ou ayant participé à l’élection présidentielle).

Ce décryptage répond à un double objectif : aider à déchiffrer des positions politiques complexes et accompagner les citoyens dans leur vote le dimanche 26 mai.

→ Consulter la page Européennes 2019

Ceux qui sont « pour » les animaux

Parti animaliste

Fondé en 2016 pour « opérer une rupture et faire émerger la question animale dans le champ politique », le Parti animaliste a choisi de se positionner exclusivement sur la condition animale. Ainsi, tout comme lors de la campagne législative de 2017, ce sont plus d’une centaine de mesures ambitieuses pour les animaux qui viennent composer son programme pour ces élections européennes : nomination d’un commissaire chargé de la protection des animaux, mise en place d’un statut juridique européen pour les animaux, fin de la fourrure animale, de la corrida, de la chasse à la glu, des delphinariums, de la détention d’animaux sauvages dans les cirques, du gavage, de l’abattage sans étourdissement, limitations aux transports d’animaux, abolition de l’élevage en cage, mise en place de normes en élevage piscicole, création de nouvelles réserves marines et réensauvagement de territoires, mesures contre les trafics d’animaux sauvages et domestiques, interdiction des « usines à chiots », développement et systématisation des méthodes d’expérimentation non animales, diverses mesures de végétalisation de notre modèle agricole dont un « objectif européen de réduction de production et de consommation de produits d’origine animale de 40 % d’ici à 2030 et de 70 % d’ici à 2050 ». Ce parti s’inscrit dans un mouvement international dont 11 partis animalistes participent dans différents pays aux élections européennes. Ils entendent ainsi poursuivre et intensifier au Parlement européen l’action des députés Anja Hazekamp (élue du Parti pour les animaux néerlandais) et Stefan Eck (élu en Allemagne par le parti MUT), dont la défense des animaux fut le fil conducteur durant la législature écoulée. La liste du Parti animaliste est constituée de militants de la protection animale parmi lesquels on retrouve Sylvie Rocard, Henry-Jean Servat et Michèle Striffler, ancienne vice-présidente au Parlement européen de l’« intergroupe pour le bien-être et la protection des animaux ». Les 79 candidats de la liste du Parti animaliste ont tous signé l’engagement #Vote4Animals, et défendront avec ferveur les animaux s’ils viennent à entrer au Parlement européen.

EELV

Depuis la création d’une commission condition animale en 2015, EELV progresse continuellement dans son engagement pour les animaux. La tête de liste, Yannick Jadot, a notamment soutenu l’intégralité du manifeste AnimalPolitique lors de la dernière élection présidentielle. Il présente, avec ses colistières au Parlement européen Michèle Rivasi et Karima Delli, un bilan d’actions (presque) toujours favorables aux animaux. Un tableau positif qui contraste avec certains « votes blancs » (interdiction du transport d’animaux non sevrés) ou les prises de position récurrentes de José Bové contre les animaux. Pour cette élection européenne, la liste EELV porte plusieurs mesures ambitieuses pour les animaux : renforcement de la protection des animaux sauvages et des animaux familiers, création d’une « Direction générale de la protection animale », instauration d’une journée végétarienne européenne, renforcement de l’encadrement du transport d’animaux, volonté de végétaliser la PAC, mise en place de normes en élevage piscicole, développement de méthodes d’expérimentation non animales, interdiction de la détention des animaux sauvages dans les cirques, des cétacés dans les delphinariums, de la fourrure animale, de la corrida, de l’abattage sans « étourdissement », du gavage, de la chasse à courre ou à la glu… La plupart des candidats de la liste ayant signé l’engagement #Vote4Animals, les futurs députés Europe Écologie – les Verts compteront certainement parmi ceux qui défendront les animaux au Parlement européen.

