Le 17/05/2018
80 % des Français en attente d’un vote favorable de leur député
L214 rend publiques ce jeudi de nouvelles images d’un élevage intensif de 280 000 poules pondeuses, situé dans la Manche. Les images ont été tournées en avril 2018. Un nouveau sondage (IFOP, mai 2018) vient par ailleurs confirmer l’attente forte des Français vis-à-vis de leurs élus : ils sont 80 % à considérer qu’il est du devoir de leur député de voter favorablement les amendements défendant la condition animale lors de l’examen, la semaine prochaine, du projet de loi issu des États généraux de l’alimentation.
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Les images, tournées en avril 2018 et commentées par Hélène Gateau, vétérinaire et présentatrice télé, montrent une réalité bien différente :
« Sur ces images de poules élevées en cage, élevées en batterie, ce qu’on voit clairement, c’est des animaux pour lesquels le bien-être animal n’existe pas. Elles manifestent toutes des comportements de piquage, elles sont toutes à 98 % déplumées, ce n’est absolument pas normal d’avoir des animaux qui n’ont plus de plumes. On peut voir dans cet élevage aussi des cadavres de poules qui se décomposent et au milieu desquels évoluent les autres poules vivantes ou survivantes. »
Un constat que partage Iris Aktar, vétérinaire également, à qui nous avons demandé une consultation : « [Cette poule] est en mauvais état général. [Elle] est maigre, elle n’a pas de musculature développée parce qu’elle était dans un environnement où elle ne bougeait pas du tout. »
Cette enquête fait suite à celle révélée ce lundi concernant un élevage de poules en cage sous contrat avec Matines.
→ Lire notre communiqué de presse du lundi 14 mai
Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214, « les attentes des Français sont très claires : 80 % d’entre eux souhaitent un engagement de leurs élus pour défendre les intérêts des animaux lors du vote en séance sur le projet de loi qui sera examiné à partir du 22 mai à l’Assemblée nationale. Considérer les animaux comme des sources de nourriture est aujourd’hui contestable en soi mais, dans l’élevage en cage, on va plus loin : les poules sont considérées comme de simples machines à produire des œufs sans aucune attention à ce qu’elles vivent ou ressentent. Les lobbies de l’élevage intensif ne doivent plus dicter la politique agricole, il est grand temps d’inscrire dans la loi un plan de sortie de ce type d’élevage abominable. »
80 % des Français souhaitent un vote positif de leur député
L’examen du projet de loi sur l’alimentation débutera mardi prochain. Des amendements seront proposés en séance publique, qu’il s’agisse de l’interdiction de l’élevage en cage des poules pondeuses, de l’instauration du contrôle vidéo en abattoir ou de la nécessaire végétalisation de l’alimentation.
80 % des Français considèrent qu’il est du devoir de leur député de voter favorablement les amendements défendant la condition animale. Cette volonté concerne 90 % des personnes interrogées proches de la République en Marche, qui, elles, n’ont sans doute pas oublié la promesse de campagne du candidat Macron d’interdire la vente d’œufs de batterie d’ici 2022. En outre, ce sondage nous apprend que le désir d’une plus grande prise en compte des animaux dans la législation serait homogène parmi les répondants, qu’ils soient urbains ou ruraux, quelle que soit leur région, quelle que soit leur catégorie professionnelle. Pas de fracture sociale, l’ensemble des Français souhaite voir une évolution positive de la condition animale.
Label « Œufs de France » : 69 % de poules en cage
Les producteurs d’œufs viennent de lancer une vaste campagne de communication : « Œufs de France ». Quelle est la différence entre un œuf français et un œuf provenant d’un autre pays européen ? Aucune, ni pour les poules, ni pour les consommateurs, si ce n’est une plus grande probabilité que ce soit un œuf de poule en batterie. En effet, sur 48,6 millions de poules pondeuses en France, 69 % (soit 33,6 millions) sont détenues dans des cages pendant un an avant d’être jugées inutiles et envoyées à l’abattoir. En Europe, la moyenne est à 58 % et de plus en plus de pays européens s’engagent à interdire l’élevage en cage à moyen terme : cette interdiction sera effective en Autriche en 2020 et en Allemagne en 2025. En Suisse, l’élevage en cage est interdit depuis 1992. En Wallonie, le ministre du Bien-être animal vient d’annoncer l’interdiction des cages pour 2028.
