Eva Joly court deux lièvres à la fois

Après avoir « sacrifié » la protection animale, la candidate publie un plaidoyer contre la maltraitance des animaux

Eva Joly a signé hier soir une tribune sur Rue89. Elle dénonce l’instrumentalisation de l’abattage rituel par Marine Le Pen et affirme se préoccuper quant à elle de la souffrance animale « dans son ensemble », et vouloir « que le droit des animaux devienne un enjeu national ».

Ces propos très engagés surprennent chez la candidate qui se garde pourtant de condamner corrida ou chasse à courre, et qui niait mercredi encore que les animaux souffrent lors d’abattages sans étourdissement.

Manifeste pour un changement de la condition animale

Sur Rue89, Eva Joly fustige l’un après l’autre élevage intensif, transport des animaux, exploitation d’animaux par les cirques ou les animaleries et expérimentation animale. Elle dénonce l’hyper consommation de produits carnés et s’engage à offrir une alternative végétarienne équilibrée dans la restauration publique.

Cette fois, Eva Joly s’engage pour une révision en profondeur des pratiques d’exploitation des animaux, qui apporterait une véritable amélioration de leur condition.

La candidate promet également la modification du statut juridique des animaux : ils cesseraient d’être des « biens meubles » pour être reconnus en leur qualité d’ « êtres vivants ».

Si ces propos rejoignent des positions déjà présentes dans le programme d’EELV, ils contrastent avec les faux-pas que la candidate avait enchaînés au cours des derniers mois sur la question animale.

Abattage rituel, chasse à courre, corrida, fourrure : Eva Joly reste attendue

Si Eva Joly dénonce désormais les conduites « cruelles, barbares, indignes » envers les animaux, ses intentions restent pourtant floues quant à des pratiques comme l’abattage sans étourdissement, la corrida, la chasse à courre ou la fourrure, qu’elle a jusqu’à présent refusé de condamner :

  • Sur Europe 1 et I-Télé au micro d’Arlette Chabot, Eva Joly a affirmé mercredi que l’abattage des animaux sans étourdissement est indolore : « L’abattage des animaux, il est fait je suis sûre dans une façon où les animaux ne souffrent pas ».
  • Interrogée sur la corrida sur Rue89 le 8 juin 2011, elle répondait : « Je suis pour la liberté. »
  • Dans le même entretien à Rue89, elle parlait de la chasse à courre en ces termes  : « Il y va du respect des cultures locales, des régions, des identités culturelles. »
  • Le 15 janvier 2011, dans l’émission « Thé ou Café » sur France 2, elle estimait pouvoir porter de la fourrure.

Alors ?

Le respect des « identités culturelles » et autres « cultures locales » légitime-t-il le loisir consistant à poursuivre jusqu’à l’épuisement un animal terrifié et à le laisser se faire déchiqueter par une meute de chiens ? La liberté qui doit être défendue en politique inclut-elle celle d’organiser des spectacles consistant à torturer et tuer un animal pour le plaisir ? D’où Eva Joly tire-t-elle sa certitude qu’une vache agonisant plusieurs minutes en pleine conscience la gorge tranchée ne souffre pas ?

Laquelle des Eva Joly qui s’exprime dans les médias est-elle la vraie ?

Les citoyens, de plus en plus nombreux à estimer que la justice est aussi due aux animaux, aimeraient savoir à quoi s’en tenir.

Contact presse :
Sébastien Arsac : 06 17 42 96 84


À propos de L214

L214 est une association de protection animale centrée sur les animaux utilisés dans la consommation alimentaire (viande, lait, œufs, poisson).
Elle articule son travail sur 3 axes complémentaires :

  • Rendre compte de la réalité des pratiques les plus répandues, les faire évoluer par des campagnes d’information et de sensibilisation. Repérer et tenter de faire sanctionner les pratiques illégales par des actions en justice. Travailler à l’évolution de la réglementation.
  • Démontrer l’impact négatif de la consommation de produits animaux (terrestres ou aquatiques) et proposer des alternatives : diminution de la consommation, refus des produits issus de l’élevage intensif et promotion de l’alimentation végétarienne.
  • Nourrir le débat public autour de la place accordée aux animaux.