La France Insoumise

La France Insoumise s’est illustrée lors de la campagne présidentielle par des déclarations fortes de son candidat Jean-Luc Mélenchon sur la nécessité de végétaliser l’alimentation et d’améliorer la condition des animaux (à l’exception remarquée des taureaux victimes de la corrida). Cette ambition s’est par la suite retrouvée dans l’action des députés insoumis à l’Assemblée nationale, en particulier de Bastien Lachaud et François Ruffin. Le groupe parlementaire LFI a notamment voté pour l’ensemble des amendements favorables aux animaux lors de l’examen de la loi agriculture et alimentation et a récemment signé une tribune en ce sens. Contrastant avec le mutisme de la tête de liste Manon Aubry sur la condition animale, on trouve plusieurs candidats connus pour leur engagement en faveur des animaux : Younous Omarjee (remarquable eurodéputé sortant, aux votes presque toujours pro-animaux et aux propos en avance sur son temps), Sergio Coronado, Marie-Laure Darrigade, Benoît Schneckenburger, Bernard Borgialli, Carole Mare, Mauricio Garcia-Pereira et Serge Buchet. Près de la moitié des candidats de la liste ont signé l’engagement #Vote4Animals. L’existence au sein de ce mouvement d’une commission condition animale aura contribué à enrichir son programme de plusieurs mesures ambitieuses pour les animaux : fin de la fourrure, du financement des pires pratiques de pêche et des importations de soja pour l’élevage européen, interdiction des expériences sur les singes, les chiens et les chats, développement des méthodes de recherche non animales et de l’algoculture, adoption d’une « Charte européenne des droits des animaux »… Cependant, malgré une volonté affichée de végétaliser la PAC, le programme de la France Insoumise ne défend pas l’idée d’une journée végétarienne hebdomadaire. Trois députés du mouvement ainsi que la commission agriculture ont même ajouté de la confusion en soutenant l’appel contre un « Lundi Vert ». Toutefois, au regard de leur bilan national et européen, on peut attendre de futurs eurodéputés La France Insoumise qu’ils défendent les animaux au Parlement européen.

Ceux qui sont « contre » les animaux

LREM

Non ! La présence sur la liste de Pascal Canfin (ancien directeur du WWF) et de Pascal Durand (dont l’action pour les animaux lors de la dernière mandature a été remarquable sur tous les fronts : transport d’animaux, élevage intensif, défense des animaux sauvages, alternatives à l’expérimentation animale) ne convaincront pas les électeurs qu’En Marche prendrait désormais en compte la souffrance des animaux. Non, les quelques annonces des dernières semaines (groupes de travail au ministère de l’Écologie sur les animaux sauvages et fin du broyage des poussins dans le programme) n’y feront rien ! Les citoyens garderont à l’esprit l’affligeante séquence de la loi agriculture et alimentation au cours de laquelle tous les amendements favorables aux animaux ont été rejetés (et un enfumage pour maquiller la manœuvre) et les mesures pro-chasse du mouvement (des premiers cadeaux d’Emmanuel Macron aux avis de son gouvernement sur les amendements à la loi de « Fusion AFB-ONCFS »). La présence sur la liste de Jérémy Décerle (ancien président des Jeunes agriculteurs) et Pierre Karleskind (ancien vice-président de la région Bretagne, chargé de la mer) et les autres députés sortants en position éligible (Fabienne Keller et Dominique Riquet) peuvent définitivement laisser penser que La République en marche conduira au Parlement européen une politique de soutien à l’élevage intensif.

Les Républicains

Le bilan des Républicains est (tout simplement) catastrophique : soutien à l’élevage intensif et à la corrida, votes contre la prise en compte de la souffrance des animaux lors des transports (tant sur le rapport, la commission d’enquête, ou l’interdiction totale du transport d’animaux non sevrés), ainsi qu’un vote contre la fin de l’abattage sans étourdissement… Les estimations à ce jour du nombre de sièges semblent permettre aux mêmes députés de la précédente mandature (Arnaud Danjean, Nadine Morano, Brice Hortefeux, Geoffroy Didier, Anne Sander, Franck Proust, Alain Cadec, Angélique Delahaye… avec une moyenne de 1/20 !) de poursuivre à Bruxelles leur action contre les animaux. Quand d’autres listes entretiennent l’illusion d’un minimum d’attention pour la condition animale, la liste de « l’Union de la droite et du centre » ne fait pas dans la demi-mesure : aucun candidat n’a signé le plaidoyer #Vote4Animals, la liste est soutenue par les chasseurs de CPNT et la seule mesure concernant les animaux dans le programme est un soutien au financement de la pêche. Les futurs députés Les Républicains continueront d’être les fidèles représentants des lobbies de l’agroalimentaire au Parlement européen.

