Le 27/04/2015
Oeufs de batterie en France : la grande distribution commence à dire stop
Le groupe Schiever a pris la décision de faire disparaître les œufs de batterie de tous ses supermarchés (Atac, Bi1 et Maximarché) soit plus de 115 magasins en France. Dans une récente communication avec l’association L214, qui mène campagne contre l’élevage en cage, l’enseigne a indiqué avoir cessé toute vente d’oeufs coquille de code 3 (poules en cages). Ainsi, Schiever devient le premier groupe français à prendre un tel engagement contre l’élevage en batterie de poules pondeuses.
En excluant tous les oeufs de batterie de ses rayons, Schiever va donc plus loin que Monoprix, qui s’était engagé en avril 2013 à ne plus commercialiser d’oeufs de poules élevées en cage, mais sous sa marque de distributeur uniquement.
L214 se réjouit de cet engagement qui tend enfin à combler le retard du marché français sur de nombreux pays d’Europe, où l’élevage des poules en batterie est soit interdit, comme en Autriche ou en Suède, soit non désiré dans les supermarchés depuis plusieurs années, comme en Belgique, en Allemagne ou aux Pays-Bas. En France, 69% des poules sont élevées en cages, un chiffre de 10 points supérieur à la moyenne européenne.
Brigitte Gothière, co-fondatrice de L214, salue “une mesure remarquable qu’il est temps de voir adoptée par les majors de la grande distribution. Notre association a démontré par ses enquêtes que les poules en cages sont maintenues dans des conditions exécrables, indignes d’une société qui prend la sensibilité des animaux au sérieux.”
Par ailleurs, suite à un courrier de L214, le groupe belge Colruyt, implanté en France avec une cinquantaine de supermarchés, a également décidé que les œufs de poules élevées en cages ne seraient plus commercialisés dans ses rayons.
Selon un sondage OpinionWay, 84% des Français sont favorables à ce que les supermarchés en France cessent de vendre des œufs issus des poules élevées en batterie.
→ Sondage sur les conditions d’élevage en France
*Ces décisions concernent les rayons oeufs des supermarchés. Elles ne concernent pas les oeufs utilisés dans les plats préparés et les pâtisseries.
La France rattrape peu à peu son retard sur le reste de l’Europe
Dans plusieurs pays d’Europe, il est de plus en plus rare de trouver des œufs de poules élevées en cage. Les oeufs issus de ce type d’élevages ont par exemple totalement disparu de la grande distribution en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas. En France, après les hôtels Novotel, bannissant dès 2010 les oeufs de batterie de leurs petits déjeuners, la chaîne de magasins Monoprix supprimant en 2013 ce type d’oeufs de sa marque propre, Schiever et Colruyt marquent un pas supplémentaire dans la prise en compte des conditions d’élevage.
Sur cette question, les Français nous l’avons vu, sont quasi unanimes. 90% sont défavorables aux élevages qui concentrent les animaux dans des bâtiments fermés sans leur laisser d’accès à l’extérieur et 84% sont favorables à ce que les supermarchés en France cessent de vendre des œufs issus des poules élevées en batterie.
→ Distributeurs ayant banni les oeufs de batterie en Europe
La politique française à contre-courant
Aucun doute, l’étau se resserre sur l’élevage des poules en batterie : la majorité des Français y sont opposés, plusieurs associations dénoncent ce type d’élevages avec force et de plus en plus d’enseignes cessent d’en vendre. Pourtant, le ministre de l’Agriculture et le gouvernement soutiennent l’industrialisation de l’élevage en favorisant notamment l’installation et l’extension d’hyper-exploitations, qui prolifèrent de manière inquiétante dans notre pays, comme en témoigne la carte de l’industrialisation de l’agriculture dévoilée par la confédération paysanne.