L’élevage en batterie n’a plus la cote !

Matines renonce à son projet d’étendre un élevage de poules pondeuses en cages

L’élevage de Branges en Saône-et-Loire, qui exploite actuellement un poulailler de 110 000 poules pondeuses en batterie pour le groupe Glon (marque Matines), renonce à son projet d’extension à 470 000 poules pondeuses.*

Une des raisons avancées par le groupe Glon concerne l’évolution des modes de consommation : « les parts respectives des différentes catégories d’oeufs (oeuf coquille, bio, plein air etc.) changent dans la consommation. ». Autrement dit, l’oeuf de batterie n’a plus la cote !

Cette évolution est confirmée par la dernière note de conjoncture de l’Institut Technique de l’Aviculture (ITAVI) qui indique que les oeufs bio ont un taux de croissance annuel de 16% en moyenne sur 5 ans. À contrario, le volume des achats des ménages baisse pour les oeufs issus d’élevages en cages.

Selon le Syndicat National des Labels Avicoles de France (Synalaf), la production d’œufs Label Rouge (plein air) est en hausse de 10% et de 6% pour le bio sur l’ensemble de l’année 2012.

Brigitte Gothière, porte-parole de l’association L214 se réjouit de cette annonce : « même si la France reste le deuxième pays d’élevage en batterie de poules pondeuses en Europe juste derrière l’Espagne, nous constatons que les consommateurs boycottent de plus en plus les oeufs de poules en cages. La décision du groupe Glon de renoncer à investir dans l’extension d’un élevage industriel est un signe encourageant. La grande distribution devrait accompagner ce mouvement de façon plus active et s’inspirer des exemples d’autres pays européens où les oeufs de batterie ne sont plus proposés à la vente. C’est ce que nous demandons aujourd’hui depuis septembre à Serge Papin, PDG de Système U. »

* Le préfet avait pourtant donné son feu vert au projet et le groupe Glon prévoyait de démarrer l’exploitation fin 2012 avec un investissement de 10 millions d’euros.

L’élevage actuel de Branges non conforme à la réglementation

L’élevage actuel de Branges est un élevage en batterie de 110 000 poules pondeuses. Enfermées dans des cages au sol grillagé pendant plus d’un an, les poules n’ont jamais accès à l’extérieur et disposent chacune d’une surface équivalente à une feuille de papier A4. Courant 2013, l’association L214 avait pu constater que cet élevage ne respectait pas la règlementation sur la protection des animaux, ce qui a été confirmé par la suite dans un courrier de la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA). Cependant, un recours en référé déposé par l’éleveur avait empêché L214 de diffuser les images d’enquête.

L’Association pour le respect de l’environnement de Saint-Germain-du-Bois (ARE) a déposé un recours auprès du tribunal administratif de Dijon contre l’arrêté préfectoral d’autorisation d’extension. Malgré l’annonce de la décision de renoncer à l’extension, l’ARE maintient son recours pour être sûre que cette annonce sera bien actée dans les faits.

Situation de la France dans l’UE

Avec 12,5 milliards d’oeufs pondus par 48 millions de poules pondeuses, la France est le deuxième producteur d’oeufs de l’Union européenne, juste derrière l’Allemagne. En France, au moins 70% des poules pondeuses sont enfermées dans des cages alors que la moyenne européenne est à 58%. En Italie, la part des cages est passée de 85 % des effectifs de poules en 2009 à moins de 30 % en 2012.

Premières avancées en France

En 2010, la chaîne d’hôtel Novotel avait décidé de retirer les oeufs de son offre de petits-déjeuners suite à une campagne de L214. En 2013, Monoprix devient la première enseigne de distribution française à avoir retiré les oeufs de batterie (coquille) de ses rayons pour sa marque propre. Cette décision fait, là aussi, suite à une campagne de L214 de plusieurs mois.

Une nouvelle campagne tournée vers Système U a débuté en 2013, Serge Papin, PDG de la chaîne de distribution, ayant annoncé vouloir retirer les produits polémiques de la marque U.