Le 23/02/2018
La Fédération Française des Métiers de la Fourrure (FFMF) a publié un communiqué à la presse dans le but de mettre le doute, voire de discréditer, la réalité des images diffusées par L214. Droits de réponse et procédure auprès du CSA complètent ce travail de communication de crise et de dissimulation de la vérité.
L214 réaffirme que toutes les images de l’élevage de visons diffusées depuis hier sont inédites, récentes et ont été tournées aux dates indiquées dans son communiqué de presse (novembre 2017 pour les images de l’intérieur, janvier 2018 pour les vues aériennes). L214 a transmis les preuves au procureur des Sables d’Olonne et aux journalistes de RMC. Les vues aériennes sont décrites et annoncées comme les vues de plusieurs élevages dont celui de Landeronde précisément identifié par le commentaire.
Face aux images qu’elle ne peut nier, la FFMF argumente en outre qu’il s’agirait d’un cas isolé… Selon elle, L214 ne montrerait que des exceptions, en aucun cas une situation représentative. Elle sert le même scénario que les abattoirs. Pourtant les enquêtes à répétitions, la Commission d’enquête parlementaire et les contrôles diligentés par Stéphane Le Foll alors ministre de l’agriculture permettaient de conclure, entre autres, que de 80% des abattoirs présentaient des non-conformités et décrivaient des lieux violents pour les animaux tués et pour les ouvriers qui y travaillent.
Nous sommes dans une situation similaire ici. Depuis des années, les enquêtes de différentes associations montrent ces bâtiments dans lesquels s’empilent des cages où sont enfermés des milliers de visons, animaux sauvages semi-aquatiques, rendus fous par la captivité, source de privations comportementales sévères. Tristement typiques. Les éléments réglementaires et scientifiques sont détaillés dans le rapport mis en ligne par L214 à la sortie de cette nouvelle enquête.
→ Lire l’intégralité du rapport de l’enquête
La filière parle d’amour et de bien-être animal, d’élevages irréprochables voire exemplaires sans jamais montrer d’images. Il faudrait la croire sur parole. Nous attendons des preuves.
Les filières défendent des marges et des bénéfices : dévoiler les dessous sordides de la production n’arrange pas leurs affaires.
L214 et les autres associations de protection animale défendent les animaux et se battront pour conserver le droit de montrer ce que subissent les animaux et la liberté de soulever le débat sur la légitimité à maltraiter et tuer des animaux sans nécessité. Puisse la presse ne pas se laisser intimider et notre société avancer vers une interdiction des pratiques qui nuisent aux animaux.
→ Voir et télécharger des images brutes de l’enquête
Des mises en doute gratuites
Dans son communiqué, la FFMF affirme : « Ainsi, les images aériennes prises dans cette vidéo d’une grande ferme et celles prises au sol ne sont pas tirées du même élevage : l’élevage de Vendée visé est une petite ferme qui n’a rien à voir avec les vues aériennes diffusées. »
Le commentaire de la vidéo explique bien qu’il y a des vues aériennes de différents élevages – on peut remarquer leurs profils similaires, plusieurs longs bâtiments groupés – et que, de celui survolé en dernier, des images de l’intérieur ont pu être récupérées.
La FFMF affirme : « Après vérification, ces images n’ont rien d’exclusif : elles sont un recyclage d’un montage-vidéo de cette même ferme vendéenne réalisé l’an dernier par l’association One Voice. » C’est totalement faux et prouve le manque de sérieux de la FFMF. Comme signalé, les images diffusées par L214 datent de novembre 2017. Les images de drone datent de janvier 2018. L214 a fourni au procureur des Sables d’Olonne ainsi qu’aux journalistes qui en ont fait la demande les preuves de date et de lieu.
Un porte-parole piégé ?
La FFMF affirme que son porte-parole s’est fait piéger en répondant à une sollicitation de RMC. Son discours est standard.
« Les conditions d’élevage des animaux à fourrure en France sont extrêmement encadrées. Ce que les associations anti-fourrure diffusent comme images sont souvent des images volées. Quand vous pointez un spot de caméra sur un animal immédiatement vous allez le mettre dans une situation de stress. Un élevage de vison est fait par des éleveurs qui sont attachés à leurs animaux. Vous voulez obtenir une fourrure qui soit belle et qui soit propre, il faut que l’animal soit bien traité. » [retranscription de l’intervention diffusée par RMC de Nathan Sprung, directeur de la fédération française des métiers de la fourrure]
C’est ce que les filières, quels que soient le type d’élevage, les mutilations ou autres conditions d’abattage, répètent pour rassurer les consommateurs et esquiver le débat. Elles parlent de réglementation, d’amour et de qualité de produit liée au bien-être animal. Le tout en évitant soigneusement de montrer lesdites conditions.
Conforme ou pas conforme ?
Devant les images accablantes de cet élevage, les autres exploitants de visons se désolidarisent de leur collègue : « condamnent avec la plus grande fermeté les conditions d’élevage indignes de la filière » [Extrait du communiqué de presse] ; « nullement solidaire de cet élevage isolé et condamne ses pratiques non-conformes aux normes françaises et européennes extrêmement strictes en la matière ». Dans le même article, la préfecture affirme : « Les lois et les règlements sont respectés ». [Ouest France] Dans un autre article de France Bleu, un peu plus tôt dans la journée : « Selon, l’éleveur, la dernière inspection des services vétérinaires remonte à novembre 2017. Les agents de l’Etat ont constaté que l’élevage n’est plus aux normes, mais ont autorisé la poursuite de son activité, car l’éleveur doit prendre sa retraite à la fin de l’année ».
Des conditions d’élevage typiques
En 2011, 30 millions d’amis menait déjà l’enquête. Plus récemment, il y a un an, l’association One Voice dévoilait la situation de 6 exploitations différentes. Les conditions d’élevage révélées par ces associations sont similaires à celles montrées par L214 hier : de longs bâtiments dans lesquels les visons sont enfermés à plusieurs dans des cages métalliques exiguës. Dans ces conditions de privations comportementales sévères pour des animaux sauvages semi-aquatiques, ils développent des stéréotypies et peuvent s’automutiler. La nourriture est déposée sur le dessus des cages, les excréments se déversent dessous. Typique.
Des élevages exemplaires ? Où sont-ils ?
La FFMF affirme « Les associations animalistes n’ont qu’une seule ferme comme cible et veulent faire croire que l’exception est la règle, alors qu’elles savent très bien que partout ailleurs, les fermes sont irréprochables, voire exemplaires. » La FFMF devrait montrer les images de ces élevages exemplaires. À moins qu’ils ne ressemblent que trop à ceux montrés par les associations qui tentent de défendre les animaux face à une industrie qui a trop à perdre à être transparente.
Dernière tentative
La FFMF revient sur les images que L214 a dévoilées sur les élevages de lapins Orylag affirmant qu’« Une enquête de l’INRA avait été menée à la suite de cette publication. Début janvier 2018, l’enquête avait établi l’absence de maltraitance des animaux, leur bon état sanitaire et leur suivi par un personnel formé et attentif aux animaux. »
Juge et partie, l’INRA a enquêté dans son propre élevage mais ne peut que reconnaître la vieillesse, l’exiguïté et la pauvreté des cages.