Quid des contrôles en France ? Le Canard enchaîné révélait dans son édition du 16 août 2017 que seuls 677 œufs sur 14,3 milliards avaient été contrôlés en 2016. Pas de quoi faire cocorico !
Les Français favorables à l’interdiction totale
Aujourd’hui, 90 % des Français se montrent favorables à l’interdiction de l’élevage en cage des poules pondeuses (sondage YouGov 2018), soit 32 points de plus qu’en 2013 (sondage OpinionWay 2013).
L’arrêt de l’élevage en cage des poules pondeuses a été plébiscité par le public lors des consultations des États généraux de l’alimentation (second dans le TOP 10 des propositions des organisations).
21 organisations de défense des animaux et un collectif d’universitaires, d’artistes et de personnalités ont demandé au président de la République que l’interdiction totale de l’élevage des poules en cage soit inscrite dans la loi qui sera présentée au Parlement à partir du 22 mai.
En France, seule une poignée de producteurs d’œufs de poules élevées en cage sont favorables à ce type d’élevage… Ils sont malheureusement un lobby puissant.
Les filières à la manœuvre
La disparition des élevages de poules en cage est une promesse de campagne du candidat Macron, renouvelée à Rungis en octobre 2017 en tant que président de la République. Un amendement (CD256) a même été déposé en ce sens par la majorité lors de l’examen en commission du développement durable. Le gouvernement fait cependant marche arrière et refuse d’inscrire une interdiction dans la loi : il invoque le plan de filière et sa confiance dans les déclarations des interprofessions.
Faire confiance à la profession ?
Flash-back : en 2012, la filière a investi massivement dans les cages alors que les indicateurs étaient clairs sur l’impasse de cette production à moyen terme (engagements institutionnels ou privés dans les autres pays européens et mise en demeure de la France par la Commission européenne de respecter la décision prise en 1999 d’interdire les cages « non aménagées »).
Plan de filière ?
Dans le plan proposé par la filière suite aux États généraux de l’alimentation, il est lucidement noté que l’interprofession « n’est pas directement ouverte aux problématiques de l’aval ». En d’autres termes, la filière ne prend pas en compte les évolutions de ses parties prenantes (entreprises clientes, consommateurs).
Pourtant, les professionnels eux-mêmes reconnaissent le rejet massif des œufs de poules en cage de la part des consommateurs. Ils indiquent ainsi, dans leur plan de filière, qu’à horizon 2022 :
– « la demande pour les segments “coquille” sera largement en faveur des productions alternatives,
– environ 50 % des ovoproduits français seront fabriqués à partir d’œufs alternatifs. »
Autrement dit, les professionnels prévoient que, à l’horizon 2022, 75 % de la demande sera sur des œufs hors cage, mais maintiennent un objectif de seulement 50 % de poules en élevages alternatifs d’ici à 2022.
Le chantage à l’emploi
69 % de la production totale d’œufs est issue d’élevages en cage et représente 380 exploitations. La production restante (soit 31 %, en élevages dits « alternatifs ») représentent 1 660 exploitations, selon le Centre national de promotion de l’œuf (CNPO). La production d’œufs de poules dans des élevages dits « alternatifs » génère entre 3 et 6 fois plus d’emplois que lorsqu’elle est issue d’élevages en cage (Institut technique de l’aviculture, 2015, p. 10). L’interdiction des cages est donc une mesure favorable à l’emploi.
Vote au Parlement à partir du 22 mai
Après examen en commission des affaires économiques, le projet de loi Agriculture : équilibre des relations commerciales dans le secteur agroalimentaire contient un chapitre nommé « Respect du bien-être animal », vide de mesures sur les conditions de vie, de transport ou de mise à mort des animaux.
Les amendements favorables aux animaux déposés lors de l’examen en commission en avril dernier ont tous été rejetés par le Rapporteur et le ministre de l’Agriculture.
D’autres amendements seront proposés en séance publique, qu’il s’agisse de l’élevage en cage des poules pondeuses, du contrôle vidéo en abattoir ou de la végétalisation de l’alimentation. Nous espérons que les images que nous dévoilerons cette semaine et la mobilisation citoyenne amèneront les députés et les sénateurs à prendre des décisions basées sur l’éthique, le bon sens et l’écoute des citoyens plutôt que de rester dans un statu quo dicté par des filières d’élevage visiblement dépassées par l’évolution des attentes sociétales.