Viande de cheval : un abattoir fournissant des supermarchés français épinglé aux Pays-Bas


Publié le 2 mai 2014

enquête chevaux en Amérique

Une enquête au cœur de la filière viande chevaline, remontant jusqu’à plusieurs pays du continent américain approvisionnant les rayons des supermarchés français a suscité un scandale aux Pays-Bas, où la même viande est commercialisée.

Jumbo, l’une des plus importantes enseignes de supermarchés néerlandais, a annoncé le 24 avril avoir rompu ses relations commerciales avec l’un des abattoirs argentins en raison de la maltraitance avérée des chevaux, suite à un audit effectué en réaction à l’enquête.

En France, la viande litigieuse condamnée par Jumbo continue de fournir les rayons des supermarchés Auchan et de l’enseigne Henri Boucher – et peut-être d’autres supermarchés. Dans la plupart des enseignes françaises, on trouve de la viande de chevaux argentins, uruguayens, mexicains, états-uniens ou canadiens : tous ces pays ont failli aux règles les plus élémentaires de protection animale, révèle l’enquête des associations.

Une situation jugée inacceptable aux Pays-Bas

Malgré une visite annoncée 3 jours à l’avance, les responsables qualité et développement durable du supermarché néerlandais Jumbo ont témoigné des maltraitances dans l’abattoir argentin de l’entreprise Lamar, rapporte le quotidien « Volkskrant ». Des chevaux y présentaient notamment des plaies ouvertes.

Cet abattoir, dans le collimateur des associations de protection animale argentines pour avoir accepté des chevaux volés, était déjà épinglé pour des faits de maltraitance dans l’enquête rendue publique en mars dernier : plaies ouvertes, pattes cassées, chevaux émaciés, juments gestantes…

D’autres enseignes, comme Coop et Deen aux Pays-Bas ou Denner et Spar en Suisse, ont pour le moment suspendu leurs achats de viande chevaline en provenance du continent américain.

→ Télécharger le dossier de l’enquête

→ Voir la vidéo d’enquête dans 5 pays américains (4 min 27)

En France, les enseignes rassurent mais n’agissent pas

En France, où la viande chevaline provient majoritairement du continent américain – dont l’Argentine et l’abattoir Lamar, peu d’enseignes ont fait de déclarations et aucune n’a annoncé suspendre ses achats.

En réponse à une pétition recueillant plus de 110 000 signatures et de nombreux messages envoyés aux services clientèle des enseignes, les services communication d’Auchan, de Leclerc et de Carrefour assurent porter toute l’attention nécessaire au respect des « normes » en vigueur…, ignorant les preuves apportées par L214 et le fait qu’en Argentine, au Mexique ou en Uruguay, les réglementations de protection animale sont quasiment inexistantes. D’autres enseignes, comme Casino ou Intermarché n’ont pas pris la peine de répondre aux interrogations de leurs clients.

Pour Brigitte Gothière, porte-parole de L214, « alors que la maltraitance animale est prise au sérieux chez nos voisins, en France, seul le service com’ des enseignes s’est mis au travail pour rassurer les consommateurs. En revanche, aucun supermarché n’a mis fin à ses relations commerciales directes ou indirectes avec les abattoirs et les pays concernés par ces mauvais traitements ».

Défaut de traçabilité, risques pour la santé

En plus d’une condition animale dramatique, l’enquête des associations met en évidence un sérieux défaut de traçabilité, relié à un risque de commercialisation de viande contaminée à une substance dangereuse, la phénylbutazone. Fréquemment inoculée aux chevaux de course ou de selle, mais rendant la viande impropre à la consommation du fait d’un danger de troubles sanguins potentiellement fatals chez l’humain, elle se trouve en vente libre en Argentine ou en Uruguay, et a déjà été retrouvée dans de la viande chevaline importée sur le continent.

→ info complémentaire sur la conso de viande chevaline en France