Le salon alimentaire ANUGA qui se tiendra en octobre à Cologne a décidé d’interdire la présentation et la dégustation de foie gras. Face à cette décision, le gouvernement et quelques élus français font pression sur les autorités allemandes.
En Allemagne, comme dans la plupart des pays européen, il est interdit de forcer les animaux à avaler de grandes quantités de nourriture. La production de foie gras y est donc interdite (depuis 1993). En 2005, c’est en Israël, berceau du foie gras, que la production a été interdite. Les grandes surfaces allemandes ont également banni le foie gras de leurs rayons depuis plusieurs années.
Pourquoi un tel rejet du foie gras dès qu’on sort des frontières françaises ? Le foie gras made in France, de quoi parle t-on exactement ?
Hormis le gavage (alimentation forcée des animaux), un certain nombre d’éléments classent la production de foies gras parmi les pires en termes de souffrance animale. Seuls les canards mâles sont gavés, les femelles sont généralement gazées ou broyées dans les couvoirs. L’intensification de la production a conduit à la généralisation des cages individuelles dans lesquelles les animaux ne peuvent pas se retourner, ni étendre leurs ailes. Stop Gavage (campagne de L214) a enquêté dans des élevages modernes, ces images font le tour de la planète et lèvent le voile sur une pratique d’un autre âge.
→À l’intérieur d’une salle de gavage en France
→Photos d’élevages prises en France
→Vidéos d’élevages tournées en France
Des politiques métamorphosés en représentants de commerce
200 parlementaires émargent au club « Vive le foie gras », œuvre d’un organisme professionnel de lobbying. Un ministre de l’Agriculture français fait pression sur son homologue allemande. Un secrétaire d’Etat (Pierre Lellouche) se permet de convoquer l’ambassadeur d’Allemagne à Bercy pour faire savoir à l’Etat allemand qu’il doit « faire preuve de la plus haute autorité » pour imposer aux organisateurs de la foire ANUGA de revenir sur la décision de refuser la présentation de foie gras à Cologne. Des élus socialistes du Sud-Ouest poussent des cris d’orfraies et s’alignent sur la position de CNPT. Une colonie de députés expriment par voie de questions parlementaires leur profonde préoccupation face à cette interdiction intolérable…
La France produit et consomme les 3/4 du foie gras mondial. Le marché allemand représente moins de 0.5% de la consommation…
Pourtant en France aussi le gavage est contesté
Selon un sondage CSA effectué en novembre 2009, 63% des Français estiment que le gavage pour la production de foie gras fait souffrir les oies et canards et 44% sont favorables à l’interdiction du gavage.
→Le sondage ‘foie gras’ en détails
Une entorse au droit européen ?
Tel est l’argument invoqué, entre autres, par Pierre Lellouche pour condamner la décision d’ANUGA. L214 tient à rappeler :
- que la libre circulation des marchandises dans les pays de l’Union européenne n’a rien à voir avec une obligation pour des organismes commerciaux de droit privé de vendre ou d’exposer toute denrée en provenance de l’UE ;
- que le gavage est interdit par la législation nationale de la majorité des pays de l’Union ;
- que le gavage contrevient à une disposition de la directive européenne de 1998 de protection des animaux dans les élevages qui stipule que « aucun animal n’est alimenté ou abreuvé de telle sorte qu’il en résulte des souffrances ou des dommages inutiles ».
- que le gavage est simplement toléré en Europe, et ce uniquement dans les pays où il est déjà pratiqué, de façon transitoire, sous réserve que ces pays effectuent des recherches permettant à terme de produire du foie gras sans gaver (article 24 de la Recommandation européenne du 22 juin 1999 concernant les canard utilisés pour la production de foie gras).
- que l’immense majorité du foie gras produit en France provient de canards gavés dans de minuscules cages individuelles, alors que l’usage de ces cages est interdit dans l’Union européenne depuis le 1er janvier 2011.
Les gesticulations du gouvernement français en appelant au droit européen sont risibles… et sinistres, sachant qu’il s’agit de garantir à toute force des débouchés aux foies d’animaux encagés rendus délibérément malades par la suralimentation forcée.
→Plus d’information sur www.stopgavage.com
Presse :
Sébastien Arsac : 06 17 42 96 84
Brigitte Gothière : 06 20 03 32 66