Italie : la plus grande chaîne de supermarchés dit NON au foie gras

Plus de foie gras chez Coop Italia

Coop renonce au foie gras

Coop, 1ere chaîne de distribution italienne, vient d’annoncer qu’elle cesse de proposer du foie gras à sa clientèle, en raison des souffrances impliquées pour les canards et les oies gavés.

Dans un communiqué Coop déclare :  » Le bien-être animal est pour Coop une valeur importante de notre politique d’entreprise [[…]] Partageant les préoccupations de nombreux citoyens, d’associations de protection animale et environnementale, et en accord avec nos valeurs, Coop a pris la décision de supprimer le foie gras de son assortiment. « 

Tandis que le gouvernement français use de contre-vérités pour défendre bec et ongles le foie gras, la légitimité du gavage s’affaiblit partout ailleurs dans le monde et l’engagement de Coop entache à nouveau l’image du produit.

→ Comment produit-on le foie gras en France ?

→ site de Coop Italia

Contact presse :
Brigitte Gothière : 06 20 03 32 66

Sébastien Arsac : 06 17 42 96 84

Johanne Mielcarek : +32 (0)493 428 172

La France, un cas de plus en plus isolé

Dans de nombreux autres pays en Europe et dans le monde, le gavage est interdit en raison de ses conséquences pour les canards et les oies. La Pologne et Israël, antérieurement 5eme et 4eme producteurs mondiaux de foie gras, ont tout deux aboli le gavage en 1999 et 2005. Le gavage est interdit par ailleurs par les lois allemande, autrichienne, danoise, finlandaise, irlandaise, italienne, britannique, luxembourgeoise, néerlandaise, tchèque, suédoise, suisse et norvégienne, ou encore argentine. La réglementation européenne reconnait elle aussi les préjudices causés aux oiseaux gavés, puisqu’elle interdit le gavage partout où il n’était pas déjà pratiqué en 1999 (date de son adoption).

Une priorité politique française

En France, le gavage est un sujet qui peine d’autant plus à être abordé avec objectivité que le foie gras fait l’objet d’une protection politique considérable.

Au cours des derniers mois, sa défense s’est hissée au rang des priorités politiques de plusieurs membres du gouvernement. Le ministre délégué à l’agroalimentaire Guillaume Garot a multiplié les rendez-vous et les déplacements de promotion du foie gras (à Bruxelles et Moscou notamment) et annonce un prochain voyage en Californie (où le foie gras est interdit depuis juillet). En déplacement dans le Gers ou en visite en Californie, François Hollande et Laurent Fabius ont tous deux prétendu que le foie gras ne cause pas de tort aux palmipèdes, répandant ainsi une contre-vérité dont témoigne l’importante surmortalité des canards et des oies gavés.

La Commission européenne interpelée

Le 17 octobre, L214 et quatre associations de protection animale internationales (HSI, CIWF, Four Paws et WSPA) ont présenté une plainte formelle, illustrée par des images d’enquête, contre la France et la Hongrie -1er et 3eme producteurs de foie gras- pour non respect de la réglementation européenne protégeant les canards en élevage. La loi précise non seulement qu’il ne peut résulter de souffrances inutiles des méthodes d’alimentation des animaux, mais aussi que les canards doivent bénéficier d’une liberté de mouvement. Pourtant, environ 80% des salles de gavage françaises continuent de bloquer les animaux en cages de batterie individuelles qui les privent de tout mouvement. Huit eurodéputés, dont le français Yves Cochet, ont apporté leur soutien aux associations en organisant une conférence sur le sujet au Parlement européen.

→ Plainte des associations et action des eurodéputés

Mortalité des canards gavés

Le gavage perdure dans 5 pays européens malgré l’interdiction des modes d’alimentation qui occasionnent des souffrances inutiles aux animaux, inscrite dans une directive européenne de 1998. Un rapport du Comité scientifique européen sur la protection et la santé des animaux, publié la même année, décrit un procédé « préjudiciable » aux oiseaux : fonctionnement du foie détérioré, insuffisance respiratoire, mobilité altérée, diarrhées, infections, blessures, et une mortalité 10 à 20 fois supérieure à celle de canards non gavés.

Bien-être animal: à l’étranger, les enseignes s’engagent

Les initiatives comme celle de Coop illustrent une prise en compte progressive des intérêts des animaux dans les politiques entreprises. En Allemagne, les supermarchés ne commercialisent plus de foie gras depuis 2009, ainsi que les supermarchés polonais, et l’une des plus grandes foires alimentaires internationales, ANUGA (Cologne) a déréférencé le produit en 2011. Depuis 2009, les grands magasins britanniques Selfridge se sont engagés à exclure le fois gras de leurs rayons.

La décision de Coop s’inscrit dans une démarche plus large de prise en compte du bien-être des animaux dans son approvisionnement. Ses oeufs ne sont plus issus de poules en cages, et ses cosmétiques sont certifiés sans tests sur animaux. Le bien-être animal éveille progressivement l’intérêt de la grande distribution en Europe. Aux Pays-Bas, en Belgique ou en Allemagne, les oeufs de batterie ne sont plus commercialisés. Au Royaume-Uni, Marks & Spencer ne vend que de la viande de porc élevé en plein air. Lidl Belgique ne vend plus de viande de lapin élevé en batterie. Carrefour Belgique a quant à lui annoncé cette semaine plusieurs nouveaux engagements, notamment la fin à la castration à vif des cochons pour sa filière de production. En France, les distributeurs avancent timidement, mais Monoprix teste actuellement le retrait de ses oeufs de batterie dans ses magasins de la région lyonnaise.

→ Photos de gavage et de canards à télécharger

→ Vidéo en ligne d’élevages utilisant des cages illégales

→ Vidéo en ligne : tri des poussins, gavage, abattage

Vidéo HD d’élevage et de gavage disponible sur demande.

À propos de L214

L214 est une association de protection animale centrée sur les animaux utilisés dans la consommation alimentaire (viande, lait, œufs, poisson).
Elle articule son travail sur 3 axes complémentaires :

  • Rendre compte de la réalité des pratiques les plus répandues, les faire évoluer par des campagnes d’information et de sensibilisation. Repérer et tenter de faire sanctionner les pratiques illégales par des actions en justice. Travailler à l’évolution de la réglementation.
  • Démontrer l’impact négatif de la consommation de produits animaux (terrestres ou aquatiques) et proposer des alternatives : diminution de la consommation, refus des produits issus de l’élevage intensif et promotion de l’alimentation végétarienne.
  • Nourrir le débat public autour de la place accordée aux animaux.