Violences et souffrance filmées dans un abattoir certifié bio
L214 révèle aujourd’hui de nouvelles maltraitances dans un abattoir du Gard. Quatre mois après le scandale de l’abattoir d’Alès, l’association rend publiques de nouvelles vidéos filmées dans un abattoir certifié bio, situé dans le même département. Moutons violemment projetés contre des barrières, employé s’amusant à leur infliger des décharges électriques, animaux mal étourdis et conscients sur la chaîne d’abattage, matériel défaillant, vétérinaires absents (?) : des scènes intolérables violant la réglementation et causant d’importantes souffrances aux animaux.
Deux rapports d’experts qui ont consulté les images confirment totalement les constations de l’association L214.
L214 porte plainte auprès du parquet d’Alès contre l’abattoir intercommunal du Vigan et lance une pétition demandant la création d’une commission d’enquête sur les abattoirs.
Nili Hadida, chanteuse du groupe Lilly Wood And The Prick, présente la vidéo publiée par L214 sur le site www.abattoir-made-in-france.com/le-vigan et commente : “même dans un abattoir tourné vers le bio et le local, les animaux perdent la vie dans d’atroces souffrances. La viande heureuse, ça n’existe pas.”
Pour Brigitte Gothière, porte-parole de L214, “Il est temps de regarder en face et avec honnêteté la réalité de l’abattage des animaux – une réalité dont même les abattoirs à taille humaine et certifiés ne peuvent masquer la cruauté. Nous demandons aux parlementaires de dépêcher une commission d’enquête pour faire la lumière sur des pratiques trop longtemps dissimulées au public. La souffrance des animaux et le droit à l’information doivent enfin être pris au sérieux.”
Contact presse :
Sébastien Arsac : 06 17 42 96 84
Brigitte Gothière : 06 20 03 32 66
L’abattoir du Vigan, la mise à mort en bio
L’abattoir intercommunal du Vigan est certifié bio par Ecocert. Le réglement européen (834/2007 CE) encadrant les productions biologiques énonce que le bio “respecte des normes élevées en matière de bien-être animal” et que “toute souffrance [[…]] est réduite au minimum pendant toute la durée de vie de l’animal, y compris lors de l’abattage”. L’enquête révélée par L214 et tournée entre juin 2015 et février 2016 à l’abattoir du Vigan montre qu’à de nombreux égards, la réglementation fixant des normes minimales pour tous les abattoirs n’y est même pas respectée.
Des moutons jetés, électrocutés pour le plaisir
A l’abattoir du Vigan, l’incompétence est doublée de sadisme chez certains employés. On voit sur la vidéo un opérateur jetant violemment des moutons apeurés, sans parvenir à les faire avancer. Dans une autre séquence, l’employé s’amuse à infliger des décharges électriques à la tête des animaux, sous les rires de son collègue.
Animaux mal étourdis, souffrance garantie
L’abattoir du Vigan pratique l’étourdissement préalablement à la saignée des animaux. Ce dispositif (pinces électriques pour les moutons et les cochons, pistolet à tige perforante pour les bovins) est censé rendre rapidement les animaux inconscients et donc insensibles. Les images publiées par L214 montrent que sur la chaîne d’abattage, des animaux suspendus relèvent la tête, réagissent à la lame du couteau et se débattent, témoignant de leur état conscient au moment de la saignée, et signe d’une souffrance certaine. Contrairement aux exigences de la réglementation, aucune mesure d’urgence n’est prise dans les cas d’étourdissements ratés. Par ailleurs, l’intervalle de temps trop long s’écoulant entre l’étourdissement et la saignée ne peut garantir le maintien des animaux dans un état d’inconscience jusqu’à la fin de la saignée (mort).
Matériel défaillant ou inapproprié
L’immobilisation avant étourdissement et la chaine de suspensions ne sont pas adaptées à des animaux très petits. Un porcelet tombe à plusieurs reprises.
Le box d’étourdissement des bovins est mal conçu et génère un stress et une souffrance supplémentaires aux animaux. Les bovins pourvus de cornes se retrouvent dans des positions encore plus inconfortables et oppressantes.
Les cochons étourdis à la pince électrique ne sont pas rendus inconscients de façon rapide : le temps d’application de la décharge électrique atteint les 20 secondes, une durée bien trop longue qui témoigne d’une défaillance ou de l’obsolescence du matériel employé.
Des services vétérinaires absents
La réglementation européenne (854/2004 CE) exige qu’un vétérinaire officiel soit présent chaque jour d’abattage pour procéder à des inspections et garantir le respect des normes de protection animale. À l’abattoir du Vigan, aucun vétérinaire officiel n’intervient pour exiger des mesures correctives. Ce personnel semble absent des vidéos.