Ceux qui sont « plutôt contre » les animaux

Rassemblement National

Côté pile : la présence sur la liste de Dominique Bilde, députée sortante active sur la condition animale (transport des animaux, expérimentation animale, pour qui le bien-être animal est une « priorité » et l’Europe « n’a pas été à la hauteur ». Un combat contre la souffrance des animaux dont se réclame régulièrement le Rassemblement national, mais seulement lorsqu’il s’agit d’évoquer l’abattage sans « étourdissement » (déclaration de Marine Le Pen, proposition de résolution au Parlement européen). Le côté face apparaît alors : le bilan y est moins reluisant avec des votes contre les animaux (corrida, pêche, trafic d’animaux, chasse, cirques, cétacés, animaux non sevrés) et le départ de Sophie Montel, emportant avec elle le collectif Belaud Argos pour la protection animale. Les députés sortants (Thierry Mariani, Joëlle Mélin, Nicolas Bay, Gilles Lebreton, tous en position éligible) sur la liste Rassemblement National soutenue par Marine Le Pen devraient vraisemblablement poursuivre leur action contre les animaux en revenant à Bruxelles.

→ Consulter les décryptages des autres listes

La condition animale en Europe

Alors que 9 Français sur 10 considèrent la protection des animaux comme une cause importante (IFOP pour AnimalPolitique, 2019) et que 82 % des Européens considèrent que la protection des animaux d’élevage devrait être renforcée (Eurobaromètre 2016, Commission européenne), le scrutin pour les élections européennes présente une opportunité d’exiger des améliorations concrètes pour les animaux.

D’autant que l’Union européenne dispose de nombreux leviers pour limiter la souffrance des animaux dans les élevages, les transports et les abattoirs, ainsi que pour avancer vers une végétalisation de l’alimentation. L’Europe peut aussi agir dans les domaines de l’expérimentation animale, de la pêche, de la protection de la faune sauvage et des animaux de compagnie. Même si les avancées concrètes ont été quasi inexistantes pour les animaux lors de la dernière mandature, la condition animale a été très présente lors des débats au Parlement européen.

Un rapport de Cour des comptes européenne a par ailleurs épinglé la Commission européenne pour ne pas s’être suffisamment attachée à améliorer la condition des animaux, avec notamment l’absence de contrôle et la généralisation de pratiques cruelles pour les animaux (caudectomie, transport longue distance, abattage sans « étourdissement »…). Un espace politique existe donc pour les futurs élus afin de s’occuper de la question animale lors de la prochaine mandature.

Dans ce contexte, le collectif AnimalPolitique, regroupant 27 organisations de défense des animaux, « appelle les candidats à s’engager et les électeurs à se mobiliser » le dimanche 26 mai « parce que ces élections détermineront les priorités politiques de l’Europe pour les cinq prochaines années, parce que l’avenir de la condition animale s’y joue et parce que chaque voix fera la différence. »

Au niveau européen, l’Eurogroup for Animals, regroupant plus de 66 organisations et assurant le secrétariat de l’intergroupe bien-être animal a lancé la campagne VoteforAnimals2019 pour inviter les candidats à s’engager et publie leurs prises de position sur la plateforme dédiée.

Alors que l’offre politique s’élargit et que les intentions de vote pour la condition animale semblent significatives, ce classement et ces décryptages entendent contribuer à engager les citoyens et les (futurs) élus dans la mise en œuvre d’une démarche de progrès à l’égard des animaux.

→ Consulter le classement et les décryptages complets

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