Le 18/10/2018
Le groupe Avril, leader des œufs en France, n’est pas engagé contre l’élevage en cage
L214 rend publiques ce jeudi les images choquantes d’un élevage intensif de 150 000 poules pondeuses dans l’Essonne, à proximité de Forges-les-Bains, produisant des œufs pour le groupe Avril, premier producteur d’œufs français (3,5 milliards d’œufs par an, soit près d’un quart de la production totale d’œufs en France).
À cette occasion, L214 se rendra en délégation ce jeudi 18 octobre à Paris, au pied de la Tour Montparnasse, à proximité des bureaux du groupe Avril, Place Raoul Dautry de 12h à 14h, afin d’interpeller le groupe et de lui demander d’exclure les œufs de poules en cage pour l’ensemble de ses activités.
Les nouvelles images, tournées en septembre dernier, exposent une fois de plus les conditions de vie déplorables des poules élevées en cage : des dizaines de milliers de poules sont enfermées dans des centaines de cages empilées et alignées dans d’immenses bâtiments fermés. La promiscuité favorise les comportements d’agression et de piquage. Certains oiseaux sont fortement déplumés, d’autres ne survivent pas et se décomposent au milieu de leurs congénères.
→ Voir et télécharger des photos de l’élevage
Le 4 octobre dernier, le groupe Avril annonçait qu’il ne commercialiserait plus d’œufs de la marque Matines provenant d’élevages en cage d’ici 2025. Si cet engagement est une adaptation logique aux engagements pris par la grande distribution écartant les œufs de batterie de ses rayons, il exclut cependant plusieurs centaines de millions d’œufs destinés à l’industrie agroalimentaire ou à la restauration, sous forme liquide notamment, commercialisés via sa filiale Ovoteam. Le groupe Avril continuera donc à produire massivement des œufs provenant d’élevages en cage. Pourtant, plusieurs mastodontes du secteur, concurrents directs du groupe Avril tels que l’Œuf de nos Villages, le groupe d’aucy ou le groupe Dauphinoise ont pris cette décision pour l’ensemble de leur production.
→ Voir la liste des entreprises engagées contre les cages
C’est pourquoi L214 lance une campagne et une pétition, appelant le groupe Avril à étendre son engagement aux « œufs cachés » présents dans de nombreuses préparations et servis dans les cantines scolaires, les maisons de retraite ou encore les restaurants d’entreprise. Pour ces oeufs, le consommateur ne dispose d’aucune traçabilité, notamment quant au mode d’élevage (contrairement aux œufs coquille, marqués par un code).
→ La pétition sur groupe-avril.stopcruaute.com
« 9 Français sur 10 sont opposés à l’élevage en cage des poules, quelle que soit la forme sous laquelle les œufs sont commercialisés, que ce soient des œufs vendus dans les boîtes en supermarchés ou incorporés dans des préparations. Si le groupe Avril prend en compte l’opinion des consommateurs comme il le prétend, il serait incohérent qu’il continue de commercialiser des œufs liquides provenant d’élevages en batterie. C’est pourquoi nous appelons le groupe Avril à lever cette ambiguïté en étendant son engagement à l’ensemble de sa production » déclare Brigitte Gothière, cofondatrice de L214.
Les Français favorables à une interdiction totale, le gouvernement et l’Assemblée nationale restent sourds
Aujourd’hui, 90 % des Français se montrent favorables à l’interdiction de l’élevage en cage des poules pondeuses (sondage YouGov 2018), soit 32 points de plus qu’en 2013 (sondage OpinionWay 2013).
L’arrêt de l’élevage en cage des poules pondeuses a été plébiscité par le public lors des consultations des États généraux de l’alimentation (second dans le TOP 10 des propositions des organisations).
21 organisations de défense des animaux et un collectif d’universitaires, d’artistes et de personnalités avaient demandé au président de la République que l’interdiction totale de l’élevage des poules en cage soit inscrite dans la loi Alimentation présentée au Parlement le 22 mai dernier.
En France, seule une poignée de producteurs d’œufs de poules élevées en cage sont favorables à ce type d’élevage… Ils sont malheureusement un lobby puissant puisque lors du vote de la loi Alimentation le 2 octobre dernier, le gouvernement et l’Assemblée nationale sont restés indifférents aux souffrances endurées par les poules pondeuses dans les cages et aux attentes sociétales, se cachant derrière un « plan de filière » non contraignant et peu ambitieux.
→ Voir notre communiqué de presse sur le vote de la loi Alimentation
Label « Œufs de France » : 69 % de poules en cage
Les producteurs d’œufs ont lancé en avril dernier une vaste campagne de communication pour faire la promotion de l’élevage français à travers le lancement d’un nouveau label : « Œufs de France ». Quelle est la différence entre un œuf français et un œuf provenant d’un autre pays européen ? Aucune, ni pour les poules, ni pour les consommateurs, si ce n’est une plus grande probabilité que ce soit un œuf de poule en batterie. En effet, sur 48,6 millions de poules pondeuses en France, 69 % (soit 33,6 millions) sont détenues dans des cages pendant un an avant d’être jugées inutiles et envoyées à l’abattoir. En Europe, la moyenne est à 58 % et de plus en plus de pays européens s’engagent à interdire l’élevage en cage à moyen terme : cette interdiction sera effective en Autriche en 2020 et en Allemagne en 2025. En Suisse, l’élevage en cage est interdit depuis fin 1991 et la Wallonie prévoit de l’interdire dans les années qui viennent.
Inutile également de mettre en avant les contrôles en France, Le Canard enchaîné révélait dans son édition du 16 août 2017 que seuls 677 œufs sur 14,3 milliards avaient été contrôlés en 2016. Pas de quoi faire cocorico !