L214 rend publiques ce lundi de nouvelles images alarmantes d’un élevage de poules en batterie situé dans les Côtes-d’Armor. Cet élevage fournit des œufs pour la fabrication de produits transformés, ainsi que pour la marque Matines (oeufs vendus en supermarchés). L’association porte plainte pour mauvais traitement contre l’élevage auprès du TGI de Saint-Malo et introduira un recours en responsabilité contre l’État pour manquement à sa mission de contrôle de l’application de la réglementation.
Une preuve supplémentaire de l’accablante réalité de l’élevage en batterie, qui appuie le lancement ce jour par L214 d’une campagne pour l’interdiction de l’élevage en cage en France. Le présentateur Stéphane Bern s’associe à L214 en invitant, dans une vidéo, les citoyens à signer la pétition adressée au Président de la République.
Les images de cet élevage, situé dans les Côtes-d’Armor, montrent des animaux dans un état désastreux et des conditions d’élevage déplorables :
– un hangar sale et mal entretenu,
– des cages non-conformes à la réglementation,
– des poules déplumées du fait du picage et de la promiscuité,
– des cadavres, dont certains en putréfaction, entravant la circulation des œufs.
Parmi les non-conformités relevées dans les cages, certains aménagements obligatoires depuis 2012 sont totalement absents : aucune litière à disposition et des “nids” au sol entièrement grillagés.
L’entreprise produit notamment des œufs à destination des produits transformés pour la restauration hors-foyer ou la pâtisserie industrielle. Ces œufs sont également commercialisés sous la marque Matines en grande surface.
Les ovoproduits, production oubliée par le Président de la République ?
Ces images choquantes révèlent une fois de plus les sérieux problèmes inhérents à l’élevage en batterie, comme en témoignent les nombreuses enquêtes déjà réalisées par L214 depuis plusieurs années. S’appuyant sur ces constats et l’abondante expertise scientifique condamnant l’élevage en batterie, L214 initie ce jour une pétition adressée au Président de la République Emmanuel Macron, demandant l’interdiction de l’élevage des poules en cage. Une interdiction déjà adoptée en Autriche et en Suisse depuis de nombreuses années.
L214 demande donc au Président de la République d’aller plus loin que l’interdiction de la vente d’œufs de table issus d’élevages en cage dans les supermarchés, tel qu’il en a formulé le souhait à l’occasion des États généraux de l’alimentation* le 11 octobre dernier. Car même si une telle démarche – si elle se voyait inscrite dans la loi – constituerait une avancée, celle-ci serait loin d’éliminer à elle seule tous les élevages en cages en France.
En effet, près de 50 % des œufs produits dans notre pays sont destinés à l’industrie et la restauration hors foyer. Ces œufs sont incorporés dans les produits transformés sans traçabilité du mode d’élevage pour les consommateurs.
Actuellement, 68% des poules élevées en France sont détenues dans des élevages en cage, soit 32 millions d’oiseaux. Un objectif de conversion des élevages limité à 50% de la production laisserait potentiellement 23 millions de poules dans les batteries.
* à partir de 40’
Les citoyens et l’industrie agroalimentaire convaincus
Un sondage OpinionWay indiquait déjà, en 2014, que 90 % des Français étaient favorables à l’interdiction de l’élevage en cage. Par ailleurs, le nombre d’entreprises du secteur alimentaire engagées à cesser de s’approvisionner auprès d’élevages en batterie ne cesse d’augmenter, amorçant un véritable tournant pour les élevages en France. C’est le cas de la quasi-totalité de la grande distribution, engagée à date butoir (2020 ou 2025), ainsi que de nombreuses entreprises de renom telles que Sodexo, Elior, Panzani, Pasquier, Flunch, Pierre Martinet ou encore Nestlé. Le 30 novembre dernier, le géant des ovoproduits d’aucy annonçait, par communiqué de presse, s’engager dans une transition vers 100% d’élevages sans cage d’ici 2025. Le groupe d’aucy est leader sur le marché des produits aux œufs à destination de la restauration hors domicile.
→ Voir la liste des entreprises engagées à exclure les œufs de batterie
Pour Brigitte Gothière, co-fondatrice de L214 : « L’interdiction de l’élevage des poules en cage est un impératif éthique dans une société qui prend la souffrance des animaux au sérieux. L’opinion publique y est largement favorable depuis longtemps et de nombreuses entreprises agroalimentaires se sont déjà engagées dans cette transition. Nous demandons au gouvernement d’être aux côtés d’une société qui évolue, en mettant un point final à cette pratique aux conséquences désastreuses pour les animaux. »
Des conditions d’élevage déplorables
Les images, tournées en novembre 2017 dans un élevage de plus de 130 000 poules des Côtes-d’Armor, montrent un bâtiment mal entretenu, des poules entassées, déplumées, ainsi que de nombreux cadavres dont certains dans un état de décomposition avancé.
Ces images rappellent les scandales qui avaient touché, en mai 2017, un élevage vendéen de 80 000 poules pondeuses et, un an plus tôt, le GAEC du Perrat dans l’Ain, qui approvisionnait la marque Matines et dont les œufs étaient vendus en grande distribution. L’indignation publique avait amené Matines à retirer 2 millions d’œufs des rayons des supermarchés.
→ Enquête de mai 2017, élevage en Vendée
→ Enquête de mai 2016, GAEC du Perrat
Une plainte pour maltraitance est déposée ce jour auprès du Tribunal de Grande Instance de Saint-Malo. L214 introduira également un recours en responsabilité contre l’État pour manquement à sa mission de contrôle de l’application des normes minimales encadrant l’élevage des poules.