Un scandale éclabousse des fournisseurs de l’Europe en viande chevaline. Des investigations révèlent des maltraitances dans des abattoirs du Canada, premier fournisseur de viande de cheval à la France. Une enquête met également en doute la sécurité sanitaire de la filière. Au Canada, un projet de loi a été déposé pour interdire le commerce de viande de cheval.
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Enquête : on achève mal les chevaux
Une enquête en caméra cachée à l’abattoir chevalin québécois « Les Viandes de la Petite Nation » ébranle la crédibilité des abattoirs certifiés pour l’export vers l’UE. Le film que vient de révéler la Coalition canadienne pour la défense des chevaux (CHDC) montre de nombreux chevaux victimes d’étourdissements ratés. Sur des images difficiles à regarder, on voit le personnel s’y prendre à plusieurs reprises et jusqu’à 11 fois sur des animaux en souffrance. Par ailleurs, les vétérinaires sont quasiment toujours absents du poste d’étourdissement.
Ces pratiques contreviennent aux normes européennes s’appliquant à l’abattage des animaux, qui s’imposent pourtant aux pays tiers fournissant l’UE. La réglementation exige notamment un étourdissement efficace et indolore.
Ces révélations surviennent après un précédent scandale filmé plus tôt dans 2 autres abattoirs exportant vers la France (1). Sur les images d’enquête, les chevaux y sont tirés au fusil de façon imprécise. Pour certains équidés, l’agonie dure plusieurs minutes.
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Phénylbutazone : illégal et dangereux pour l’humain
La majorité des chevaux abattus au Canada arrivent des États-Unis sans garantie sanitaire fiable. Ils sont souvent identifiés sur simple déclaration du négociant, qui n’a côtoyé l’animal que pour la transaction avec l’abattoir.
Les chevaux de selle, de courses ou de compagnie (qui représentent la majorité des chevaux abattus) reçoivent souvent au cours de leur vie des médicaments dont l’usage fait l’objet de restrictions pour la sécurité alimentaire. La phénylbutazone peut par exemple provoquer l’anémie aplasique et d’autres affections chez l’humain. Son interdiction est donc permanente chez les animaux destinés à la boucherie. Une étude publiée en 2010 dans la revue scientifique Food and Chemical Toxicology, portant sur le suivi de 18 chevaux de course américains envoyés à l’abattoir, a constaté que tous avaient reçu de la phénylbutazone au cours de leur vie.
Dans un rapport de visite au Canada, l’Office Alimentaire et Vétérinaire européen (OAV) relève un système de contrôle « inadéquat », mais se contente d’émettre des recommandations.
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Projet de loi pour interdire l’abattage des chevaux
Des vétérinaires, chercheurs et associations s’élèvent contre le silence des autorités canadiennes et européennes. Au Canada, le député Alex Atamanenko a déposé un projet de loi prévoyant d’interdire l’importation ou l’exportation de viande chevaline ou de chevaux vivants en vue de leur abattage.
Pour Brigitte Gothière, porte-parole de L214, « l’Union européenne et les clients français des abattoirs canadiens sont co-responsables de la maltraitance de ces chevaux, et de l’exposition des consommateurs à des risques pour leur santé. L’Europe doit intervenir sans délai pour sanctionner les abus constatés dans ces abattoirs. »
Dans un courrier, L214 et la CHDC ont demandé à la Commisssion européenne de suspendre les importations de viande chevaline du Canada.
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1. Les abattoirs Bouvry (Alberta) et Richelieu (Québec)
Contact presse
Brigitte Gothière (L214) 06 20 03 32 66
Dr Olivier Berreville, biologiste (CHDC) +1 204 891 8136
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À propos de L214
L214 est une association de protection animale centrée sur les animaux utilisés dans la consommation alimentaire (viande, lait, œufs, poisson).
Elle articule son travail sur 3 axes complémentaires :
- Rendre compte de la réalité des pratiques les plus répandues, les faire évoluer par des campagnes d’information et de sensibilisation. Repérer et tenter de faire sanctionner les pratiques illégales par des actions en justice. Travailler à l’évolution de la réglementation.
- Démontrer l’impact négatif de la consommation de produits animaux (terrestres ou aquatiques) et proposer des alternatives : diminution de la consommation, refus des produits issus de l’élevage intensif et promotion de l’alimentation végétarienne.
- Nourrir le débat public autour de la place accordée aux animaux.