À l’occasion d’une conférence au Parlement européen, un groupe de députés a appelé la Commission européenne à légiférer pour mettre un terme à la pratique du gavage des oies et des canards en Europe. L214 et 4 associations internationales de protection des animaux y ont également présenté une plainte formelle contre la France et la Hongrie, 1er et 3eme producteurs mondiaux, pour non-respect de la réglementation protégeant les canards en élevage. |
Interdire le gavage en Europe
Les eurodéputés Nadja Hirsch (ALDE, Allemagne), Andrea Zanoni (ALDE, Italie), Yves Cochet (Greens-EFA, France), Carl Schlyter (Greens/EFA, Suède), Sirpa Pietikainen (EPP, Finlande), Kartika Liotard (GUE/NGL, Pays-Bas), David Martin(S&D, R-U) et Keith Taylor (Greens-EFA, R-U) ont dénoncé le gavage des palmipèdes à l’occasion d’une conférence au cours de laquelle ils ont appellé la Commission à légiférer pour l’interdire. Le député Dan Jorgensen (S&D, Danemark) s’est exprimé en tant que président de l’Intergroupe parlementaire sur le bien-être des animaux.
Pour Nadja Hirsch, eurodéputé allemande à l’initiative de la conférence, « vingt-deux pays de l’Union européenne prétendent avoir pris en compte l’extrême souffrance des animaux utilisés pour produire un mets soit-disant raffiné, et n’en produisent pas. Pourtant, ces mêmes pays importent du foie gras produit dans d’autres pays membres. Nous devons mettre un terme au sein de l’UE à ces doubles normes qui abusent les consommateurs. Aussi, nous appelons l’Union à légiférer pour interdire le gavage sur l’ensemble du territoire européen et pour une information transparente pour le consommateur »
Le gavage perdure malgré l’interdiction des modes d’alimentation qui occasionnent des souffrances inutiles aux animaux, inscrite dans une directive européenne de 1998 sur la protection des animaux dans les élevages. Un rapport du Comité scientifique européen sur la protection et la santé des animaux, publié la même année, décrit un procédé « préjudiciable » aux oiseaux : fonctionnement du foie détérioré, insuffisance respiratoire, mobilité altérée, diarrhées, infections, blessures, et une mortalité 10 à 20 fois supérieure à celle de canards non gavés.
« Je souhaite que la France respecte la réglementation européenne en matière de bien-être animal et s’engage véritablement dans le développement de méthodes alternatives au gavage dans la production de foie gras. » a déclaré le député Yves Cochet.
Plainte contre la France et la Hongrie
Au cours de la conférence, cinq associations de protection animale internationale (HSI, CIWF, Four Paws et WSPA et L214 qui conduit en France la campagne Stop Gavage) ont présenté une plainte formelle1, illustrée par des images d’enquête, contre la France et la Hongrie pour non-respect de la réglementation protégeant les canards en élevage. Alors que la nocivité du gavage sur les oiseaux est largement établie, la Directive européenne énonce qu’« aucun animal n’est alimenté ou abreuvé de telle sorte qu’il en résulte des souffrances ou des dommages inutiles ».
La Directive impose que l’espace dont disposent les animaux soit approprié à leurs besoins physiologiques et éthologiques. Une Recommandation juridiquement contraignante2 précise par ailleurs que les canards doivent pouvoir se retourner, de battre des ailes ou d’interagir normalement avec d’autres individus. Pourtant, environ 80%1 des salles de gavage françaises continuent de bloquer les animaux dans des cages de batterie individuelles qui les privent de tout mouvement. Cette pratique concerne aussi une part significative de la production hongroise.
Pour Brigitte Gothière, porte-parole de L214, « le gavage est une violation des lois européennes de protection des animaux. Il est plus que temps que la Commission européenne prenne ses propres lois au sérieux, et qu’elle en déduise les conséquences qui s’imposent à l’égard des pays producteurs de foie gras. »
Réponse à l’opération séduction des professionnels foie gras
La mobilisation des eurodéputés et des associations survient en réponse à un événement promotionnel de la filière foie gras organisé les 16 et 17 octobre au sein du Parlement européen, à l’initiative de la délégation socialiste française.
Face aux remises en question, les professionnels du foie gras s’affairent, par des opérations de séduction, à prévenir toute évolution de la législation européenne de protection des animaux. Redoublant d’efforts depuis l’interdiction du foie gras en Californie le 1er juillet dernier, le gouvernement français a assuré Françoise Castex de son soutien par le déplacement à Bruxelles hier du ministre délégué à l’Agroalimentaire Guillaume Garot.
→ Télécharger les documents de la conférence
- Plainte contre la France et la Hongrie
- La Recommandation concernant les canards de Barbarie et les hybrides de canards de Barbarie et de canards domestiques, adoptée par le Comité Permanent de la Convention européenne sur la protection des animaux dans les élevages, le 22 juin 1999 est reconnue comme juridiquement contraignante par la Commission européenne.
- En juillet 2011, les sites en irrégularité concernent 85% des élevages français :
« le foie gras français non grata en Allemagne »
http://www.l214.com/fichiers/images/presse/2011/20110716-Le-monde-Anuga.jpg
En juin 2012, le foie gras de canard sous label IGP est encore produit à 80% en cages individuelles de gavage :
http://www.sudouest.fr/2012/06/13/l-igp-foie-gras-du-sud-ouest-depasse-20-millions-de-canards-741537-4720.php
Cette proportion correspond aussi aux élevages de plusieurs sociétés du Périgord :
http://www.sudouest.fr/2012/10/06/ensemble-ils-creent-une-filiere-gras-100-locale-841847-1980.php
Les cinq associations de protection des animaux déposant plainte :