L214 demande la fermeture d’un élevage aux conditions alarmantes

Le 25/05/2016

Des manquements répétés dans un élevage de l’Ain

L214 rend publiques ce mercredi les images choquantes d’un élevage industriel de 200 000 poules élevées en cages, produisant des oeufs pour la marque Matines et distribués par Auchan, Carrefour, Casino, Intermarché et Super U.

L’écrivain Ingrid Desjours présente ces images : prolifération d’asticots, poux grouillant sur les oeufs, cadavres de poules dans les cages : des conditions de vie intolérables pour les animaux et inadmissibles du point de vue sanitaire.

Enquête au GAEC du Perrat

L214 avait déjà dénoncé en 2013 l’état dramatique de cet élevage situé dans l’Ain, mais la justice lui avait interdit de diffuser les images de l’exploitation. Trois ans plus tard, malgré plusieurs arrêtés préfectoraux prescrivant des mesures correctives, cette exploitation désastreuse est toujours en activité.

L214 porte plainte contre le Gaec du Perrat et demande aux autorités sa fermeture immédiate. En parallèle, l’association lance une pétition demandant aux supermarchés, qui commercialisent les oeufs de cette exploitation, de prendre leurs responsabilités.

« Si la situation du GAEC du Perrat est très préoccupante, ne nous leurrons pas sur celle des autres élevages de batterie où les poules vivent dans des conditions misérables, enfermées dans des cages et privées du moindre rayon de soleil. Une attitude responsable de la part des enseignes de grande distribution serait de cesser la vente des œufs de batterie, comme l’a fait Monoprix au début du mois d’avril », déclare Brigitte Gothière, porte-parole de l’association.

→ Voir la vidéo

→ Voir les photos

Contact presse :
Sébastien Arsac : 06 17 42 96 84
Brigitte Gothière : 06 20 03 32 66

Trois ans de témoignages et de mises en garde

En 2013, L214 avait déjà reçu un signalement accompagné de photos et vidéos du GAEC du Perrat. Par décision de justice, il lui a été interdit de diffuser les images. Il était pourtant avéré que cet élevage était en infraction avec la réglementation.

→ Lire notre communiqué de juillet 2013

Depuis 2013, des employés et des riverains continuent de dénoncer cet élevage auprès de L214 et de la Direction départementale de la protection des population (DDPP). Selon un employé, les poules sont infestées de poux, le bâtiment où sont conditionnés les oeufs également. Un autre affirme que le nettoyage lors du vide sanitaire n’est pas effectué correctement. Ces témoignages font également état d’une mortalité importante, d’une accumulation de fientes et de défauts récurrents d’alimentation des poules. Les riverains se plaignent régulièrement de proliférations de mouches liées à l’exploitation.

→ Lire un témoignage d’employés

Deux arrêtés préfectoraux finalement pris en mars 2015 et janvier 2016, constatent les problèmes sanitaires persistants et prescrivent à deux reprises des mesures correctives. La situation reste critique d’après la vidéo et les témoignages récents.

Pas de transparence sans lanceurs d’alerte

Malgré une demande marquée et croissante des citoyens Français pour une meilleure information sur les conditions d’élevage et de mise à mort des animaux*, les élevages et les abattoirs exercent leur activité dans la plus grande opacité, à peine inquiétés par des inspections rares, la plupart du temps annoncées, et presque jamais suivies de sanctions.

L’administration ne semble pas désireuse de favoriser la transparence : en 2013, L214 s’est vu refuser par la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) la communication du rapport d’inspection du GAEC du Perrat réalisé en 2013 suite à son premier signalement. La CADA mentionne dans son courrier que le rapport comporte la mention du constat de
plusieurs non-conformités.

Sans lanceurs d’alerte, l’opinion publique est maintenue dans l’ignorance des pratiques de l’industrie de l’élevage.

*Selon l’Eurobaromètre de la Commission européenne, publié en mars 2016, 72% des Français souhaiteraient plus d’information sur la façon dont les animaux d’élevage sont traités. C’est 9 points de plus qu’en 2006.

Les œufs Matines directement concernés

D’après une enquête effectuée par L214 au début du mois de mai 2016 dans plusieurs supermarchés de la région lyonnaise, le GAEC du Perrat fournit la marque Matines, comme cela était déjà le cas en 2013.

Ainsi, malgré les alertes récurrentes, la marque n’a toujours pas cessé de s’approvisionner auprès de cet élevage, tout comme les grandes enseignes de distribution Auchan, Carrefour, Casino, Intermarché et Super U. En 2013, le groupe Casino avait suspendu temporairement son approvisionnement. Ces enseignes distribuent en partie les 160 000 œufs (environ) pondus quotidiennement par les poules enfermées au GAEC du Perrat : leur responsabilité est engagée.